TREMBLE

par Périscope @, lundi 04 janvier 2021, 10:00 (il y a 1418 jours)

TREMBLE

Vent de poussières étouffe la gorge
Rues désertes luisantes de pluie dans la citadelle
à minuit
Dès le réveil les habitudes inhabituelles deviennent
Je pense au platane secoué dans un rai de spot
Au ventre me tourne un disque de plomb
L’ombre ubuesque des arbres sur la muraille s’agitant
Le matin impatient veut déjà être ce soir
L’eau envoie sa douche de perles sur les pores endormis
et des tirades en mémoire se ratatinent de peur
le noyau des mots devra germer ce soir
Attendre
L’épiderme ouvre son bec pour gober chaque minute
Portières carlingues dossiers conduisent la journée
aux franges de la nuit
Un astre au nœud de feu aveuglant
Aucune parole aujourd’hui n’est dans son linge
elle est nue farouche se réserve pour un crépuscule chantant
Ce qui est voisin s’écarte
des bras de fer glissent leur lave dans ceux de la tendresse
que les parois de ronces
qu’une cage aux ergots de griffes
s’ouvrent quand le rideau de pourpre se lève
L’avant se prépare
Tout est chiffon guenille charpie
avant que le théâtre nous habille
Ne rien oublier de ce qui a été appris
apprendre à ne plus se rappeler
se rappeler de ne plus rien savoir
Maintenant voici que voyage la parole des commencements
le souffle des yeux qui écoutent
des sourires jetés sur la mort
des doigts tombent les bagues
le ciel défait les chevelures d’un revers de comète
le temps suspend les rafales
métaphysique élastique
il sculpte le saltimbanque
au pied des arbres qu’on ne peut pas abattre
il amalgame pour une séance l’érémiste et l’argenteux
dessine aux lèvres des enfants un cerceau de lumière
pour un poème un petit poème dit
plus rien ne tremble là
seul un vieux chien clopine dans les rangs
il entend la musique

Et après on va dormir à minuit
quand tout a été délivré
chaque virgule de sang exsudé
on franchit le pont qui conduit aux étoiles bleues

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