corps donnés

par julienb @, samedi 21 mars 2015, 19:44 (il y a 3537 jours) @ julienb

Essai de réécriture de ce poème (work in progress...)

nous serions là-bas, tu le voulais, rappelle-toi
tu disais viens, viens avec moi, je veux que tu sois là
là où je veux être, là où nous serons, dans la forme d’un corps
en creux sur le sable, bactéries dans la mer, lovés dans le présent
infinis dans l’univers, logés dans un néant, le jour pour seul horizon
le ciel déployé en nous, nuages déchus, houle en allée
vagues intérieures brisées sur la peau, nos nerfs dispersés, comme morts
nous serions si vivants, doigts entrelacés, verbe mêlé
regards joints, algues échouées, écume, lichen
nous, si près, loin de tout, plus rien

ce sentier que seule tu connais, que seuls nous suivrions, bordé de roche noire
le vent guidant nos vues, nos rêves à vif, cette possibilité d’un chemin
projetés dans le présent, errants lumineux, nous l’éprouverions
nous sentirions cela, quelque chose du dehors, l’infini par bouffées
ce que c’est, ce dedans, ce souffle blanc qui nous mène
qui nous quitte à la fin, cette respiration, comme un feu continu
contenu, cadenassé, rongeant la chair
faisant ployer les os, crisser les dents, l’appel du vide
la libre chute, le ciel renversé, la pesanteur du moment
perdre toute position dans cette course du temps, enfin happés, déplacés

traversés par la beauté, hors de tout lieu commun, s’étant soi-même quitté
nous marcherions d’un horizon à l’autre, cherchant une route
plaines et vals inscrits sur nos rétines, grèves et forêts juxtaposées
fleuves et rivages énumérés en nous, voyageurs des possibles, nomades de nous-mêmes
sans racines et sans attache, enfin libres d’être autres, sans origine et sans destination
ailleurs et maintenant, dissous dans ce là-bas qui nous voudrait vivants
détournés pour de bon, contournant les cités, emplis de vues nouvelles
la main du vent posée sur nos cheveux, désirant cela, ce bord du monde
ces lacs de solitude, ces périples abandonnés au flux, à la démesure de l’horizon
aux mers inconnues, aux îles désertes, à l’impensable des paysages
faisant halte là où se pose le ciel, dans le sillage de l’instant, aux marges du jour
s’étant retrouvés dans ce tout à fait autre, perdus

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