après-midi (s)
J’ai ces endroits en moi. Il me suffit de m’asseoir sous un arbre ou dans la maison, sans allumer les lampes dans la chute du crépuscule. Ces endroits sont toujours là, très loin, dans le temps et l’espace. Ce sont des endroits où l’on court, où l’on travaille toujours ensemble. On ne parle pas tellement, les mots font un bruit aussi important qu’une chute d’eau, comme la série de chutes d’eau le long d’un chemin de moulins, dans une petite ville italienne. On marche ou on court selon l’âge qu’on a. Courir est meilleur et même pousser ces cris d’enfants dans la poursuite, dans l’air transparent du soir. Mais la nuit tombe, bientôt on va pouvoir être dans le noir.
On cessera de courir. Etre enfants c’est pour oublier tout ce qu’on est, tout ce qu’il faut faire. S’asseoir en tailleur dans la poussière et se raconter des histoires de magie, rire bas, dessiner. Savoir que l’été commence à peine et qu’il ne finira jamais celui-là.
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Il y a la ligne des cheveux coupés sur la nuque, ligne ondoyante, photographique. il y a l’usine aux murs presque aveugles, le poids que c’était sûrement d’y entrer – le tunnel des aubes d’hiver, glacées.
il y a ce qu’était la musique classique quand j’apprenais, si mal, le piano.
il y a les arbres de judée maintenant : juste avant l’éclosion complète, leur mouvement et leur couleur contre le ciel bleu, en lignes de perles grenat. tout le long de la rue qui monte, tu sais, on les voit. et ce jardin où la petite maison bizarre tend ses décorations de faïences, vertes, jaunes, rouges. il y a la grille qui entoure le jardin.
je passe devant tous les jours.
en arrière-plan d’autres choses réelles, comme une marche. le réel est partout, c’est effrayant. l’ovale de mes yeux, invisible, fait pour les regards en coin, le jeu de mes paupières pour aller mieux vers le sol.
tes yeux faits pour ce qui n’est pas en face de toi, surtout les visages, d’autant plus que ta bouche aujourd'hui se tait. tu es comme un serpent sage, qui vit et meurt autour des pierres. qui prend le froid comme un droit pour se reposer. qui est difficile à voir.
On cessera de courir. Etre enfants c’est pour oublier tout ce qu’on est, tout ce qu’il faut faire. S’asseoir en tailleur dans la poussière et se raconter des histoires de magie, rire bas, dessiner. Savoir que l’été commence à peine et qu’il ne finira jamais celui-là.
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Il y a la ligne des cheveux coupés sur la nuque, ligne ondoyante, photographique. il y a l’usine aux murs presque aveugles, le poids que c’était sûrement d’y entrer – le tunnel des aubes d’hiver, glacées.
il y a ce qu’était la musique classique quand j’apprenais, si mal, le piano.
il y a les arbres de judée maintenant : juste avant l’éclosion complète, leur mouvement et leur couleur contre le ciel bleu, en lignes de perles grenat. tout le long de la rue qui monte, tu sais, on les voit. et ce jardin où la petite maison bizarre tend ses décorations de faïences, vertes, jaunes, rouges. il y a la grille qui entoure le jardin.
je passe devant tous les jours.
en arrière-plan d’autres choses réelles, comme une marche. le réel est partout, c’est effrayant. l’ovale de mes yeux, invisible, fait pour les regards en coin, le jeu de mes paupières pour aller mieux vers le sol.
tes yeux faits pour ce qui n’est pas en face de toi, surtout les visages, d’autant plus que ta bouche aujourd'hui se tait. tu es comme un serpent sage, qui vit et meurt autour des pierres. qui prend le froid comme un droit pour se reposer. qui est difficile à voir.