hiver
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les ombres s'imbriquent
dans les chantiers pauvres en mémoire
la bibliothèque a brûlé
cendres dispersées aux quatre vents
comme sable dans les méandres
les textes qui s'amassent au fil des années
ce fatras inutile dont on se soulage
comme on se soulage aux latrines
films de la guerre en noir et blanc
avec pour toute musique le projecteur
bruit continu et saccadé à la fois
la place de la vie dans tout ceci
dans ce hangar sans lumière
cinéma sans spectateur
la vie et l'art ne se sont pas mélangés
les bavards qui voulaient changer les choses
ont fini de laver le sang sur leurs mains
et ont fermé leur gueules de bois
adossés aux murs nus et gris
buvant leur jus aigre dans la remise
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