la corneille
la corneille
je reviens vers ton Nord, je viens te prévenir que le temps passe, je dis « le temps passe » je dis « je te vois dans ce temps qui passe», pour que tu le regardes passer bien en face, donc je reviens chaque fois te prévenir de la saison qui change puisque j’arrive et t’appèle, vois comme tu comptes.
depuis mon arbre, je te reconnais, je te vois passer sur le trottoir, tu sembles toujours dans le noir, je dis ton nom sans le savoir, je le somme… tu sors puis tu reviens avec un même nuage autour de toi nimbé, je te vois faire, aller, rentrer, et ce nuage semble toujours plus lourd que le manteau sombre du soir.
je dis ton nom et invoque un esprit fantôme afin qu’un message passe, je dis : un espace : du vent : de l’air : la branche haute ployée, je dis le ciel qui ne finit pas qui ne finit pas qui ne finit pas. si tu regardes en haut, j’existe donc tu existes autant que le ciel, ainsi tu vois bien que tu n’es pas seul, car moi, oiseau, je te vois, je te nomme parmi les hommes.
ce manteau noir est le mien, celui que tu portes comme corneille, es tu oiseau? et ce nuage noir de tes humeurs n’est-ce pas aussi un manteau qui te vêt sans que tu ne puisses plus le retirer : ô comme tu me ressembles !
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