fumée pensive - 9

par c. @, dimanche 22 novembre 2020, 22:55 (il y a 1312 jours)

» comme « tu es une forêt » résonnent les forêts

et comme résonnent nos "forêts" d’êtres «












arbre de sang

arbre

des nerfs

forêt vive

des branches du coeur

jusqu’à la conopée neurale

tu scintilles

sans jamais le percevoir

tu regardes

fascinés

les arbres accrochés

au ciel

et ta forêt

vive épouse

les entrelacs et les interstices

dans l’éclat mouvant les ombres dansantes

aux caprices des vents ou ceux de la mémoire






tu alignes ton tronc au corps de l’arbre

et tu plonges

dans ses feuillages

où soudain ta pensée respire

et s’expand

lentement

très lentement

et ton regard glisse et revient

aux mouvements autour

des êtres debout sous les arbres

et tu vois autant de forêts que d’êtres

autant d’êtres que de forêts

arbres de chairs et toi tout pareil

accolé au corps dru d’un siècle ou deux






dans les bruissements et les murmures

tu fermes les yeux

et tu vois apparaître des siècles d’êtres

des forêts entières de vies de sang de coeurs pulsants

encordés de corps donné

et ces forêts entourées d’arbres dressés de millénaires

tes yeux s’ouvrent

tu souris

car tu es le bruissement et le murmure








*





« avant nous ne savions pas que

nous étions des arbres vivants,

ou des arbres qui marchent et parlent

nous nous pensions si stupidement seuls

mi-animaux ou mi-humains et

stupidement nous abattions des vies de chairs

et des arbres à tour de bras

nous tuions toutes les créatures qui respirent

stupidement, jusqu’à l’extinction »













*



à dh — anaphore

:



tu respires largement

dans l’arbre double de tes poumons

dans l’arbre de ton corps debout vibrant

dans l’arbre que dessine ton sang

dans l’arbre que dessinent tes nerfs

dans l’arbre de tes mémoires et souvenirs

dans l’arbre de tes apprentissages

dans l’arbre de toute ta pensėe

dans l’arbre caché de ta psyché

dans l’arbre des mères de ta mère, et leurs mères

dans l’arbre des pères de ton père, et leurs pēres

dans l’arbre de toutes les espèces du vivant

dans l’arbre du temps et de la vie

tu respires longuement

et tu n’y penses même pas











*


un jour nous réaliserons
que nos forêts d’êtres sont si nombreuses
qu’elles étouffent la Terre, la vie,
par inconscience d’elles.

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