RACINES
RACINESHerbe fraîche et pommes acides parfument
Dans la courbe du virage on attend ton visage
La dalle de ciment n’est pas encore sèche
pour combien de temps
Elle
est là
son tronc démesuré sur ses jambes raides
Dans le ciment une trace de pied d’enfant
Avec ses papillotes dans les cheveux son œil exorbité
elle nous surveille
Un peuplier est toujours seul sur sa colline
Sur une chaise basse
ligoté
faut alors manger
Dans le virage les phares chromés d’une voiture
se font longuement attendre
On aime surtout l’ailleurs quand il n’est pas là
Faut alors manger
au bout de la table devant l’assiette
jusqu’à cinq heures de l’après midi
manger les ordres
Mais aussi des rêve de mignonnettes couchées sur le talus
leur jus de pommes rousses
Le peuplier est sous le regard de tout le monde
Les fillettes avec leurs fines tresses
dans des boites percées elles écrasent les pommes
par les trous coule un jus
Sur mon dos la ligne saignante d’un fouet
mais l’ombre des noisetiers en haut du talus
adoucit les visages
Un jour l’autre viendra avec son auto
un jour son col en fourrure ses joues de poudre de riz
un jour
Il y a un massif d’hortensias bleus au bord de la dalle
Il ne bouge pas sauf quand la brise
Sur ses jambes raides retombe son tablier sale
une rondeur obscure dessous
elle saisit alors son fouet et frappe les petits pensionnaires
On ne sait si cela est vrai
La brise souffle et fait voyager ce mal
Le rire des jeunes tresses est moqueur
devant la solitude du peuplier
et dans le ciment frais demeure une empreinte d’enfant
Par les losanges du grillage on regarde bien le ciel
et au bout de la route
des couloirs sombres
si beaux
des courants d’air glacé
des recoins aux odeurs putrides
des vitres cassées qui laissent entrevoir
la promesse d’une tendresse
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Périscope,
17/11/2020, 11:22
- RACINES - sobac, 17/11/2020, 11:39