haies, fleuve
C'est comme si je soulevais l’horizon, par mon avancée, mais avec une tendance à l’oubli immédiat de ce que je dépasse…non , c’est comme si l’horizon n’était pas de sa propre couleur, de la couleur du ciel au dessus de la route. C’est comme s’il était exténué, se levait, se levait, sans qu’aucun lieu n’habite encore derrière son dévoilement.
Je vais, voici plusieurs heures déjà que je m’enfonce dans cet horizon vague. De chaque côté, je le vois bien, il y a des paysages, qui s’enfuient, se dilatent, pourraient être déchiffrés, où on pourrait s’arrêter. Je m’enfonce entre eux, dans la différence qu’ils manifestent : d’un côté une grande plaine hachée de haies, qui semble par endroits fraîchement labourée (on est en octobre). De l’autre les bords du fleuve s’étirent, rendus flous par ma vitesse. Je vais vite, laissant derrière moi quelque chose qui s’était refermé depuis des années, à quoi je ne pense plus. Seul l’épuisement de cet horizon témoigne encore de ce que je fuis. Bientôt, l’horizon s’ouvrira, je regarderai d’un côté l’éclat du fleuve, de l’autre les oiseaux survolant les haies, et je saluerai la tombée du jour, le soir.