lettre à m.-a.

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( il y a un moment où il faut
cesser de laisser tourner
les mots dans sa tête
et prendre le taureau par les cornes
c'est un peu triste parce qu'on perd
beaucoup de possibilités
et on n'en choisit qu'une
alors c'est une hécatombe
tout ce que j'aurais pu écrire
et qui tombe dans le non-dit quel drame )
ces dix mois depuis que je te connais
toi et tes mots tes terribles mots
qui dans leur évidence et leur simplicité
me laissent souvent
entre le ravissement et l'inquiétude
petit à petit j'ai appris
à les voir ces mots se détacher de toi
même quand souvent tu ne dis rien
j'aime tes mots et j'aime aussi
ta personne physique et tout ton corps bien-sûr
ton visage parfois indéchiffrable
je sais que tu as encore beaucoup à dire
et qu'il te faudra travailler pour cela
j'essaierai de t'aider
si cela est possible
et je respecterai aussi
ton désir de solitude
comme un désert sacré
où les scorpions se cachent à l'ombre des pierres
et tes veilles hallucinées d'oasis
quand les mots fleurissent de tes mains
accorde-moi de m'aimer sans violence
avec toute la douceur dont tu es capable
nous voulons tous éviter la souffrance
et l'ennui d'un paradis sans amour
garde-toi des émotions trop fortes
et des enthousiasmes trop faciles
que l'amour dure le temps nécessaire
à l'accomplissement
de ce qu'il y de meilleur en nous-mêmes
je t'aime
et je voudrais que notre amour
ne ressemble à aucun autre

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