PEAU NEUVE

par Périscope @, mardi 10 novembre 2020, 10:09 (il y a 1235 jours)

PEAU NEUVE

Le champagne bulle dans les coupes
Les bûches se tortillent dans la cheminée
Froid et chaud régalent les couples
Une détonation de paroles couvre les conversations
Au mur des photos d’enfants ravissent les yeux
Canapé fauteuils reposent les corps
Les langues se délient
Les vaches tachetées broutent un pré
Un jardin entoure la maison
Dans la ravine musarde une rivière
le brouillard emmaillote les bosquets
les chevaux
au ciel les pylônes électriques

La semaine remplit le parking de voitures
Ils ont repeint la salle des fêtes en jaune serin
Le dernier le soir qui éteint ses lumières
c’est le coiffeur pour dames
On cherche longtemps avant de trouver un Monument aux Morts
La route droite qui jaillit du village
conduit au lotissement
Toujours la Foire aux Pommes embaume le mois d’octobre
et c’est au bout de la haie de thuyas que la maison se recoquille
Sur la pelouse un couple nu s’embrasse l’été
Au bistrot des voix d’hommes s’affrontent
et le Grand Hôtel a mauvaise réputation
L’odeur de la poissonnerie se mélange à celle de la boulangerie
en face du parvis de l’église
Il existe des concours de la plus longue épluchure de pomme
La caissière de la station essence n’est pas encore licenciée


le vent d’autan fouette les plantes du désert
au milieu du peuple des cailloux
et l’oasis des yeux creuse la terre fissurée du visage

Sur le sentier on ne marche pas on s’envole
Elle s’accroche aux meubles pour naviguer dans la maison
et se tenir debout entre les murs provoque son sourire

Deux étangs rêvassent à l’abri des regards en bas dans la prairie
Le paysage humide s’installe sur le canapé
Au bout des ruelles il y a toujours un arbre pour vous accueillir

L’argent du saule tombe après la tempête
Une bière zéro alcool trône près d’une assiette fumante de légumes
Punaises lézards moucherons cherchent des fenêtres avidement

L’automne taille ses crayons de couleurs
et le fond de l’air sent le feu de bois
lui dès l’aube monsieur arpente sa journée

Une cabane à outils vidée de ses outils
les arcades des bastides rondes comme des bérets
un chat blotti sur le muret fait la gargouille
les armoires renferment le rangement
les chaises remplacent les bancs autour de la table en bois de cognassier
elle a retrouvé ses détonations de paroles comme avant
le vent disperse les arômes de cuisine
les chambres la nuit sont plus noires que la nuit
mais la pensée ne fatigue pas les yeux de voir

Les façades se nourrissent de la blonde clarté du soir

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