Le cinéma
Si l'on veut bien oublier les aspects techniques, le néophyte pourrait s'imaginer que la difficulté, lorsqu'on est acteur et réalisateur réside en la nécessité de passer de l'œil à l'écran et inversement ; d'un cerveau dédié à la manipulation distanciée au corps animal immergé dans les sensations. A vrai dire et compte tenu des circonstances, il postulerait sans doute que le circuit s'avère surtout ardu dans une direction. A savoir, quand il faut remiser les affects colorés au placard de l'intermède pour retourner à l'association machine célibataire / grises cellules. Troquer un cul chaud contre un siège en facultés supérieures, voilà qui réclame une énergie peu commune. Toutefois, ce raisonnement borné aux perceptions négligerait l'apport de Pascal ayant trait aux trois concupiscences répertoriées dans ses "pensées" : la passion de voir et de savoir, la passion des sens et de la chair, la passion de dominer. Fort était de constater que le tournage en cours conjuguait les trois libidos : sciendi, sentiendi et dominandi. L'opérateur allait donc d'une appétence à l'autre, sans jamais quitter le terrain de la sensualité. Au passage, il illustrait la formule de Godard déclarant : "le sexe, après tout, n'est jamais qu'une forme supplémentaire de cinéma".