Philippe Jaccottet nous a quitté
il est temps de relire son oeuvre
il est temps de relire son oeuvre
Denis H!
par ., vendredi 26 février 2021, 18:59 (il y a 1367 jours) @ .
- pas de texte -
Denis H!
par sobac, dimanche 28 février 2021, 13:37 (il y a 1365 jours) @ .
Des femmes crient dans la poussière.
Car chanter, comment chanterait-on sous ces pierres friables?
La ville avec ses bruits, ses grottes, sa clarté, n'est qu'un des noms pour ces grands empires de sable dont le dernier commerce est d'ombre et de lumière.
Mais toujours, sur ces gouffres d'eau, luit l'éphémère...
Et c'est la chose que je voudrais maintenant
pouvoir dire, comme si, malgré les apparences,
il m'importait qu'elle fût dite, négligeant
toute beauté et toute gloire : qui avance
dans la poussière n'a que son souffle pour tout bien,
pour toute force qu'un langage peu certain.
Toiles, bois, pierres humides, pays poursuivi par l'eau, comme la femme nocturne, la beauté pluvieuse et chaude.
Forêt marine à l'aurore, touffue et trempée de vent, j'entre et je suffoque en toi.
Paresseuse comme l'huile, mais l'huile devient lueur, brûle, murmure, jubile dans la veilleuse en sueur.
Où serez-vous quand agira la mo
lune aussi belle qu'un soleil
qui rouliez vers le bois marin,
oiseaux levés tous ensemble,
beaux ouvriers de l'aurore?
Et toi, où seras-tu qu'ils éveillaient à peine,
à nulle chose de ce monde comparable'
sinon précisément à cette clarté grandissante,
où seras-tu, petit jour?
Pas seulement alors, mais déjà maintenant vous n'êtes plus que cette voix trop faible, que ces paroles toujours vagues.
O l'étincelant amour !
Il n'est bientôt plus que l'appel
que se lancent les séparés.
(Ainsi toute réalité
dans le cœur où la mort s'affaire
devient cri, murmure ou larme.)
Alouette, étoile en plein jour, avant qu'il ne soit trop tard, avant que j'en aie fini avec ces choses très claires, puissiez-vous me conduire encore jusqu'au seuil d'une telle nuit.
Car chanter, comment chanterait-on sous ces pierres friables?
La ville avec ses bruits, ses grottes, sa clarté, n'est qu'un des noms pour ces grands empires de sable dont le dernier commerce est d'ombre et de lumière.
Mais toujours, sur ces gouffres d'eau, luit l'éphémère...
Et c'est la chose que je voudrais maintenant
pouvoir dire, comme si, malgré les apparences,
il m'importait qu'elle fût dite, négligeant
toute beauté et toute gloire : qui avance
dans la poussière n'a que son souffle pour tout bien,
pour toute force qu'un langage peu certain.
Toiles, bois, pierres humides, pays poursuivi par l'eau, comme la femme nocturne, la beauté pluvieuse et chaude.
Forêt marine à l'aurore, touffue et trempée de vent, j'entre et je suffoque en toi.
Paresseuse comme l'huile, mais l'huile devient lueur, brûle, murmure, jubile dans la veilleuse en sueur.
Où serez-vous quand agira la mo
lune aussi belle qu'un soleil
qui rouliez vers le bois marin,
oiseaux levés tous ensemble,
beaux ouvriers de l'aurore?
Et toi, où seras-tu qu'ils éveillaient à peine,
à nulle chose de ce monde comparable'
sinon précisément à cette clarté grandissante,
où seras-tu, petit jour?
Pas seulement alors, mais déjà maintenant vous n'êtes plus que cette voix trop faible, que ces paroles toujours vagues.
O l'étincelant amour !
Il n'est bientôt plus que l'appel
que se lancent les séparés.
(Ainsi toute réalité
dans le cœur où la mort s'affaire
devient cri, murmure ou larme.)
Alouette, étoile en plein jour, avant qu'il ne soit trop tard, avant que j'en aie fini avec ces choses très claires, puissiez-vous me conduire encore jusqu'au seuil d'une telle nuit.