tiré du carnet

par ynos, jeudi 10 juillet 2014, 19:25 (il y a 3550 jours)

Voilà vingt ans que je m’oblige à rester dans le même état, en s’inventant des petits prétextes pour avoir l’air crédible, comme si nous avions donné à notre naissance, à la reconnaissance l’existence de la vie. Nous nous efforçons d’être toujours quelqu’un en passant d’une comédie à l’autre.
J’ai bien tenté de fuir le monde des hommes, tant il m’était devenu pénible de toujours maintenir le même être agonisant. Mais alors que j’essayais de n’être plus que le spectateur de moi même, lorsque j’eus réussis à oublier mon visage où s’était forgé l’expérience d’une vie, en rejetant tout ce qui tenait en mon prénom dans ce monde pour ne plus qu’appartenir au domaine du songe ; je me suis surpris à ne plus pouvoir reprendre mon souffle comme les noyés, à chercher dans l’air la vertu de vivre et de n’y trouver qu’une nappe d’angoisse à manger.
Je me retrouvai naufragé entre le monde des hommes qui m’était désormais hors d’atteinte car j’en connaissais trop bien le goût de la fuite et le monde des cieux où se plantent les racines de mon vertige.

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