Hall de gare
Deuxième jour de confinement
Dans le hall de la gare quasi désert
Le vieux roumain et sa béquille
Fait la manche
Je lui file ma mitraille
Une poignée de pièces
Même pas deux euros
Et tandis qu'au distributeur Selecta
Il aborde une meuf
La vieille salope qui bosse chez Paul
Qui vient de me vendre deux pains au chocolat
À un euro quarante-cinq chacun
Lui gueule dessus avec sa voix de crécelle
Avec sa voix de si tu finis pas tes légumes t'auras pas de dessert
Avec sa voix de passe ton bac d'abord
Avec sa voix de je klaxonne a réveiller les morts si tu démarres pas assez vite quand le feu passe au vert
Avec sa voix d'ils nous font chier les grévistes qui nous prennent en otages
Avec sa voix d'appelez-moi le patron ma viande n'est pas assez cuite
Si vous n'avez pas d'attestation il faut partir !
Attestation ?
No ?
Partir !
Le vieux roumain la regarde
Comme si dans la porcherie de son grand-père
Les animaux soudain
Se mettaient à parler
S'assied sur un banc
Appuyé sur sa béquille
Regarde le hall quasi désert
Se dit sans doute que la journée sera très longue
Cinq minutes plus tard
Il déambule à nouveau
Me croise
Me redemande des pièces
Ne me reconnaît pas
N'a pas l'air de me croire quand je lui dit que je lui ai déjà tout donné
S'éloigne déçu
Trainant la patte
Accroché à sa béquille comme un patriarche déglingué
Se disant peut-être
Qu'entre les méchants et les menteurs
La journée sera bien longue
Dans le hall de la gare quasi désert
Le vieux roumain et sa béquille
Fait la manche
Je lui file ma mitraille
Une poignée de pièces
Même pas deux euros
Et tandis qu'au distributeur Selecta
Il aborde une meuf
La vieille salope qui bosse chez Paul
Qui vient de me vendre deux pains au chocolat
À un euro quarante-cinq chacun
Lui gueule dessus avec sa voix de crécelle
Avec sa voix de si tu finis pas tes légumes t'auras pas de dessert
Avec sa voix de passe ton bac d'abord
Avec sa voix de je klaxonne a réveiller les morts si tu démarres pas assez vite quand le feu passe au vert
Avec sa voix d'ils nous font chier les grévistes qui nous prennent en otages
Avec sa voix d'appelez-moi le patron ma viande n'est pas assez cuite
Si vous n'avez pas d'attestation il faut partir !
Attestation ?
No ?
Partir !
Le vieux roumain la regarde
Comme si dans la porcherie de son grand-père
Les animaux soudain
Se mettaient à parler
S'assied sur un banc
Appuyé sur sa béquille
Regarde le hall quasi désert
Se dit sans doute que la journée sera très longue
Cinq minutes plus tard
Il déambule à nouveau
Me croise
Me redemande des pièces
Ne me reconnaît pas
N'a pas l'air de me croire quand je lui dit que je lui ai déjà tout donné
S'éloigne déçu
Trainant la patte
Accroché à sa béquille comme un patriarche déglingué
Se disant peut-être
Qu'entre les méchants et les menteurs
La journée sera bien longue