tempête noire (que ce ciel)

par catrine @, dimanche 22 janvier 2023, 18:29 (il y a 669 jours)

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nous ne sommes
tous
que ce ciel
et ce quotidien

qui peut croire encore
et s’obstiner
vole dans la poche de l’autre
le reflet d’une illusion

avoir avoir avoir

l’avide des yeux
mange
et suce
la moelle
de ses hypothèses

pouponnière de non-substance — ce règne

détruit le monde
qui se voulait Monde


*

tu déambules en enfonçant des trésors au fond
de tes poings — tu les gardes serrés pour être certain
que rien ne s’échappe — la colère est une arme à double tranchant

l’apparition métallique entre tes dents

t’en veux et tu t’en veux sans t’en faire l’aveu mais
tu craches et chaque fois que tu craches tu t’avoues :
je me crache sur le monde qui m’a crashé sur ce monde immonde

tu dis et acceptes — tu te soumets

tu fais le jeu mediocre des mediocres

tu fais la roue dans la roue du monde

tu souilles ce qui est souillé et tu te confonds

tu penses que c’est perdu d’avance

tu le cries — fort — par les épaules

dos au jour

*

tempête noire

rien — rien ne se dépose jamais rien ne se dépose jamais — rien

cendres — envolement projeté de stries carboniques — cendres

convocation — imprécation de la mort sur la mort — convocation

haine — berceaux pourris de bras pourris au coeur pourri— haine

flot — marée d’avalement jusqu’à en mourir de croire — flot

tempête noire

que rien n’échoue ni ne calme


*


je marche dans ton sillage tes nuées mentales auras d’effusions chtoniennes tourmente tourmentée sans cesse comme une ébullition maintenue sadique volontaire comme on est volontaire à ce faire du mal au nom des autres ces autres que tu insultes tout haut en marchant comme tu t’insultes par leurs bouches foisons de mots laids crus durs comme fer à jamais fantômes et chimères évanouis que tu propulses dans l’air sale déjà sale qui me passe dessus au travers qui m’entre dedans tandis que tu marches hurles exultes dans tes frayeurs et que je marche derrière toi inconnu dans l’inconnu où tu te penses et crois inconnu mais inconnu de toi que tu penses connaître sans jamais te reconnaître et tu ne sais pas mais tu t’arrêtes et je fais deux pas de côté je passe calmement je te regarde je te regarde dans les yeux je te reconnais toi je te vois entier de détresses tissées serrées je te vois de mes yeux vivants et d’eux tu te vois soudain et surpris tes yeux se voilent fuient s’enfuient et reviennent et me voient

je dis :

nous ne sommes
tous
que ce ciel


*


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