nuit
par c. it, vendredi 16 janvier 2015, 21:01 (il y a 3601 jours)
deviens
la nuit de ta nuit
la chair de ce qui n'est pas encore
l'os de ton rêve
le jour est une trahison
qui enveloppe d'exosquelettes froids
a briser contre
tous les murs d'inconsciences
nuit
par zeio , vendredi 16 janvier 2015, 22:29 (il y a 3601 jours) @ c. it
Les moires de Goya
issu de la nuit
par Claire , samedi 17 janvier 2015, 11:23 (il y a 3601 jours) @ zeio
Il y avait aussi, dans un autre endroit de la même ville, un homme que j’aimais. Le rêve était étrange parce qu’à la fois je devais l’épouser, lui faire rencontrer mes parents, et pourtant cet amour était clandestin. Donc j’allais le voir, il vivait dans une sorte de chambre où le lit prenait toute la place. Une pièce qui elle aussi semblait comme une cache, presqu’un squat, assez grise. De temps en temps il venait avec moi, on traversait la ville, en bus peut-être. On était assis côte à côte, découvrant la ville à travers les vitres.
Il était venu avec moi aussi dans le parc où se tenait ce rassemblement médical, bien que n’étant pas médecin. Il était très silencieux. A moment donné, je me rendais compte qu’un des participants, un des gens qui avaient organisé le congrès, avait prévu de nous faire prendre à tous un médicament (c’était liquide, rose foncé) composé de plusieurs molécules, soigneusement dosées. Je commençais à protester, à rassembler d’autres réticents avec moi, disant : « Nous sommes tous différents et nous ne sommes pas malades, qu’est-ce que c’est que cette idée stupide ? ». Le médecin, debout devant un petit stand, son gobelet à la main, disait : « C’est pour prévenir les maladies, c’est adapté à tous ».
Mais je sentais que j’étais en train de rassembler la majorité des gens, et que ça ne se ferait pas.
issu de la nuit
par kel, samedi 17 janvier 2015, 11:51 (il y a 3601 jours) @ Claire
issu de la nuit
par zeio , mardi 20 janvier 2015, 03:22 (il y a 3598 jours) @ Claire
issu de la nuit
par zeio , mardi 20 janvier 2015, 03:33 (il y a 3598 jours) @ zeio
issu de la nuit
par zeio , mardi 20 janvier 2015, 03:35 (il y a 3598 jours) @ zeio
issu de la nuit
par Claire , mardi 20 janvier 2015, 08:46 (il y a 3598 jours) @ zeio
Si j'ai posté ce rêve (comme d'habitude en respectant exactement le rêve nocturne), à la suite du poème de Catrine c'est parce que je suis convaincue que c'est ce poème qui l'a inspiré. Disons que cette boisson, et les circonstances où elle est proposée, c'est un peu les "exosquelettes" dont il nous demande de nous libérer. Ça fait référence aussi à mon métier, la façon dont je l'envisage, et aussi je crois un peu à Charlie Hebdo.
Et l'homme, dans sa chambre squat, mais partout aussi avec moi, ce serait "l'os" du rêve.
issu de la nuit
par Claire , mardi 20 janvier 2015, 15:31 (il y a 3598 jours) @ zeio
Dans ce rêve, c'était encore l'âge de la construction, de l'apprentissage, et du coup de la contestation. L'âge où on donne des leçons aux "vrais" adultes. C'est ça le lien que je fais avec Charlie.
L'autre jour je demandais si les hommes rêvent parfois qu'ils sont des femmes...
c'est très intéressant cette question de l'identité dans les rêves.
Il me semble qu'à moment donné je voyais mon reflet dans la vitre d'un bus. Mais c'était aussi un moment où j'étais très sensible au contact corporel avec cet homme à côté. Comme un étonnement de voir nos deux visages côté à côte, et en même temps de le toucher.
Mais en tout cas, jamais on n'est aussi sûr d'être soi que dans les rêves, à travers ces différentes modalités. Un soi spectateur surtout, et libre à l'intérieur de son attention, de son regard.
issu de la nuit
par zeio, mercredi 21 janvier 2015, 02:09 (il y a 3597 jours) @ Claire
En fait, maintenant que j'y réfléchis, il me semble que je suis toujours plus jeune dans mes rêves. Plus vieux, non, je n'en ai pas le souvenir.
Plus jeune, légèrement. Il y a peut-être certaines exceptions. Un nombre conséquent de mes rêves se déroulant dans l'ancienne maison de mes parents (celle de mon père ou de ma mère, au choix), ayant habité ces maisons à un jeune âge, forcément, j'ai la sensation d'être plus jeune que je ne le suis vraiment. Il y a aussi cette absence complète de crainte sociale (surtout quand il s'agit de rêves lucides), et cette vitalité inoculée dans les rêves, et qui rappellent forcément la jeunesse. Rêve t-on parfois que nous sommes plus vieux ? Je ne sais pas... Les rêves, de toute manière sont tournés essentiellement vers le passé, ils le racontent ou le modulent...
Oui cette affaire de l'identité dans les rêves est passionnante, inépuisable.
En fait, lorsque je dis que je suis toujours moi-même dans mon rêve, c'est aussi que je considère que le rêveur, c'est moi, ça n'est jamais un autre. Quand bien même je serais une fille ou un hamster.
Un soi spectacteur, oui, et libre. Même dans les rêves lucides, nous ne devenons pas pour autant acteur, nous avons juste la possibilité de modeler le décor comme on le souhaite.
issu de la nuit
par zeio, mercredi 21 janvier 2015, 02:25 (il y a 3597 jours) @ zeio
Et c'était le coup de dès.
Prenons par exemple des avions (il y en a souvent), je tentais de loin de les faire s'écraser, pour voir si j'avais le contrôle. J'étais tout à fait conscient d'être en train de rêver, mais parfois ça marchait, d'autres fois non. Je m'y reprenais à plusieurs fois, mais rien à faire. Il existait certains rêves lucides dans lesquels je ne parvenais pas à prendre un contrôle quelconque si ce n'est pas la direction du regard à la limite. Le plus difficile, c'est de fixer le regard, et de fixer la scène, sans pour autant provoquer le réveil. L'immobilité provoque presque à coup sûr le réveil, quand elle n'est pas tout simplement le signe que le réveil est imminent. C'est pour cette raison aussi que voir son reflet dans un miroir à l'intérieur d'un rêve est rare, et cette vision suggère une certaine fixité du regard, qui ne peut avoir lieu généralement que dans les instants qui précèdent le réveil.
issu de la nuit
par Claire , mercredi 21 janvier 2015, 10:58 (il y a 3597 jours) @ zeio
Ce qui est particulier dans tes rêves lucides, c'est que tu gardes (et j'ai l'impression que tu t'y es exercé), la maîtrise du rêve. Ça contraste avec cette position de spectateur dont nous parlons tous les deux, même quand on agit. Le sentiment de liberté est lié à la fois à ce regard "distancié" et au sentiment d'être soi, pleinement présent.
issu de la nuit
par Florian, mardi 20 janvier 2015, 15:01 (il y a 3598 jours) @ Claire
issu de la nuit
par Claire , mardi 20 janvier 2015, 15:19 (il y a 3598 jours) @ Florian
"réclamer la désintégration des êtres, l'aplanissement des individualités"...c'est marrant j'avais l'impression que le rêve disait exactement l'inverse, que c'était le discours de la dame au gobelet.
mais si tu veux dire que par le biais de l'inconscient nous partageons presque toutes les mêmes expériences, là je suis plutôt d'accord.
et chercher à pacifier, oui, je le revendique. La magie qui tourne au maléfice, c'est la voie naturelle des rapports entre les humains, et il faut toujours qu'il y ait une forme de volonté pour s'y opposer, une intelligence en action.
J'essaie, mais des fois je fais le contraire, je le sais bien.
issu de la nuit
par Florian, mardi 20 janvier 2015, 15:50 (il y a 3598 jours) @ Claire
issu de la nuit
par Claire , mardi 20 janvier 2015, 15:57 (il y a 3598 jours) @ Florian
issu de la nuit
par zeio, mercredi 21 janvier 2015, 02:11 (il y a 3597 jours) @ Florian
issu de la nuit
par kel, mercredi 21 janvier 2015, 11:28 (il y a 3597 jours) @ Claire
issu de la nuit
par Claire , jeudi 22 janvier 2015, 07:41 (il y a 3596 jours) @ kel
nuit
par cat, dimanche 18 janvier 2015, 18:38 (il y a 3600 jours) @ zeio
https://m.youtube.com/watch?v=aGO2bT7yc9s
j'arrive pas à faire fonctionner le truc du menu...
nuit
par zeio , dimanche 18 janvier 2015, 20:02 (il y a 3599 jours) @ cat
Chouette j'aime beaucoup
nuit
par cat, dimanche 18 janvier 2015, 21:12 (il y a 3599 jours) @ zeio
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Les Corbeaux
Seigneur, quand froide est la prairie,
Quand dans les hameaux abattus,
Les longs angélus se sont tus...
Sur la nature défleurie
Faites s'abattre des grands cieux
Les chers corbeaux délicieux.
Armée étrange aux cris sévères,
Les vents froids attaquent vos nids !
Vous, le long des fleuves jaunis,
Sur les routes aux vieux calvaires,
Sur les fossés et sur les trous,
Dispersez-vous, ralliez-vous !
Par milliers, sur les champs de France,
Où dorment les morts d'avant-hier,
Tournoyez, n'est-ce pas, l'hiver,
Pour que chaque passant repense !
Sois donc le crieur du devoir,
0 notre funèbre oiseau noir !
Mais, saints du ciel, en haut du chêne,
Mât perdu dans le soir charmé,
Laissez les fauvettes de mai
Pour ceux qu'au fond du bois enchaîne,
Dans l'herbe d'où l'on ne peut fuir,
La défaite sans avenir.
Rimbaud
nuit
par kel, dimanche 18 janvier 2015, 21:21 (il y a 3599 jours) @ cat
Vincent Van Gogh - Champ de blé aux corbeaux
chanson de l'horizon (Ivar Ch'Vavar)
par Claire , lundi 19 janvier 2015, 09:28 (il y a 3599 jours) @ kel
vers. Les bois fuient au long, parfois
viennent par le travers. Les grandes
corneilles font souvent de même ; oi
seaux des croix, oiseaux de calvaires
(ni oies ni colverts) oh nageuses noir
es de l’air, nuageuses elles croissent
par dessus nos têtes ; par dessus nos
crânes, et crawlent par devers, croââ
croââ ! décroissent derechef ; on voit
qu’elles croisent, décroisent leurs ai
les. Quelle proie cherchent-elles ? Q
uelle proie convoite leur âcre convoi
voisant le pays qu’il va et qu’il voit ?
et le bec qui vaque à l’est et à l’oues
t, qui claque et qui broie son croââ al
erte ? Point d’interrogation. Moi, toi,
nous, camarades, et nos brodequins
crissant sur le gravier de la route étr
oite, n’avons guère que, lever la tête
à faire, et plisser les yeux ou mettre
notre main ouverte sur nos arcades
sourcilières, pour suivre les évoluti.
ons des noirs compagnons, qui par
le ciel nous suivent ou nous précèd
ent parallèles ou – croââ ! – nous
croisent perpendiculaires. Quel cou
rage nous donne cet émoi – d’avoir
au dessus de nous cette troupe sûre
, qui trace ses figures sur l’écran du
ciel tout blanc, noires – et dont l’ala
crité camarade nous baille croyance
et patience, espérance en des lende
mains qui chantent – croââ, croââ !
qu’elles reprennent ; refrain rance à
la seule ouïe des cœurs bourgeois,
des foies pourries, des maîtres à qui
nous avons déclaré la guerre, le dji
had des gueux. Corneilles et freux,
en avant ! en route pour l’anarchie !
note
par Claire , lundi 19 janvier 2015, 16:10 (il y a 3599 jours) @ Claire
note
par cat, mercredi 28 janvier 2015, 20:43 (il y a 3589 jours) @ Claire
chanson de l'horizon (Ivar Ch'Vavar)
par zeio , jeudi 29 janvier 2015, 14:34 (il y a 3589 jours) @ Claire
Intéressante à lire, peut-être une fois, deux tout au plus…
Ca reste un procédé superficiel (opinion personnelle) au fond.
Il y a bien une recherche dans les sonorités, à l’intérieur du texte en lui-même, mais qui n’ont pas de rapport avec ces coupures, qui produisent un effet visuel imposant, provoque chez le lecteur un certain plaisir antique de la symétrie, du contraste entre la quasi perfection graphique de l’ensemble, et les mots qui sont, eux, cassés. L’ensemble est droit, mais ses éléments sont morcelés…. Un peu comme une colonne faîte de pierres brisées. Et dont la beauté tient au fait qu'elle se tient parfaitement droit malgré ses composantes éclatées...
C’est un genre de « trouvaille artistique » dont l’intérêt est surtout dans la surprise et le visuel.
Ca reste ludique...
Par contre, il est clair que Ivar Ch’vavar est un poète intéressant
chanson de l'horizon (Ivar Ch'Vavar)
par cat, vendredi 30 janvier 2015, 13:55 (il y a 3588 jours) @ zeio
comme quoi la poésie souffre toujours de règles suavement étriquées, lui, c'est comme s'il disait :
"tu vas voir, je vais t'en faire une, de règle, moi! " et vlan " dans ta face" loll
mais oui, je pense que c'est un poète intéressant
chanson de l'horizon (Ivar Ch'Vavar)
par Claire, mercredi 04 février 2015, 10:41 (il y a 3583 jours) @ cat
L'humour, c'est vrai, a un rôle absolument essentiel chez lui, et l'écouter lire ce texte ou le lire soi-même en marquant les retours à la ligne donne un effet très particulier, cahotant, naïf.
Les poèmes de Ch'Vavar sont aussi une célébration de cette belle idiotie en nous. Ce n'est pas pour rien qu'il a écrit :"Cadavre-grand m'a raconté : anthologie de la poésie des fous et des crétins dans le Nord de la France" (dont les trois quarts sont des hétéronymes).