scène de film pour adolescents

c'est une jeune fille romantique : chaque matin la voilà éclose pour les jeux hasardeux de la romance et de l’amour. chaque matin la voilà parée de la robe que la nature lui a faite, sa peau, lisse et souple comme un habit neuf. elle se regarde dans le miroir et humidifie ses yeux, hydrate sa peau. son nez repose sur son visage avec le même angle que la nuque du dormeur sur l'oreiller, un angle de douceur. sa bouche dessine une virgule sur son visage, qui fait la respiration de cette phrase. et ses yeux, après s'être regardés dans le miroir, s’ouvrent sur le monde sans crainte. c'est une jeune fille romantique. ce soir elle ira danser toute la nuit. elle ne le sait pas encore, mais ce soir elle trouvera l’amour. ce garçon, longtemps convoité, enfin, son corps, contre le sien, rapprochement impromptu, au déclenchement impromptu, mais tant cherché, tant désiré, entre ces deux corps, tous ces regards, et cette façon de ne pas regarder qui regarde encore, cette façon de regarder qui dit : vois comme je te regarde, comme je ne peux pas m’empêcher de te voir, de remplir mes yeux de ton corps. et une fois dans le club, les regards se mêlent à la pénombre, au clignotement des lumières vertes et rouges, des stroboscopes, on ne sait plus si les autres ont des yeux, si un regard peut se croiser, ou si voir un corps devient comme croiser un regard, et cette façon de regarder le corps de l’autre qui est encore une façon de dévisager. elle ne le sait pas, mais son corps le réalise. dans le club, le DJ met « we found love » de rihanna ft. calvin harris. et son regard croise celui du garçon. on ne sait quelle étincelle, quel jour se lève dans leurs regards, dans leurs corps, mais ils comprennent. ils ne se rapprochent pas, mais dansent l’un vers l’autre, aimantés l’un vers l’autre, mais sans se faire face, sans se rapprocher, ils comprennent. et ils se rapprochent subrepticement, comme des somnambules, parce que leurs pas, naturellement, dans les courants de la foule qui danse, si semblable à ceux de la marée, les mènent l’un vers l’autre. ses yeux se lèvent sur le garçon comme sur le miroir, le matin, lorsqu’elle fixe le monde sans crainte. dans la chanson, le pont laisse progressivement place, une ultime fois, au refrain, annoncé avec une intensité entêtante, monté progressivement comme l’ivresse du vin. ils se regardent, et ils comprennent. ils s’approchent, s’embrassent dans le club. dans le club, rihanna chante avec calvin harris: we found love in this place.