Auto-stop non stop

par kelig, jeudi 12 mars 2015, 08:25 (il y a 3547 jours)

Ne devant rien à personne
ils reposent encore maintenant sur le bas côté
se reposant avant tout comme en avant toute
à l’aventure autoroute.

Y allant à cloche pieds, pouce levé
chaussures au sol, tête déboussolée, à part âge
impatients, donnant des coups de pied aux panneaux
arrosant les fossés
à la balustrade champêtre

plus loin tout seul comme un con
au requiem de ta raison
pensant s'en fiche de toute façon...

Traînant les semelles usées
crapahutant au bord des routes
abîmant leurs pieds niqués
le bac en poche trouée. Laisse couler le sable...

Sur les chemins caillouteux
accoudés aux barrières
mordant la poussière
se déroutant 
- lui enceinte de désirs à déborder les frontières
ne passant pas à travers les gouttes
recueillant quelques fleurs, idiotes, jolies, naïves
à offrir à d'hypothétiques belles à cueillir
se fanant comme un amour effeuillé
le délaisse - une impression
- tellement aime une femme
à y laisser son âme
être avec elle sur une île déserte
en un rêve pour toujours –
arrachant la chaîne en argent à son cou, jetée à la mer
ramassant à la pelle
des illusions d'irréel
pluie de larmes dégoulinantes
cascade d'un manteau du ciel.

A bout, gueulant à la lune : "Ras le bol !"
Le sac en bandoulière 
s’offrant en récital aux oiseaux
entonnant des chansons paillardes
des chants révolutionnaires
mélancolie au cœur peiné parfois plantant un majeur, rageur
dans les pots d'échappées : « égoïstes ! »

Se parlant à tue tête 
à écraser le mépris d'individualisme
la souffrance de solitude
en flot de véhicules incohérents
vocalises d'écorchées vive, rayées à force
sorties en brise de cordes à l'arrière de totos
suivant les sillons de la route
à perte de vue
à perte de vie 
se fuyant sans mobile.

Vomissant du gasoil
maudissant la police
attendant qu'un teuf-teuf stoppe sur les pinacles 
seulement ça, simplement ça
une liberté un rêve éveillé
au bout comme une femme noël à faire une surprise...

Parfois, humeur naze, cou sale, yeux hagards
chavirant entre chagrins et éclaircies
à rentrer trempé, lessivé 
gelé jusqu'à l'os
dans de jolies caisses pourries
y laissant tomber le squelette
comme à l'Ankou

sans dieu à prier
poings serrés relâchés au coeur 
- parfois ayant si peur
à être damné tel cru avec tellement de guerres au monde
jusqu'à l'intime.

Allant faire des rencontres on the road again
sympathiques chaleureuses bizarres
au vent d'une route coûte que coûte
à chercher la compagnie perdue
l’amitié envolée revenant la printemps
à casser la croûte en buvant des tasses
payés de coups à filer du blues au vague à l'âme
se perdant de vue.

Au vent cratère de la terre 
à y sentir des nervures 
en ressentant les blessures
aux pays, à la mer, à la nature en sentiers, en chantier
à travers des tracés sinueux, formes signes mystères à la main
lire des lignes de vie
poursuivant des chemins abandonnés
dans la désolation - jusqu'au merveilleux

se conduisant loin, loin, si loin
oubliant tout se souvenant tout
jusqu'à qui il suit
au bout de l’horizon on ne sait où
au fil de toiles à étoiles, à toi. 't'aime

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