Ca va s'arranger
Ça va s’arranger
J’ai rencontré des hommes mûrs qui se sont écroulés
Toute certitude est un piège de la pensée
La verticalité des feuilles est tombée sur le sol
Ma morosité agite cette question
Mais la joie du soir illumine déjà le matin
On donne des tournevis aux hommes pour qu’ils resserrent les choses
alors que chaque exercice de joie est une station sur les rails de la mort
Les coiffeurs sont dépressifs à couper des cheveux gris toute la journée
Aujourd’hui la fin de l’été commence à pleurer sur les carreaux de la fenêtre
Mais la nuit les cerisiers sont encore en fleurs
et la main flexible des enfants frappe aux portes pour réclamer des bonbons
Les fenêtres s’ouvrent sur un bruit de torrent improbable
Sur la plage la laideur des corps obscurcit le sable
Le cri de la mort transperce les cloisons
Une présence qui ne s’exprime pas n’est plus une présence
Mais deux cheveux blancs qui se croisent se diront bonjour
Leur fardeau les rend légitimes
On ne peut se passer de fardeau sinon on s’envolerait tout de suite au ciel
Sans objectif nous sommes la proie des vagues
A la base des gencives il y a un lac inexploré que les baisers ignorent
Dans ce Paradis de la Parole le verbiage fait applaudir les ailes des anges
Toute joie doit refuser sa béquille
En nous seulement la douleur construit son mur
Les oiseaux pris d’une diarrhée printanière éclaboussent les voitures
Les décisions de l’aube fondent au soleil de midi
Solitude et société commencent avec cette même lettre tortueuse
La lumière fait exister l’ombre des ordures
Et chaque but procure l’inquiétude de ne pas l’atteindre
Nos souvenirs sont des lacs desséchés
Ah ! lorsque j’entre dans les manches de la pluie j’avance avec elle
Je réussi à ce que rien me suffise
Après la fête le silence balbutie son nouveau langage
Je préfère regarder un plafonnier que le tapis
Et si une main d’amour touche le livre on a envie de la lire
Parfois je donne des coups de règle à mon inconscient
Les emmerdements si proches il vaut mieux les voir de loin
Avant une étreinte vérifions si notre corps est bien lisse puisqu’il renferme notre âme
Les cervelles sont une tirelire et il n’est pas bon d’entendre le tintement des sous
Arrondissons les angles pour ne pas vivre dans un mauvais coin
Le nihiliste vit avec un enchaînement de convictions passagères
Dans le sommeil on revisite sa vie sans timidité
Le soir enfin on sort pour regarder le silence
Et les écrivains utilisent les mots comme les aveugles se servent de leur canne
Nettoyer les choses en les caressant est préférable
Bien sûr les gants de la liberté ne seront jamais assez grands pour celui qui lève le poing
Oui oui ce qui nous choque a le mérite de prouver qu’on existe
Voici qu’au bout d’un banc, sur le bout d’une table, un homme écrit des bouts de vie
Il reçoit toujours des fleurs d’une main cloutée
Tiens, cette nuit une petite pluie a tenu compagnie à la nuit…