À Rodrigue
par Claire, lundi 16 mars 2015, 13:11 (il y a 3543 jours)
À Rodrigue
par dh, lundi 16 mars 2015, 15:52 (il y a 3543 jours) @ Claire
il y en a un que j'aime vraiment, c'est "transfiguration".
transfiguration, par rodrigue lavallé
par dh, lundi 16 mars 2015, 15:55 (il y a 3543 jours) @ dh
que des voyages en soute
longues lignes de fuite
déportées de la main
débordées des remparts
de la nuit
ses filins d’acier
par où pendaient les astres
dans le vide nos plaies
d’où pleuvaient les distances
en ces temps là c’était
des saisons singulières entre nous
des moussons diluviennes
nos pas dans la tourbière conduisaient
vers des points de départs
inédits
pourtant
nous comptions à nos mots
leur pesant de réel
sans réclamer leur dû
que monnaie fût rendue
jamais
la dette consommée
consumées nos artères
dans les whisky les chairs
transitoires les fatigues du sexe
arraché au matin
tout ça monnaie de singe
errant sur les quais portuaires
de nos boîtes crâniennes
tout ça
pour pas un rond
semblables à nous même aujourd’hui
comme ailleurs
avec dans nos poches
pour seul bien
nos mains comme des bombes
serrant
la vérité
commentaire du poème
par dh, lundi 16 mars 2015, 16:42 (il y a 3543 jours) @ dh
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se dégage de ce poème dans sa globalité une impression de fatigue et en même temps d'endurance. et puis aussi l'idée d'une désillusion, d'un retour à la simplicité du réel après les grands rêves et cauchemars de l'histoire. non pas une poésie d'après l'histoire, mais une poésie qui engloberait l'histoire dans un ensemble cosmique plus vaste, au delà de la joie ou du désespoir. "longtemps n’avons vécu / que des voyages en soute". on sait que rl aime proust. ce premier vers s'inscrit en quelque sorte comme un double négatif de la première phrase de la recherche. le nous collectif et le thème du voyage s'opposent au je immobile et ensommeillé de proust, alors que le temps imparfait, le retour sur le passé par l'écriture est typiquement proustien. rl, en bon géomètre de l'existence, construit un univers dans lequel on verrait bien évoluer des silhouettes à la giacometti : lignes, nuit, filins, vide, distance, ces mots dessinant un paysage crépusculaire et froid, dans lequel la présence humaine semble presque accidentelle. "pourtant / nous comptions à nos mots / leur pesant de réel" souvenir d'une époque où les mots et le réel étaient comme indissolubles, bien avant que tout ce qui était directement vécu ne s'éloigne dans une représentation incertaine et menteuse. "tout ça monnaie de singe" la désespérance de s'être fait dupé, d'avoir misé sur le mauvais cheval semble remettre en question la possibilité même de continuer à vivre, mais l'existence même du poème comme témoignage d'un être-là qui malgré tout perdure et produit du sens, sa nécessité, empêche le basculement dans le nihilisme. "errant sur les quais portuaires / de nos boîtes crâniennes". on pense ici au pessimiste schopenhauer (autre influence proustienne) écrivant : "ma tête est dans le monde, mais le monde est dans ma tête." et à beckett (ombre de proust encore) : "hors crâne seul dedans" vient ensuite le moment ou le temps sort littéralement de ses gonds et bascule dans un univers statique et purement spatial :"semblables à nous même / aujourd’hui /comme ailleurs" l'aujourd'hui temporel se dissout dans l'ailleurs spatiale et éternel, le silence des espaces éternels. la fin du poème, son point d'orgue, est une une dissonance, une incertitude : "nos mains comme des bombes / serrant / la vérité". nostalgie pour une vérité quasi légendaire que l'on se refuse à oublier, mais qui n'appartient plus qu'à la mémoire, peut-être la possibilité d'une espérance
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alors rodrigue t'en dis quoi de mon com ?
par dh, lundi 16 mars 2015, 16:50 (il y a 3543 jours) @ dh
- pas de texte -
ça y est plus personne ne dit rien.
par dh, lundi 16 mars 2015, 17:41 (il y a 3543 jours) @ dh
- pas de texte -
ça y est plus personne ne dit rien.
par Claire, lundi 16 mars 2015, 21:24 (il y a 3542 jours) @ dh
ça y est plus personne ne dit rien.
par dh, lundi 16 mars 2015, 21:27 (il y a 3542 jours) @ Claire
sans precipitation
par Claire, lundi 16 mars 2015, 21:40 (il y a 3542 jours) @ dh
sans precipitation
par Rod., lundi 16 mars 2015, 22:54 (il y a 3542 jours) @ Claire
ça y est plus personne ne dit rien.
par (kelig), mardi 17 mars 2015, 10:37 (il y a 3542 jours) @ dh
http://aufildelavie.hautetfort.com/ )
alors rodrigue t'en dis quoi de mon com ?
par Rodrigue, mardi 17 mars 2015, 07:48 (il y a 3542 jours) @ dh
Bon, je me devais de répondre à un tel commentaire... D'abord, je te remercie d'être allé jeter un œil sur mes trucs qui traînent sur le net. Je trouve la démarche sympa.
Et puis il y a ce texte que tu as choisi de mettre en lumière. Et puis ce chouette commentaire. Je suis touché. Bien-sûr. Mais en même temps un peu gêné aux entournures.
Parce que ce texte, pour dire les choses clairement, je trouve qu'il casse pas trois pattes à un canard.
Je ne crois pas me tromper en disant que j'ai dû écrire ça il y a au moins deux ans, aux alentours de fin 2012-début 2013. Et je suis sûr de ne pas l'avoir relu depuis minimum un an et demi. Ça signifie qu'il a été écris à peine 6 mois après que j'ai commencé à écrire "sérieusement" et qu'il s'est passé à peu près une éternité depuis.
Tout ça pour dire que je le relis maintenant avec un regard presque extérieur, alors je vais te dire ce qui m'est venu à l'esprit en le lisant.
J'ai eu l'impression de lire un de ces très nombreux textes qu'on peut trouver sur le net ou dans certaines revues pas trop exigeantes. Un de ces textes dont on se dit qu'ils contiennent quelques qualités (2-3 jolies images, des formules bien trouvées, un bon sens du rythme...)mais qui, au bout du 5ème vers font lever un sourcil, pousser un soupir et se dire juste "à quoi bon...". A quoi bon tant de mots pour dire si peu de choses? Si c'est juste pour faire montre de savoir-faire, étalage de son sens du rythme et de l'euphonie, franchement ça sert à quoi? Parce que le fond de mon sentiment c'est qu'à ce texte, il manque l'essentiel: la chair. Je veux dire l'incarnation ou bien on peut appeler ça aussi la nécessité.
Tu as été assez bienveillant pour y trouver tout plein de sens et de références et faire donc une très chouette analyse. Tu as sans doute raison d'y voir ceci et puis cela. Mais au final, ce texte ne me touche pas. Il dit probablement un certain nombre de choses et peut évoquer des trucs intellectuels au lecteur mais il ne bouscule rien. En tout cas, chez moi en tant que lecteur, j'y vois juste un joli poème bien fabriqué mais rien qui puisse provoquer de vrais émotions du dedans, de celles dont on ne sait pas trop de quelle partie de soi elles remontent mais qui viennent à la surface rencontrer quelque chose du texte qu'on est en train de lire.
Pour moi, c'est ça la poésie. En tout cas, c'est celle que j'aime lire et que j'essaie d'écrire, vers laquelle je tend.
Voili voilou. J'ai plus parlé de mon texte que de ton commentaire. Mais ça revient peut-être au même...
(et puis il faut que je me mette au boulot...)
alors rodrigue t'en dis quoi de mon com ?
par Claire, mardi 17 mars 2015, 15:46 (il y a 3542 jours) @ Rodrigue
Je cherche la même chose que toi maintenant, ce qui nous fait sortir de notre monde, de notre identité formatée, de nos habiletés. Mais ça fait peur...et même honte.
alors rodrigue t'en dis quoi de mon com ?
par zeio , mardi 17 mars 2015, 22:58 (il y a 3541 jours) @ Claire
emporteront nos os
alors rodrigue t'en dis quoi de mon com ?
par gretel, jeudi 19 mars 2015, 00:43 (il y a 3540 jours) @ Claire
la peur je peux comprendre, mais cette honte ?
commentaire du poème
par dh, mardi 17 mars 2015, 09:18 (il y a 3542 jours) @ dh
je pense que le poète n'est pas toujours le mieux placé pour juger ce qui est bon ou pas dans son travail. tu me dis que ce poème est moyen et que tu as fait beaucoup mieux depuis... bien bien ben, tant mieux alors, mais moi ce poème il me touche et je trouve que ce serait dommage de le mettre à la corbeille ou de le classer dans les "poèmes de jeunesse". perso j'ai mis dans mon recueil des poèmes qui datent de 1999.
claire ? catrine ? un avis ?...
par dh, mardi 17 mars 2015, 09:21 (il y a 3542 jours) @ dh
- pas de texte -
commentaire du poème
par Rod., mardi 17 mars 2015, 09:46 (il y a 3542 jours) @ dh
L'écriture évolue. Ecrire fait évoluer l'écriture. Ce genre de texte a sans doute été important à un moment donné. Je veux dire, l'écrire, l'avoir écris. Mais je ne vois vraiment pas à quoi me servirait de le garder. Il s'y trouve une ou deux images que j'ai recyclé dans Hors soi. Et elles y sont bien mieux à mon avis.
Oui, je sais que tu as mis dans ton recueil des poèmes qui datent de 99...
commentaire du poème
par Rod., mardi 17 mars 2015, 10:06 (il y a 3542 jours) @ Rod.
- pas de texte -
commentaire du poème
par dh, mardi 17 mars 2015, 10:23 (il y a 3542 jours) @ Rod.
commentaire du poème
par dh, mardi 17 mars 2015, 10:25 (il y a 3542 jours) @ dh
expression de sinistre mémoire.
commentaire du poème
par Rod., mardi 17 mars 2015, 10:35 (il y a 3542 jours) @ dh
- pas de texte -
commentaire du poème
par dh, mardi 17 mars 2015, 10:46 (il y a 3542 jours) @ Rod.
commentaire du poème
par dh, mardi 17 mars 2015, 11:02 (il y a 3542 jours) @ dh
commentaire du poème
par dh, mardi 17 mars 2015, 11:04 (il y a 3542 jours) @ dh
est-ce que tu es d'accord ?
commentaire du poème
par Rod., mardi 17 mars 2015, 11:17 (il y a 3542 jours) @ dh
C'est peut-être une réaction un peu con mais je le trouve vraiment pas bon et pas du tout représentatif de ce que je fais depuis plus de 3 recueils.
(et tout soudain, je pense à Manset et à son usage du pilon (clin d'oeil à Claire)...)
Mais fais comme tu veux.
Ton commentaire est riche. Je doute que son objet intéresse quiconque mais c'est vrai que ton texte mérite sans doute d'être mis en lumière.
commentaire du poème
par dh, mardi 17 mars 2015, 11:24 (il y a 3542 jours) @ Rod.
n'oublie pas que kafka et mallarmé, entre autre, voulaient qu'on brûle tous leurs textes et papiers après leur mort...
commentaire du poème
par Rod., mardi 17 mars 2015, 11:32 (il y a 3542 jours) @ Rod.
commentaire du poème
par zeio , mardi 17 mars 2015, 13:23 (il y a 3542 jours) @ Rod.
commentaire du poème
par Rod., mardi 17 mars 2015, 13:32 (il y a 3542 jours) @ zeio
commentaire du poème
par zeio , mardi 17 mars 2015, 22:49 (il y a 3541 jours) @ Rod.
commentaire du poème
par jude, mercredi 18 mars 2015, 23:05 (il y a 3540 jours) @ Rod.
commentaire du poème
par cat, mardi 17 mars 2015, 14:04 (il y a 3542 jours) @ zeio
dh devrait commenter davantage les textes ;)
commentaire du poème
par cat, mardi 17 mars 2015, 14:09 (il y a 3542 jours) @ cat
commentaire du poème
par Rod., mardi 17 mars 2015, 11:06 (il y a 3542 jours) @ dh
commentaire du poème
par dh, mardi 17 mars 2015, 11:08 (il y a 3542 jours) @ Rod.
À Rodrigue
par Claire, mardi 17 mars 2015, 21:40 (il y a 3541 jours) @ Claire
Tu m'as donné du courage pour moi aussi.
merci.
À Rodrigue
par Rodrigue, mercredi 18 mars 2015, 08:19 (il y a 3541 jours) @ Claire
À Rodrigue
par Rodrigue., mercredi 18 mars 2015, 08:23 (il y a 3541 jours) @ Claire
Cela dit, merci infiniment.
Je sais pas si j'aurai d'autres "lectures" aussi élogieuses, alors je prends.
À Rodrigue
par Claire, mercredi 18 mars 2015, 09:27 (il y a 3541 jours) @ Rodrigue.
Je crois que s'il m'a fait tant d'effet c'est parce qu'il vient répondre pile-poil à mes questions actuelles , je veux dire sur une exploration intérieure sans concession, la recherche de la forme juste, et minimale, pour dire ce qu'on trouve et le fait que tout cela, quand c'est mené avec honnêteté, fait aussi surgir un extérieur. J'ai repensé en te lisant à une trilogie de films sur une enfance en Ecosse (j'ai oublié le nom du réalisateur et je n'ai pas le temps de chercher) où les objets, les maisons, les paysages et les gens ont une grande présence, née d'un sentiment d'isolement.
Je crois aussi que nous avons des repères esthétiques communs (Manset), et ça se sent.
Alors j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire, j'ai été profondément touchée, et je peux le dire, c'est assez rare. La poésie très souvent m'ennuie.
À Rodrigue
par Claire, mercredi 18 mars 2015, 09:57 (il y a 3541 jours) @ Claire
À Rodrigue
par Rod., mercredi 18 mars 2015, 10:46 (il y a 3541 jours) @ Claire
À Rodrigue
par lepetitpoucet, mercredi 18 mars 2015, 11:42 (il y a 3541 jours) @ Claire
À Rodrigue
par Claire, mercredi 18 mars 2015, 11:50 (il y a 3541 jours) @ lepetitpoucet
À Rodrigue
par dh, mercredi 18 mars 2015, 09:04 (il y a 3541 jours) @ Claire
c'est un des plus beaux recueils que j'aie lu>>>
le but n'est pas d'être "meilleurs" que les autres, mais d'exister dans sa propre singularité.
À Rodrigue
par Claire, mercredi 18 mars 2015, 09:27 (il y a 3541 jours) @ dh
À Rodrigue
par Rod., mercredi 18 mars 2015, 09:27 (il y a 3541 jours) @ dh
(Mais je te croyais moins relativiste...)