motus

par julienb @, jeudi 02 avril 2015, 23:55 (il y a 3525 jours)

J’arrive
M’empêtre dans les plis du tapis
Ma bouche bute sur les mots
Silence
Bégaiements
Je. J’ai. Je suis. Je crois. Je veux. J’ignore. J’ai peur
Ce mur de l’oubli, de la parole, de ce que je suis
S’y cogner, foncer dedans
Se heurter à soi-même
Se savoir en soi-même enfermé
Ce mur de verre lisse qu’une parole d’accidents et d’aspérités prétend entamer
Mes mains aveugles y cherchent une brèche
Je respire mal
Divague
Idées et images se heurtent
Une scolopendre est venue troubler mes rêves
Monstrueux fossile d’un lointain quelconque
Des marches du connu

J’ai traversé le Styx sans frémir
Bien obligé
Pourtant mon cœur s’emballe au seuil de la porte
Je sue à grosses gouttes
Vertige et tremblements
Souffle court
Me pétrifie

En liquide de préférence
Des litres et des litres s’échappent de mes tripes en flux continu
Entrailles brûlantes
Cortège de spasmes, raidissements, durcissements, usures, brûlures, lancinements
Narcisse inversé affolé par son reflet aperçu au détour du chemin dans une mare de boue
Installez-vous à votre aise
Si je savais comment on s’installe, je ne serais pas là
Vous ? Connais pas.
A l’aise ? Jamais su.
Pourquoi commencer par la fin ?
Installé, vous, à l’aise

La muraille lisse
Les mots l’érodent, j’ai bien compris
La lisent
Qu’en reste-t-il ensuite ?
Dans l’ordre : la peur, la souffrance, le vide, l’impossible
L’immense solitude, toujours
Je suis sorti, et à présent je voudrais rentrer
Fuir dans l’autre sens
Je cherche un dehors plus intime que ce dedans dont je suis exclu
Piètre désert intérieur
Rêves et illusions tiennent en vain
Sont pour cela mis à mal
Et une fois la muraille mise à bas ?
D’autres lamentations, plus lamentables encore

Je reviens
Le sol se dérobe sous mes pieds
La terre s’ouvre pour m’engloutir
Je tombe
La parole s’éteint, pas un cri, je me tais
J’attends
Mort ou vif, je ne sais plus
J’observe le silence
J’ai mal
Aimé-je ou non ce que j’aime ?
La confusion est telle que je ne peux plus dormir
Les yeux ronds, ivres de nuit, ivres de vide et de noir
J’ai peur de mourir, j’ai froid, j’étouffe
Le sang bout dans mes veines
Le feu embrase mes muscles
Je voudrais me lever, courir, frapper
Accroupi dans la nuit, au fond du puits
Voilà que la folie me guette
Je sens ma force grandir au-delà de toute limite
Prête à tout briser, à tout brûler
Délire maniaque, je le sais
L’angoisse me rattrape, tout est à refaire
Tout est à l’envers
Enfer
Qui suis-je ?
Que faire dans une boîte ?

Place libre, place aliénée
Liée à l’autre, et rien pour soi
Pas de soi, pas de fauteuil
Je reste debout, je n’ose pas
Mal aux jambes, mal au dos, mal aux dents à force de les serrer
Pas de place pour soi puisque elles sont toutes prises
Une vie en boîte
Pire que ça : la boîte est à l’intérieur, fermée
Et puis la boîte est à l’extérieur, fermée
Pas de place pour soi en soi
Mauvaise pioche

La parole achoppe contre le mur des muscles
La bête remue sous la surface
Le monstre tapi se met à glapir
Une à une les prisons se révèlent
Les cadenas cèdent
Je peux bouger, respirer, dormir
La bête est morte
La bête s’est montrée : c’était une souris

Mais elle accouche d’une montagne et tout est à recommencer
Les nerfs se tendent à rompre
Les muscles se crispent
Les intestins s’enflamment
Déversant leur eau noire
Sans digue
Dingue

mort ou vif, je ne sais plus...

par d i v @, vendredi 03 avril 2015, 12:49 (il y a 3525 jours) @ julienb

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MORT OU VIF / JE NE SAIS PLUS...














Tout est extrêmement dangereux. J’ai peur. J’ai très très peur. D’ailleurs c’est vraie la vie est extrêmement dangereuse. La vie est constamment liée à l’idée de perdre. J’ai appris très jeune que le monde pouvait devenir très très mauvais. Que tout pouvait s’effondrer très vite.





C’est quelque chose qui doit me toucher. Comme la mémoire et le temps. Le soleil et la peau.La peau ensoleillée. La chute des ordonnées et des abscisses. Dans quelque chose de creux. Et de terriblement mou. L’œil.





J’ai toujours ce besoin de rester accrocher à quelque chose. Même si c’est évanescent. De perdre la mémoire. Pour vous donner des émotions. Et les reprendre ensuite.





Il s’agit de poser des questions. Sans avoir de réponses. Dans les deux traditions. De l’eau du mal et du mensonge. Je ne sais toujours pas qui je suis. Je pose pourtant les fondations d’un corps sous la douche jusqu’à questionner ma propre peau pour savoir si je ne suis pas allergique à tel ou tel produit qui pourrait me faire du bien et me masser le cou.





Quand je suis chez elle je marche sur des robes qu’elle a confectionné sur les sols de sa maison. Il y en a de toutes les formes et de toutes les couleurs . Je ne m’occupe pas des autres couleurs et des autres formes qui sont affichées sur les murs de sa maison comme des images ou des photos. Je marche sur des robes. Mais il n’y a personne dedans. C’est vide.

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C’est le spectateur qui fait votre tableau. On doit découvrir seul le fonctionnement de la parole pour croire telle ou telle action comme l’envie le désir et l’abandon. On doit se reconnaître par le questionnement des autres. On n’a finalement très peu d’idées justes sur le sens du mot corporel vision nocturne et j’ai chaud dans un ensemble d’hiver. Il y a au début de notre vie un choc initial. Et toute sa vie on doit parler de ça.





Il y a longtemps de ça je n’étais pas très bien. Je marchais chez moi. Je faisais quatre 5 fois le tour, de mes repaires géographiques. Et ce n’était pas bon.





Aujourd’hui je reviens de chez mon père où rien n’a vraiment changé depuis la dernière fois. J’écris plus jamais de feu. Je cherche à émouvoir et à moins bien écrire. La vie reste à mes yeux bien plus émouvante que l’art.





Il y a l’île de l’échec. Comme l’impossibilité de se souvenir et de garder ce que l’on vous a pris. J’ai lancé quelque chose qu’on ne peut pas faire revenir. C’était des tentatives désespérer. Le désespoir et le bonheur. Un drôle de gout dans la bouche. Je n’ai jamais parlé de mon identité. De mon enfance. De mon histoire. De tel ou tel parking.









d i v













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bouche d'ombre

par julienb @, samedi 04 avril 2015, 10:36 (il y a 3524 jours) @ d i v

pour t'en mettre plein la bouche / j'ai un drôle de goût dans la bouche

C’est un samedi 4 avril qui ressemble probablement aux précédents. D i v a posté hier des trucs très forts.

« J’écris plus jamais de feu »

Moi c’est tout le contraire, même si ça ne change rien, et qu'on reste toujours avec la bouche pleine de vide ou pleine de chrysanthèmes.

bouche d'ombre

par cat, samedi 04 avril 2015, 17:54 (il y a 3523 jours) @ julienb

mais en réalité on a toujours la bouche pleine
et on ne s'en rend pas compte
(c'est comme pour les mains et le coeur...)