UN CHEVAL
UN CHEVALLes fondations du pont qu’on n’a jamais construit
jaillissent de terre comme un appel
Des mèches d’herbe salée avancent dans la mer
L’azur bas
l’horizon qui fait plisser les yeux
et le soleil carillon de l’espace
les touristes
petites taches noires qu’on déplace dans le vert
Je veux grimper sur tes épaules pour voir l’Amérique
Les mouettes se taisent
L’oiseau georgebleue trace un trait
On est nulle part parce que partout
sur la pointe de la baie
Des enfants sautillent sur les ruines du pont
Je deviens racine
ou salamandre pour qu’on me piétine
Ils ont rangé leur quatre quatre sur le parking
Le sable grille les chairs humaines
Des câbles d’acier sortent du béton
Immensité étouffante qui vous rend muet
L’Amérique est de l’autre côté
ses voix que rapporte le vent
et l’obione ici qui ne sait pas relevée depuis la tornade
On entend que nos rêves là
Alors on se tient par le bras pour ne pas être emporté
A travers les canisses les gros yeux de la mer nous regardent
Aucune photo ne sait rien contenir même pas la mémoire
J’enfourche un cheval qui n’existe pas
à part son hennissement que je fais mien
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