De liesse et de calme (de Frédéric Perrot pour Kelig)
Le sommeil s’est enfui par le soupirail… Fête de sous-préfecture. Buvettes, sandwichs, drapeaux, lampions. Les feux d’artifice font la chasse aux étoiles filantes. Pourquoi veulent-ils tuer le ciel ? demande l’enfant avec angoisse. Mais le vacarme du bouquet final est tel, que nul n’entend sa timide question. Puis la foule lasse se disperse mollement, par grappes, par vagues, sous le regard impavide des forces de l’ordre, dont chacun peut admirer l’équipement et les armes de guerre.
La nuit est paisible et silencieuse, comme après une défaite. Aux premières heures de l’aube, des cris se font entendre en provenance de la cave, où l’étranger en situation irrégulière a trouvé refuge. Monté sur des caisses, il secoue en hurlant les barreaux du soupirail. Le scandale est rapidement étouffé sous les gaz et les coups de matraques. Le maire interrogé par la presse locale se félicitera le lendemain de cette atmosphère de liesse et de calme, que nul incident n’est venu troubler.
Frédéric Perrot
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