berceuse
par Claire, mercredi 25 mars 2015, 22:46 (il y a 3533 jours)
le christ voilé comme un homme dort sur le dos
a posé une main sur le tapis l'autre sur son côté
et a tiré le drap sur son propre visage
pour doubler la protection des paupières, repose
dans le frais du marbre
et ainsi es-tu parce que tu n'es pas moi
que je ne sais rien de l'intérieur de ton sommeil
ma pensée glisse sur le drap et le relief de ton corps
comme la dernière touche du soleil couchant
dorait tout à l'heure
le haut de la casemate sur le mont Caumes
alors que je levais les yeux.
a posé une main sur le tapis l'autre sur son côté
et a tiré le drap sur son propre visage
pour doubler la protection des paupières, repose
dans le frais du marbre
et ainsi es-tu parce que tu n'es pas moi
que je ne sais rien de l'intérieur de ton sommeil
ma pensée glisse sur le drap et le relief de ton corps
comme la dernière touche du soleil couchant
dorait tout à l'heure
le haut de la casemate sur le mont Caumes
alors que je levais les yeux.
berceuse 2
par Claire, lundi 30 mars 2015, 12:12 (il y a 3529 jours) @ Claire
je tournais autour de lui et je voyais que la beauté était un baume
étendu dans la lumière égale de la mort
le fluide de la première abeille
qui tout en haut heurte la vitre
et va bientôt partir.
je tournais sur le carrelage de marbre fendillé
l'espace du rêve
avait entièrement englouti le dormeur blanc.
mais son enveloppe était là
sortie de la pierre
transparente comme une mue de cigale.
étendu dans la lumière égale de la mort
le fluide de la première abeille
qui tout en haut heurte la vitre
et va bientôt partir.
je tournais sur le carrelage de marbre fendillé
l'espace du rêve
avait entièrement englouti le dormeur blanc.
mais son enveloppe était là
sortie de la pierre
transparente comme une mue de cigale.
berceuse 3
par Claire, lundi 30 mars 2015, 12:47 (il y a 3529 jours) @ Claire
juste à côté il y a cette très belle femme
nue ou plutôt à peine voilée
qui s’appelle « la pudeur » : un portrait imaginaire de sa mère
- morte à sa naissance –
qu’a figurée le second sculpteur.
nue ou plutôt à peine voilée
qui s’appelle « la pudeur » : un portrait imaginaire de sa mère
- morte à sa naissance –
qu’a figurée le second sculpteur.
berceuse 3
par 411, lundi 30 mars 2015, 14:21 (il y a 3529 jours) @ Claire
La troisième berceuse est un régal... "la pudeur"... le portrait d'une mère inconnue. C'est vraiment très bien vu. Juste un petit détail, j'aurais bien vu "le" sculpteur à la place de "un" sculpteur: question de rythme. Et c'est plus personnel.
Les autres berceuses sont bonnes aussi au goût, il y a beaucoup de "pudeur" (c'est le mot) dans ta juste distance avec les choses. Ton écriture part des choses et les choses te parlent. Ce christ sur le dos, cette abeille qui se heurte à la vitre, ce marbres fendillés, cette mue de cigale... Tous ces détails qui affleurent s'équilibrent avec la pure réflexion poétique. La pincée de lyrisme personnel se ressent surtout dans la première berceuse, avec ce regard porté sur cette figure impénétrable, dans le "je". La seconde est plus descriptive, le regard "tourne" autour de l'enveloppe, cette fois semblable à la mue d'une cigale. L'abeille heurte la vitre. Le tragique est là, peut-être, je ne suis pas trop sûr. Quant à la troisième, eh bien "la pudeur", qui en dit peut-être sur toi, peut-être pas. Justement pudique. Tu laisses l'image, tu rends le geste au sculpteur. Et le poème est dit. Le rythme est bon. Et il n'y a pas trop d'adjectifs ! (oui je t'avais dit ça une fois)
Merci pour cette lecture.
Les autres berceuses sont bonnes aussi au goût, il y a beaucoup de "pudeur" (c'est le mot) dans ta juste distance avec les choses. Ton écriture part des choses et les choses te parlent. Ce christ sur le dos, cette abeille qui se heurte à la vitre, ce marbres fendillés, cette mue de cigale... Tous ces détails qui affleurent s'équilibrent avec la pure réflexion poétique. La pincée de lyrisme personnel se ressent surtout dans la première berceuse, avec ce regard porté sur cette figure impénétrable, dans le "je". La seconde est plus descriptive, le regard "tourne" autour de l'enveloppe, cette fois semblable à la mue d'une cigale. L'abeille heurte la vitre. Le tragique est là, peut-être, je ne suis pas trop sûr. Quant à la troisième, eh bien "la pudeur", qui en dit peut-être sur toi, peut-être pas. Justement pudique. Tu laisses l'image, tu rends le geste au sculpteur. Et le poème est dit. Le rythme est bon. Et il n'y a pas trop d'adjectifs ! (oui je t'avais dit ça une fois)
Merci pour cette lecture.
berceuse 3
par Claire, lundi 30 mars 2015, 16:31 (il y a 3529 jours) @ 411
merci, tu es bien perspicace.
ces deux sculptures se trouvent dans une chapelle à Naples, où je viens de les voir, la chapelle Sansevero...si j'ai mis "un" sculpteur c'est que ce n'est pas le même pour les deux statues, mais tu as raison, ça na va pas trop.
J'ai écrit sur ce sujet un autre texte qui est nettement moins pudique, au point que la seule solution je crois serait de le poursuivre et de l'envoyer à un éditeur, une fois terminé, "anonymement". Je ne suis pas capable de l'assumer, seulement de l'écrire.
pour compliquer (ou éclairer) encore les choses, je viens de voir il y a quelques minutes une fillette, qui chante répétitivement une chanson où il est question d'un homme qui dessine sur le sable le portrait de sa mère morte. Elle, elle a perdu la sienne quand elle avait 3 ans. Son père me dit qu'elle y pense beaucoup...alors je lui demande si elle souhaite m'en parler, ou si ça la gêne, et elle me répond que ça la gêne....je n'insiste pas.
je te parle de ça parce que c'est une des choses je voudrais saisir, dire, ces liens, ces recouvrements parfois assez sidérants, ces couches à l'intérieur de nous et ces coïncidences avec la réalité. Je trouve que c'est vraiment un des rôles de l'art.
(l'abeille n'existe pas, elle est venue dans mon esprit après "baume")
ces deux sculptures se trouvent dans une chapelle à Naples, où je viens de les voir, la chapelle Sansevero...si j'ai mis "un" sculpteur c'est que ce n'est pas le même pour les deux statues, mais tu as raison, ça na va pas trop.
J'ai écrit sur ce sujet un autre texte qui est nettement moins pudique, au point que la seule solution je crois serait de le poursuivre et de l'envoyer à un éditeur, une fois terminé, "anonymement". Je ne suis pas capable de l'assumer, seulement de l'écrire.
pour compliquer (ou éclairer) encore les choses, je viens de voir il y a quelques minutes une fillette, qui chante répétitivement une chanson où il est question d'un homme qui dessine sur le sable le portrait de sa mère morte. Elle, elle a perdu la sienne quand elle avait 3 ans. Son père me dit qu'elle y pense beaucoup...alors je lui demande si elle souhaite m'en parler, ou si ça la gêne, et elle me répond que ça la gêne....je n'insiste pas.
je te parle de ça parce que c'est une des choses je voudrais saisir, dire, ces liens, ces recouvrements parfois assez sidérants, ces couches à l'intérieur de nous et ces coïncidences avec la réalité. Je trouve que c'est vraiment un des rôles de l'art.
(l'abeille n'existe pas, elle est venue dans mon esprit après "baume")
les deux statues
par Claire, lundi 30 mars 2015, 16:33 (il y a 3529 jours) @ 411
les deux statues
par (kelig), lundi 30 mars 2015, 20:39 (il y a 3528 jours) @ Claire
une pudeur érotique dis donc.
les deux statues
par Claire, lundi 30 mars 2015, 21:21 (il y a 3528 jours) @ (kelig)
eh oui....et sa mère (imaginée) en plus...mais il était un homme adulte quand il l'a sculptée.
C'est surtout le visage qui est voilé, c'est beau tout ça.
C'est surtout le visage qui est voilé, c'est beau tout ça.