J'écris des chansons

par Rod., mardi 04 novembre 2025, 10:17 (il y a 31 jours) @ Catrine

ça me touche...

J'ai fait ça récemment. Il n'y a pas encore de musique (même si j'ai une idée de la ligne de chant...)

La membrane

On se parle des choses, du monde impénétrable.
Tu dis : « c’est du solide » et tu frappes la table.
Tu crois à la durée le long de jours intacts
Moi, dans les intervalles et les pensées obliques
La pente qui dévale l’espace millimétrique
Je compte les secondes et les rend au ressac
Et sur le bois, ta main se soumet à l’impact

Je sens le tremblement qui précède le son
Dans la vibration folle
Annonçant la parole
Je voudrais te montrer ces autres dimensions
Sous les coups de boutoir des ombres à nos portes
Ce n'est pas une image
C'est le lieu du non lieu
Ce n’est pas une phrase
Un seuil, à peine mieux
Les ombres à nos portes
A l’acide, à l’eau-forte
Gravés sur la peau
Juste au bord du chaos

Tu t'agites et t'inquiètes
Tu recherches ton axe.
Moi, je vis sur la crête,
Où le vent nous désaxe
Le silence est musique
Le mouvement, statique.
La lumière se souvient parfois qu'elle est une onde.
intime mécanique
Funambule équilibre avant que tout ne tombe

Je te regarde chercher tes clés,
parler au téléphone, remplir le jour
De gestes nécessaires
Et je sens la matière de ton intention
L’épaisseur des contours
Comme en surimpression
Je sens tout le réseau dont tu deviens le nœud
Les fils qui te relient à la ville et aux cieux
noyau de fer de la planète
Pilier des voûtes imparfaites
Tu dis « c’est ça être vivant ».
C’est ça être vivant…
C’est ça être vivant

Je parle de la tranche, du fil
De l'endroit où se plient
les rebords désunis.
Ne bouge plus.

Tu sens ?
Ce n'est pas le vide.
C'est la structure.
La tension parfaite.
Le plan.

Tu respires.
Et l'univers entier ajuste son centre
D'un millième de millième
Juste au creux de ton ventre
Je te regarde respirer.
Et je vois le dessin.
Je vois l'architecture de ton souffle
qui déplace les heures.

Tu lèves les yeux.
Tu me demandes à quoi je pense.
Je souris.
Je ne pense pas.
Je suis la membrane.
J'écoute
Je suis la membrane.
J'écoute