observation
parfois je veux prendre un grand bain de prose. dans
la bibliothèque choisir le livre idoine, le goûter comme
avec sa main l’eau de la piscine. il y a des langages qui
nécessitent de s’acclimater, de passer le lexique à sa nuque,
à sa taille, - eau froide -, de persévérer avant de pouvoir
y nager sans efforts. d’autres vous accueillent sans manières,
comme l’ami longtemps quitté. on s’y sent, par miracle,
immédiatement bien chaussé. je ne sais pas à quoi c’est dû.
ce n’est pas seulement affaire de goût: parfois, ce qu’on aime
vous tient à distance, se refuse à vous. et lève
tout un pays de neige.
semblablement, le matin, il arrive qu'un clignement
d’yeux vers le ciel témoigne de notre parenté.
on projette son corps dans la journée sans la goûter
au préalable. alors tout est facile. l’air clair et transparent
est aussi celui des airs de famille. la lumière pénètre
les objets comme dans le beurre de l’esprit.
la profondeur de l’atmosphère égale celle des miroirs.
quelques mouvements de brasse vous emmènent
jusque dans l’après-midi. puis on étend son corps
sur les pinces-à-linge d’une somnolence où regarder
s’écouler tout ce qu’on a fait, tout ce qu’on a dit. ainsi je lis
elias canetti
la bibliothèque choisir le livre idoine, le goûter comme
avec sa main l’eau de la piscine. il y a des langages qui
nécessitent de s’acclimater, de passer le lexique à sa nuque,
à sa taille, - eau froide -, de persévérer avant de pouvoir
y nager sans efforts. d’autres vous accueillent sans manières,
comme l’ami longtemps quitté. on s’y sent, par miracle,
immédiatement bien chaussé. je ne sais pas à quoi c’est dû.
ce n’est pas seulement affaire de goût: parfois, ce qu’on aime
vous tient à distance, se refuse à vous. et lève
tout un pays de neige.
semblablement, le matin, il arrive qu'un clignement
d’yeux vers le ciel témoigne de notre parenté.
on projette son corps dans la journée sans la goûter
au préalable. alors tout est facile. l’air clair et transparent
est aussi celui des airs de famille. la lumière pénètre
les objets comme dans le beurre de l’esprit.
la profondeur de l’atmosphère égale celle des miroirs.
quelques mouvements de brasse vous emmènent
jusque dans l’après-midi. puis on étend son corps
sur les pinces-à-linge d’une somnolence où regarder
s’écouler tout ce qu’on a fait, tout ce qu’on a dit. ainsi je lis
elias canetti