à cat

par Claire, vendredi 10 avril 2015, 17:05 (il y a 3517 jours)

j'ai lu ce que tu avais posté. Ce sont des textes de révélation, c'est beau, mais c'est presque impossible d'y répondre, parce que ce sont des témoignages de quelque chose qu'on n'a pas vécu.
(efface après avoir lu si tu veux ).

à Claire

par cat, vendredi 10 avril 2015, 18:34 (il y a 3517 jours) @ Claire

hello Claire,
oui, enfin je sais pas, c'est de la fiction où se mêle des choses que je perçois sporadiquement mais depuis toujours. il y a un bon moment que je veux en faire quelque chose et si j'ai retiré les paragraphes c'est que j'ai pensé qu'il y a peut-être un livre qui me demande, là. tu te souviens nous avions échangé au sujet de la foudre, de l'effet foudre de la compréhension, je crois que je n'avais jamais réussi à nommer aussi clairement auparavent, ce qui fait que maintenant je peux mettre certaines choses ou pages en place. je crois que c'est assez proche et lointain pour que je puisse l'écrire (je calcule certains risques...du moins j'essaie).

au sujet de la révélation (ça me fout la trouille), je pense qu'elle nous effleure avec une quasi constance. mais comme pour les paragraphes des flashs d'enfance que j'ai retirés, ça m'amène dans une zone de grands dangers, une zone où ce qui palpitte pourrait me devenir plus réel que la réalité tangible, parce que plus proche de ma véritable et intérieure personne que de toutes les images qu'on se fait de moi, plus proche que mes proches... si tu vois ce que je veux dire... donc, parce que j'ai déjà expérimenté, "je marche au bord de", si on veut, mais (et je viens de comprendre pourquoi je n'écris plus de livre) je n'entre pas.

on en reparlera si tu veux
et je peux remettre le premier paragraphe si tu veux

à Claire

par Claire, vendredi 10 avril 2015, 18:40 (il y a 3517 jours) @ cat

oui, j'ai hésité, mais c'est ce que j'aurais eu envie de dire : on sent mêlé à l'expérience "sensorielle", "existentielle" encore une angoisse, et un appel comme au milieu d'une grande solitude, ou peur de solitude.

à Claire

par cat, vendredi 10 avril 2015, 18:57 (il y a 3517 jours) @ Claire

oui, c'est dans ces eaux là (et comme entre deux mondes parallèles qui se tutoient) et aussi au sujet de l'altérité. et en même temps dans une sorte de consolidation (non pas consolation). Florian m'a dit un jour que j'écrivais l'abandon, et il avait raison dans le sens de l'acceptation (ce renversement de résistance). là je crois que ce qui s'écrit est une montée ou un rassemblement serré et en tension juste sur le point de, juste avant d'accepter, puis jusqu'à cette résolution — je ne sais pas du tout ce que je vais rencontrer là dedans mais bon, s'il faut aller, allons. le livre a toujours raison de moi

à Claire — 1er paragraphe

par cat, vendredi 10 avril 2015, 19:01 (il y a 3517 jours) @ Claire

in




et un jour tu en serais arrivé au grand silence des choses, non pas un silence paisible ni apaisé, mais sensible. comme on entre dans un espace interne sans vocable ni son, avec le sentiment que toute parole est inutile, voire, que la parole gaspille. il y en a tant déjà, pourquoi en ajouter. tu aurais regardé la frenésie du monde depuis ce territoire, et devant les actes manqués, te serais rendu à la conclusion que le geste est grave, que chaque respiration compte, que rien n'est jamais aléatoire que parce que la présence manque à elle-même. alors peut-être te serait apparue cette rivière vivante qui te conduit et te continue. là, j'aurais pu exister. j'aurais pu être ta soeur. debout, dans la fureur et les bruits du jour où les hommes s'écroulent, se tuent les uns les autres, meurent bêtement, quelque chose serait né à ta conscience et qui est à la mienne. il n'y aurait pas eu de sens plus profond que de vouloir vivre dans toute la véracité du vivre. là, j'aurais pu exister, ne serait-ce que par la minute unique de ton entendement. ce qui me sépare et m'oblitère est toute la parole versée pour tenter de se rejoindre.

à Claire — 1er paragraphe

par Claire, vendredi 10 avril 2015, 19:13 (il y a 3517 jours) @ cat

en même temps...ça donne vraiment envie :)


tu sais, ces derniers temps je repensais aux rêves. Je me disais qu'une partie de moi n'existe que dans ce monde-là, le plus vrai, un monde où on est pleinement ensemble, sans avoir besoin de parler, et où le temps s'écoule d'une manière parfaite, ajustée exactement à ce qui est vécu.
je sais que ce n'est pas la même chose, mais il y a des points communs.

à Claire — 1er paragraphe

par cat, vendredi 10 avril 2015, 19:57 (il y a 3517 jours) @ Claire

j'espère bien que ça donne envie (ou en vie) ! le but véritable est là - se rendre, s'y rendre. c'est la première clé.

oui, beaucoup de points communs. néanmoins ici le rêve est éveillé, envahissant, insistant, et en continuation.
comme s'il voulait advenir et toucher le réel, y entrer. il est perphorant, pénétrant. (ha ! je viens de comprendre un truc ! haha!)

à Cat — 1er paragraphe

par jude, vendredi 10 avril 2015, 19:35 (il y a 3517 jours) @ cat

---Supprimé à la demande de l'auteur---

un livret — pour jude

par cat, vendredi 10 avril 2015, 20:16 (il y a 3517 jours) @ jude

[ Il n’y aura pas de repos ]








prologue



il n’y aura pas de repos

Parmi le harassement des exigences, celle de ne pas s’endormir en chemin, celle de ne pas s’engourdir les sens dans l’alcool du désamour, celle de ne pas fuir la douleur évidente, ni son feu violet quand elle pénètre, ni le vulnérable et sa nudité plus que nue plus que profonde; celle de ne pas tricher, celle de rester seul à marcher seul, celle de rester debout alors que tout ce que tu portes voudrait se rouler en boule, se clore avec une perle dans la bouche, se cacher dans un sommeil huileux, ou enduit de frimas luisants, oublier comme un papier dans l’eau se délie lentement dans ses fibres, diluant ses encres; celle de tenir toujours ta présence la plus entière possible sur un seuil neuf, celle de ne pas se jeter derrière soi, celle de laisser la peur ou la panique te traverser jusqu’à ce qu’il ne reste plus que toi, un plein toi, tremblant d’être encore vivant; celle d’accepter que le sel coule de toi malgré toutes les réticences, celle d’être plus vivant que toutes tes morts cumulées de vivre, celle d’être aussi laid que beau, celle de tous tes contraires, celle de rester hors de la plainte et au-dessus d’elle, au-dessus d’elle à tout prix; celle d’ouvrir ce chemin que toi seul peux ouvrir; celle d’être une infime part d’un corps immense constitué de milliers et de milliers d’autres, celle de ne pouvoir jamais connaître cette créature un jour, il n’y aura pas de repos.







*







I – je marche

je marche, je marche avec une impression de chien mouillé, de minuscule grenaille entre la semelle et le pied tandis que la conviction de ne pas m’arrêter devient plus lourde et plus ardue avec chaque pas et pourtant que se solidifie ou se cristallise serait-ce une obligation, une responsabilité? quelque chose brûle dans ma tête et je ne sais pas que la pente descend et je ne sais plus que l’autre pente monte, je sais seulement que de la jambe gauche à la droite le même effort prévaut, je ne sais que le maintenir, le maintenir jusqu’à me rendre. tenir encore jusqu’à l’arbre, encore jusqu’à la butte, tenir jusqu’à l’orée de ce lieu, ou de ce village que je ne sais pas reconnaître comme on sait plus reconnaître un visage. tenir cette allure des membres. balancer d’un même mouvement, égal, en regardant toujours un peu plus haut, devant, toujours devant.

une seule longue rue, une seule intersection comme un seul arrêt difficile et nécessaire comme toute difficulté est nécessaire. je demande un peu d’eau, on m’offre de l’eau. je vois un sourire sans regarder le sourire. je vois comme on discerne dans la nuit quelques lueurs briller furtivement ; je vois une allée en plein centre d’une pupille, une allée sous les arbres, une grande grille qui s’ouvre alors qu’on est immobile, une grande grille oeuvrée comme on pouvait en regarder dans les livres anciens emplis de fines gravures.

il n’y a pas de voix. il n’y a pas de paroles. que cette allée et ces grilles qui s’ouvrent d’elles-mêmes en plein centre d’un regard que je n’arrive pas à regarder.

l’eau avalée coule dans mon corps. elle coule comme du sérum. elle coule comme mon sang. ni vite ni lentement. elle coule comme le sang doit couler. une main délicate se tend vers le gobelet. je ne sais si c’est pour le reprendre ou pour l’emplir à nouveau. la main se tend et. je regarde la main avec mon impression de chien mouillé, de grenaille entre la semelle et le pied, avec dans le corps la poussée du mouvement des membres. le désir et le non-désir. reprendre la marche. maintenir… puis une brûlure longe tous les os et tandis que je ressens, que je suis très proche de cette brûlure, comme on garderait une braise très près du visage et des lèvres, je l’embrasse et la repousse.

je regarde la main à travers la brûlure qui me prend et je traverse la brûlure. la brûlure. je traverse la fatigue et mes os. je traverse la brume lasse et j’entre dans l’allée sous les arbres.

je marche, je marche avec un poids sur la poitrine, une poignée de fer trop chaud entre ma chemise et moi, entre ma peau et moi. trop chaud. je marche vers. et l’allée ouverte serpente légèrement en jouant aux ombres et à soleil. et aux ombres plus sombres. mon impression de chien mouillé voudrait courir. mon impression de grenaille entre la semelle et le pied voudrait que je m’assieds dans ces flaques chamarrées. mais une main se tend et je ne sais si c’est pour prendre ou donner. je ne sais si je dois tendre ou tenir. l’eau. la main. le regard que je ne sais pas regarder. la brûlure dans le corps, la brûlure dans ma pensée. le sentier que je veux rejoindre. celui qui m’attend. celui qui m’attend.









*





II – dans l’allée des parfums

d’abord il n’y a que la pénombre sous les arbres puis un perron laiteux semble s’éclairer légèrement. je dis perron. un espace, un seuil. trois larges marches dessinent un surplomb entre des arbustes dont les boutons tendent des paupières closes. je me demande ce que la porte étroite – n’était-ce pas de Gide? – fait ici. je dis ici, je ne sais ce lieu ni cet espace. (mais pourquoi cette pensée, ce livre, et Gide?)

une pierre haute comme un arbre. une pierre maison arbre détaille tout de la maison des enfances et des transitions sans rien en démontrer véritablement. on dirait une entrée dans le ventre d’une montagne, dans le ventre du monde. le lieu espace évoque toute une collection de références, d’histoires tissant le vêtement blanc et crayeux des mémoires anciennes, assises et pausées. elles semblent attendre depuis des années, elles semblent attendre…

assise près des mémoires, dans ce calme surréel, un bruit d’eau prend des accents de voix multiples, ténues puis enflant. des chuchotits et des balbutiements se détachent. je ne capte pas clairement mais l’ensemble me rappelle des choses endormies et très lointaines. des parfums s’évanouissent et s’éveillent en minuscules bulles, cellules, molécules, et prennent forme pour en changer aussitôt. qu’est-il depuis la pierre et depuis l’arbre. qu’est-il depuis le souffle? les mémoires me regardent avec intensité comme transvasant par leur présence persévérante des esprits et des essences.

à peine mais ivre et la tête pleine, prise entre brûlure et brume je regarde ces souvenirs qui s’éparpillent. dans le mica moiré de leurs évanescences, mi papillons, mi lucioles, l’étonnement m’absorbe et moi qui ne sait regarder les regards, je regarde les mémoires assises qui semblent attendre. ces souvenirs sont-ils tous les miens et en ai-je vraiment autant? est-ce important, plus important que la floraison de leurs parfums?

une impression, une impression de condensation, quelque fraîcheur soudaine dans le corps et le mouvement d’une main délicate s’avançant me rappellent le gobelet que je tiens entre les doigts. il flotte une odeur d’eau, de feuillages comme autant de pages, de fleurs et d’ambre. tout au bord d’un vertige, je regarde un sourire que je voyais sans voir et je me souviens. parmi les parfums, je me souviens du tout premier sourire qu’on m’ait offert.









*



III – parenthèse panthère

ce moment, le moment du sourire est une parenthèse ouverte, bondissant soudain d’une forêt de visages. comment ne pas être ramenée dans ma présence autant que dans le souvenir enfouit, surgissant vivement parmi les bouffées de parfums aussi diffus que flous, parmi les tiges de gestes et les feuillages bruissants de paroles et chansons anciennes. ce ne sont plus les yeux, ouverts par l’étonnement bien plus que par le fait réel, qui perçoivent, mais toute la part jusqu’alors endormie qui se lève pour croquer instamment la moindre trace de doute. la moindre trace… de doute.

puisque une telle parenthèse existe, la brousse du monde moderne où je marche, les méandres fangeux et les cris néons qu’on y cultivent, tous les miroirs dont je refuse la mire, les troupeaux médiatiques qui nous nourrissent, l’énormité de la supercherie des bonzes économistes, les feux de leurs rampes jetés sur le monde plus habilement que des bombes, la tyrannie de l’urgence*, tout cela effrayait-il la fauveté tapie de cette parenthèse panthère ? ne restait-il que ce sourire, ce sourire seul contre tous les maux du monde ?









*









IV – la seule réponse

le rebours des pupilles

intangiblement, reculent les vasques parfumée, les flaques chamarrées de lumière, l’allée sous les arbres, les grilles du jardin; le chemin de pupilles se referme dans le regard que je ne sais pas regarder. l’allant revient lentement, détache ce qui doit l’être. il n’y a pas de brûlure ni de feu sinon que très profondément couvés, au fondement de toute chose. un bref instant j’entrevois une assurance, à la fois neuve et nouvelle. assise près de l’âtre de la demeure qui m’habite, elle retourne les braises avec calme. un bref instant elle me regarde. et son regard à lui seul est un sourire.






le temps du corps

il est temps de reprendre le corps. il est temps de reprendre la marche, le déplacement des membres dans l’espace et la matière, ce rythme des pas sur le battement de coeur. une embrassée est ce souffle plein dans une certaine épaisseur de l’air, où s’enroulent les odeurs d’herbes grasses et de menthe, de pommes blanches et d’agneaux. les parfums jusqu’au fond des poumons, emplissent mon sang et déplacent des poids, de sombres lueurs, et les effacent. léger, ce vertige au bord d’un bonheur, le sens retrouvé au milieu des robes de mémoires, quelque chose ressemblant à un sentiment solide installe au milieu du corps, un point d’équilibre; quelque chose comme un centre au centre des choses insuffle une force que je ne savais pas avoir.






la fonte des miroirs

tout en marchant, des miroirs fondent et coulent. des grands pans de noirceur se désagrègent et emportent avec eux les fers corrodés d’inquiétudes que rien ne semblait jamais pouvoir dissoudre. les vieux corps des soucis envolent leurs cendres dans le vent levé brassant les herbes folles et les arbres, ma pensée. voici que des murs tombent d’eux-mêmes et sans fracas pourtant qu’ils m’avaient tenue aussi durs et forts que ceux d’une citadelle imprenable. était-ce si simple, ne fallait-il donc qu’ouvrir un chemin et passer au travers des mirages, des illusions, comme on franchit une forêt d’ombres? était-ce si simple se quitter?






le voir véritable

la route danse en montant de surplombs en collines. parvenue au sommet d’un petit promontoire bordé de pierres des champs, des sauterelles se frottent dans un bain de soleil. je tourne mon regard vers cette croisée, cet arrêt si difficile et nécessaire. il n’y a rien, ni rue ni maison. rien. mon étonnement est d’autant plus grand qu’il n’y a que des bêtes qui paissent tranquilles dans les champs d’herbages et sous les pommiers. il n’y a qu’un ruisseau chantant près d’une pierre debout, un ruisseau, environné de pervenche et de fougères, de menthe et de thym. il n’y a que la campagne chauffée de ce mois d’août où les blés blondissent en murmurant un long et doux concert sous la brise. il n’y a que des voix d’oiseaux, le stridule insistant des cigales dans l’été qui bientôt s’achève. il n’y a qu’un vallon vivant.







le voir senti

m’étais-je assoupie ou avais-je fermé les yeux? cependant c’est avec le sens certain de les garder grand-ouverts que je regarde assurance; assise près de l’âtre elle discute avec confiance. tandis que toutes deux tournent les braises d’un geste uni et calme, alors qu’un doute m’effleure puis m’étreint de ses mains moites, alors qu’une sournoise angoisse voudrait prendre forme dans mon ventre, assurance et confiance me regardent de leurs yeux sereins. la réponse, la seule réponse émane de leur sourire.












[ à poursuivre ]


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Notes:

1) les textes ne sont pas achevés, aussi veuillez pardonner les coquilles et anomalies qui s'y trouveraient. merci.

2) * La tyrannie de l’urgence:
(Les grandes conférences) 1999. Zaki Laïdi. aux Éditions Fides. Montréal. Bibliothèque nationale du Québec. ISBN 2-7621-2108-6

un livret — pour jude

par cat, samedi 11 avril 2015, 06:45 (il y a 3517 jours) @ cat

heu .. pardon jude si... si ça semble trop généreux..
j'ai trouvé que ton texte à la suite du mien avait trop de correspondances

un livret — pour jude

par jude, samedi 11 avril 2015, 16:44 (il y a 3516 jours) @ cat

Pas du tout. Merci pour ce livret.

J'ai eu un choc avec le premier texte que tu as posté et je me suis dit: "il faut que que tu répondes" parce que ça m'a parlé très profond, parmi les choses importantes que l'on enterre (peut-être parce que c'est trop important et qu'on ne doit y toucher que bien à l'abri, dans le secret d'une chambre intérieure) et puis, avec les années qui passent j'ai compris qu'il y avait des choses que je n'écrirai jamais. Quand j'ai lu ton texte ça a été une violente nostalgie de rêve . Je n'ai pas revu mais re-senti à des années de distance l'être de cet endroit réel. Sans aucune certitude, je dirai qu'il doit s'agir du jardin arabe de Palma de Majorque.
L'atmosphère n'est sans doute plus la même, je crains que l'âme n'ait déserté ce minuscule jardin depuis qu'il est devenu payant. Mais je sais que là, j'ai touché quelque chose de la vérité, du grand tout, de l'accord. C'est très violent, très gratifiant aussi, rare. Une expression de ton texte disait cela :"la foudre du réel est une chose qui passe inaperçue". A la sortie j'étais exactement la forme extérieure qui avait passé la porte quelques minutes auparavant. Mais à l'intérieur, la foudre avait brûlé, les sources rejailli, et pourtant ç'avait aussi été un sentiment de perte irrémédiable. Parce qu'il faut que les choses et les êtres meurent pour exister.
Bref, je n'ai, pour l'instant, pas la liberté ni la capacité de lire vraiment ou d'écrire mais merci pour ces textes et ce moment précieux.

un livret — pour jude

par cat @, dimanche 12 avril 2015, 20:26 (il y a 3515 jours) @ jude

merci jude, et en tout cas tu me rends vraiment très curieuse de te lire davantage, as-tu un blogue ou des pages, un lieu, un livre ?

un livret — pour jude- réponse à un prologue

par jude @, dimanche 19 avril 2015, 17:20 (il y a 3508 jours) @ cat

---Supprimé à la demande de l'auteur---

un livret — pour jude- réponse à un prologue

par cat @, dimanche 19 avril 2015, 21:14 (il y a 3508 jours) @ jude

..suis sous le choc de ton cadeau-paragraphe
je vais revenir — je t'écrirai..










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ici, la réparation - Orphée vainqueur renverse le mythe
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cantos dans les ombres — livre descendre(s) / second pan






2

in/voir — par la voix


je ne vois plus ma mie qu’avec ton interne visage, ne plus voir mais te voir du dedans et ton lever et ta force. sous la mue et en elle tu es le corps de mon corps, tu es mon étreinte. sois debout dans ma voix, sois plus que mienne voix dans ta bouche comme tu deviens mes seuls yeux et l’unique regard. je te reviens, m’entends-tu, ni abîme et à jamais pour venir te reprendre, et à toujours je suis lié à tes pas. lentement dans la marche des lenteurs, marche comme l’aurore et vois. viens et vois.



¤


3

rassemblé/nous en des/cendre(s)

nous. rassemblé/je revenu, en des/cendre(s). sois plus force en corps plus vive tout contre rouge l’ombre. ha tes fleurs, le sel que tu sèmes comme je brûle dans l’interne: ton revers, ma pelisse. ô ma toute, ma mie, sois sans crainte et sans fièvre, ce qui brûle c’est ma peine. ma sauvage mon entière prends mon souffle, prends et refais le feu intime, prends ma voix dans ta bouche – chante entre la pierre et son corps jusqu’à déposer la flamme, mais chante jusqu’à l’eau ma toute source. ha ce feu sur mes lèvres que tu rinces amour âme! rince jusqu’à celle que tu fus. je/nous tiens ma vie, rince pleure et lave tous tes os jusqu’à ma chair.

un livret — pour jude- réponse à un prologue

par jude, samedi 25 avril 2015, 00:23 (il y a 3503 jours) @ cat

---Supprimé à la demande de l'auteur---

ici contient fulgurance et joie

par catr @, dimanche 26 avril 2015, 22:57 (il y a 3501 jours) @ jude

oui, exactement, oui ! c'est fantastique ! voilà, tu me renverses !
je voudrais écrire plein de choses, là, mais je sens que mes enthousiasmes sont trop forts pour l'écriture.
tout comme ma réponse aveugle...

et puis c'est moi qui te remercie, de présence, de lecture, de tout en fait, puis ton lire rend et tient vivant le Livre des/cendres.
son entier écrit ce trouve là : https://trajectoiresverslincertain.wordpress.com/livre-descendres-fragments/ disposé en trois pans, un rouge, un bleu et un jaune ; ce sont des tableaux que je n'ai pas peints ...

le travail de "l'adressement"

par cat, dimanche 12 avril 2015, 19:45 (il y a 3515 jours) @ cat

de l'adressement :












de l'écriture, depuis des années, j'entends dire que c'est une arme, que la langue est une arme. j'ai longtemps travaillé "des scalpels, des couteaux et des lames", pour et comme symboles, puis jusqu'à transformer ces symboles puis les laisser au profit de "l'acte pénétrant" et de la "théorie de l'impact" (que je n'ai pas encore pris la temps de formuler ni d'écrire — parce que j'en suis à la vérification). il y a dix ou quinze ans, dans et par la symbolique, il me fallait pour x raisons trancher des choses pour retrancher de l'écriture, couper des liens et des liants pour recomposer, débrider, dégager, etc., des zones, des territoires, des affects, des peaux (si on veut...). pendant ce faire ou agir là, dans l'intrinsèque du geste, s'est animé ce que j'appelle "la charge de fond", soit le motif émotif sous-jacent sur lequel s'appuie l'écrire, et son qualibrage particulier. parrallèlement, le [ je ] le [ tu ] et tout pronom et/ou marquage d'identité relié à un être ou à un élément du monde s'étant trouvé dans un état possible de sevrement (distanciation) de ma personne personnelle (lol) j'ai pu ouvrir le sens et les appartenances de [ je ] et de [ tu ] [ il/elle ] etc., pour les nudifier et les rendre au plus simple (mais c'est archi complexe). le but réel est d'arriver au désarmement. d'où, dans mon travail, des approches différentes, du comprendre et de l'entendement, de la reconnaissance, du rendre et du don, de l'abandon et/ou acceptation, etc., (comme une tâche d'arrière plan) tout en laissant fonctionner l'intuition, l'inventivité, l'étonnement, l'enthousiasme, bref, la créativité.

alors, dans mon écriture ou ma recherche dans l'écriture, je tu il elle nous vous ils elles, dégagés, réhabités, se sont trouvés devenir des tintes et des couleurs de différentes profondeurs, ou des densités, des fréquences et des résonances. comment rendre la résonance d'autrui, ou comment faire entrer autrui dans une résonance x, ou en résonance avec lui-même ou avec une autre résonance qui lui soit "lointainement intérieure" et/ou "prochemment extérieure"? (pardon, j'invente des mots, il m'en manque...) il m'est apparu que le seul moyen véritable était le don. écrire le don ; l'idée est de "donné [ tu ] à l'universel" en "donnant [ je ] à l'universel", donner dans le sens de reconnaître [ le fait vivant dans la personne ], dans une magnitude la plus ample possible, dans le but que [ tu ] devienne un receveur possible de l'écrire, et incidemment le receveur de lui-même, égal à chacun dans le monde. le contexte implicite et non-implicite, mariant dit et non-dit dans l'écriture, conjugue les résonances, par frictions et chocs (ou foudre), les couple et les multiplie pour que le [ tu ] du receveur émerge, résonne, vibre, entende ou réponde. alors ce n'est plus l'écriveur qui fait le texte, mais le receveur. le déplacement du [ tu ] textuel vers le [ je ] du lecteur signe le texte et le rend "vivant" ou effectif dans la personne du lecteur.

en sous-jacent à tout cela il y a une idée d'écriture Rorschach ( qui vient de ma recherche picturale sur laquelle je ne m étends pas ici)




euh... c'est peut-être un peu trop serré cette tentative, mais je sens qu'il me faut expliquer ou nommer ces choses pour les raisons que certains de mes machins-textes qui explorent ça se trouvent à mobiliser certains ici (pensant que le texte leur est personnellement adressé), alors que l'écriture poétique vise "at large", je veux dire que, chez moi, elle vise des coordonnées multiples et lointaines.

le travail de "l'adressement" - 2

par cat @, lundi 13 avril 2015, 00:31 (il y a 3515 jours) @ cat

[ tentative de synthétisation ]







je ne te parle pas, je parle depuis je de silence, je milieu, sans moi, le plus loin de toi et moi.
ce je parle à tu, au tu de toi sans toi, au tu que tu oublies, au tu que tu enterres sous ton moi.
je de milieu, sans moi, parle à tu de toi, celui qui existe depuis et avant le ventre de ta mère.
ou, je sans moi exprime vers toute forme de vie tutoyée un amour voué à l'inconditionnel,
en toi, et en toute forme disponible. je sans moi produit des spores que des ondes charrient.

encore, le je de moi ne sait rien, comme un nuage ne sait rien de la pluie. je exprime une pluie.
il n'en sait rien, rien du tout. jusqu'au moment où. je ne sait que le voeu informulé, secret,
d'une pluie singulière du je du milieu sans moi. je ne promet rien. je exprime. hors moi.
le tu du monde, forme multiple de vie, inconnu, je ne le rejoint que dans l'inconnu de je.
comme la mer ne sait rien des nuages, je ne sait jamais où tombera la pluie singulière.

le travail de "l'adressement" - 2

par Claire, lundi 13 avril 2015, 14:54 (il y a 3515 jours) @ cat

oui, je comprends bien, je crois.

le travail de "l'adressement" - 2

par cat @, lundi 13 avril 2015, 16:17 (il y a 3515 jours) @ Claire

oui ?
c'est pas chinois ?

le travail de "l'adressement" - 2

par Claire, mardi 14 avril 2015, 16:12 (il y a 3514 jours) @ cat

la première partie l'est un peu, chinois, encore qu'on comprenne bien la recherche, plus que les techniques utilisées (mais comment pourrait-il en être autrement ?).
La dernière partie me parle beaucoup, ressemble à quelque chose que je voudrais explorer, que j'ai senti dans mes rêves racontés l'année dernière : c'est la question d'être ensemble.
C'est à dire que le "tu" et le "je" continuent d'exister, mais juste assez pour permettre à un sentiment aussi paisible et vivant qu'une onde de circuler entre eux. Les conditions qui permettent cette expérience, l'impression d'éternité qui s'y ressent.
Ça n'est pas seulement d'écriture qu'il s'agit, bien entendu.
c'est une situation où personne ne demande rien à personne, où n'existe aucune tension.

à Claire — 1er paragraphe

par cat, vendredi 17 avril 2015, 23:48 (il y a 3510 jours) @ cat

finalement, je viens d'apprendre que le texte et la suite (effacée ici) viennent d'être demandés
et ce sera publié papier au Québec cette année dans un collectif

(écrirai donc autre chose... puisqu'un livre vient de s'enfuir)

à Claire — 1er paragraphe

par Claire, samedi 18 avril 2015, 17:17 (il y a 3509 jours) @ cat

eh bien, nous aurons été dans les premiers à les lire..c'est une bonne nouvelle.

à Claire — 1er paragraphe

par cat @, samedi 18 avril 2015, 20:38 (il y a 3509 jours) @ Claire

hé bien. moi je pensais que ce serait trop space pour les gens de mon côté de l'Atlantique...
mais je vais te dire, comme le texte est né ici direct, ça me fait vraiment bizarre malaise qu'il soit happé comme ça et si vite