VI
toute la beauté du monde sur ton corps déposéeà ton cou un chien tranquille à tes pieds un ange heureux
à tes lèvres un amour flou coupé en deux
à ton ventre un songe dangereux
je t’aime tant que souvent tu me visites
la nuit
sans bruit
tu t’insères dans mes rêves et je hais me réveiller
car me réveiller c’est te quitter je pleure alors sur l’oreiller
dans mes rêves j’ai des enfants de toi
dans mes rêves on s’est jamais quitté dans mes rêves des étoiles
des parfums des couleurs des peaux nues des oiseaux
des pinceaux de la mousse et des fées des reflets assez beaux
et puis des temples et des mots
à foison de partout des idées des amours et des fleurs qui s’époumonent
tout est bruissements tout est présence chansons pauvres qui résonnent
et si je te traite de pétasse c’est par obligation pour que tu me raisonnes
viennes un peu dans mon sommeil c’est pour avoir l’occasion de te dire pardon
je ne sais pas écrire amour sans l’entourer de lierre de ronces de chardons
la pureté m’attaque comme un zona suis terrifié quand désir fuit
car si tu existes dans le réel comment puis-je te rêver la nuit
je veux te penser comme il faut te dessiner marquer tes ombres et par touches
te peindre sans les teintes de l’insulte ou du dédain et lorsque je me couche
tu es là et on ne baise jamais et l’enfant que tu expulses meurt toujours deux jours après
contre moi dans mes bras dans mes mains qui ne savent pas tenir un nouveau-né
tout explose alors tout meurt en moi et mes cris de désespoir n’ont la force que d’un soupir
la faiblesse a muré mes gueulantes je hurle tout bas la mort de mon empire
je suis le génie sans la classe le haut poète aux dents jaunies
et qu’on vient voir quand ça va pas le haut paumé roi du déni
mais la nuit mais la nuit mais la nuit mais la nuit
tout est soudain beaucoup plus clair et le jour pleure le visage pressé contre mon torse
et tu as mis ta plus belle robe et je t’entoure de mes bras et alors seulement j’ai la force
de dire je t’aime sans saloperies de te parler idylle éternité musique et angelots
puis le jour quitte mes bras réalité te déloge et me revoilà salaud
et la beauté m’échappe et plus rien ne me console
au matin je suis amer tu n’as jamais existé ne vois plus des anges que leurs canines
je saigne et tu t’envoles et je sais que tu n’as plus besoin de moi
je te perds chaque matin comme on oublie qu’on a aimé
à peine accroché
à la réalité du jour
et je veux sombrer dans mon rêve avec toi m'endormir pour toujours
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