matin (s)

par Claire, samedi 18 avril 2015, 12:14 (il y a 3510 jours)

matin temps de solitude l’eau du début du jour la nudité du ciel blanc et ce refus intime des heures devant soi-la journée à vivre. je voudrais rester dans ma maison à regarder par la fenêtre la lumière qui peu à peu se remet à couler-là où je vois un énorme volume que trouent quelques vols-flèches noires sans différence. tout est semblable à la veille dans ce matin perdu englué de quelque faute obscure dont il faut s’arracher s’avancer se laisser investir par le personnage qui sert aux autres et alors la nudité disparaît
des fois on n’est pas obligé de sortir-des jours rares-on reste tard au lit tournant dans une grotte de draps et d’oreillers retenant les rêves. absolument personne ne vous attend absolument rien n’est à faire quelque chose se détend très lentement comme une sorte de tigre du dedans qui s’étire avec les heures et baille. une hypnose vient qui va durer jusqu’au soir poison d’eau tremblotante et lumineuse où l’on se laisse devenir lourd et sourd-couler. un abrutissement de sagesse, seul - - nu.

matin (s) corr

par Claire, lundi 20 avril 2015, 13:57 (il y a 3508 jours) @ Claire

le matin temps de solitude, dans l’eau du début du jour la nudité du ciel blanc, ce refus intime des heures devant soi-la journée à vivre. je voudrais rester dans ma maison à regarder par la fenêtre la lumière qui peu à peu se remet à couler, là où je vois encore un énorme volume que trouent quelques vols-flèches noires, sans différence.
tout est semblable à la veille dans ce matin perdu englué de quelque faute obscure, dont il faut s’arracher s’avancer-se laisser investir par le personnage qui sert aux autres. et alors la nudité disparaît.

des fois on n’est pas obligé de sortir-des jours rares-on reste tard au lit tournant dans une grotte de draps et d’oreillers, retenant les rêves
absolument personne ne vous attend absolument rien n’est à faire, quelque chose se détend très lentement comme une sorte de tigre du dedans qui s’étire avec les heures et baille. une hypnose vient qui va durer jusqu’au soir, poison d’eau insinuante et lumineuse où l’on se laisse devenir lourd et sourd-couler, comme un abrutissement de sagesse - seul, nu.

matin (s) corr

par (kelig), lundi 20 avril 2015, 23:05 (il y a 3507 jours) @ Claire

j'aime bien ces pensées, cette façon de raconter, jusque la fin.

matin (s) corr

par Claire, mardi 21 avril 2015, 14:26 (il y a 3507 jours) @ (kelig)

merci kelig, je farfouille dans des espaces presque vides.

matin (s) corr

par catr @, mardi 21 avril 2015, 14:59 (il y a 3507 jours) @ Claire

non non, des espaces très pleins ;)

matin (s)

par Claire, mardi 21 avril 2015, 14:25 (il y a 3507 jours) @ Claire

dans tous ces blancs, dans toutes ces lumières, tout ce froid et cet écho, résonnant, dans les ondes qui heurtent les parois de la grande boîte du monde, dans ce qui vibre à l’intérieur des oreilles, dans les questions qui reviennent inchangées, dans le renouvellement qui ne renouvelle rien, dans le sentiment de ne pas être adéquat, de ne pas faire ce qu’on devrait, dans la peau qui se resserre et enferme, dans la douleur des autres, dans le jardin désert, dans les obligations vides, dans l’attente du premier cri d’un enfant qu’on ne peut assumer, dans l’éloignement de l’enfance, dans la maladie et la mort, menaçantes, dans la laideur…je me laisse envahir, assise et immobile. la vie me prendra, me poussera dans le dos, il faudra bien que j’en sorte - de ça. Midi va venir.

matin (s)

par Claire, mercredi 22 avril 2015, 10:56 (il y a 3506 jours) @ Claire

un matin on commencera le voyage en Grèce.
on fermera la porte de l’appartement, on prendra la voiture. c’est loin, il faut rouler pendant plusieurs jours à travers plusieurs pays. on arrivera un matin en Grèce, à l’aube, qui souligne au loin les montagnes autour de la plaine de Thessalonique.
la ville sera serrée, grouillante, avec ses néons naïfs de pays du sud. on écoutera les gens qui parlent cette langue si évocatrice, le grec moderne. on ira où on voudra, selon les instants, on mangera dans des villages sans touriste, dans des petits restaus où tout est en devanture, boulettes de viande en sauce rouge, dolmas. je ne sais pas pourquoi j’aime les grecs. je ne sais pas pourquoi j’ai aimé autant ces histoires de meurtres et de transformation, de voyage interminable, ces dieux pleins de jalousie infantile, ces histoires qui se déroulaient en parallèle de la vie des gens. les grecs ne font pas d’esbroufe, ils vivent à leur manière. ce sont des gens du matin, du beau matin frais sur les collines brûlées, sous les arbres, où ruisselle la lumière, l’heure où on peut encore travailler. les villes sont pleines de petites échoppes. ce sont des gens qui ont parlé de l’amertume de la mer. on voyagera ensemble - dans ce pays-là.

ou peut-être on ira seulement dans le quartier de Paris où j'étais avant 8 ans...c'est pareil.

matin (s)

par Claire, mercredi 22 avril 2015, 11:08 (il y a 3506 jours) @ Claire

je ressurgis, sors de la toile régulière, fils soyeux de l’un (bleu clair)/fils rugueux de l’autre (jaune paille). la toile en relief, posée, ondulante, sur un objet qui n’existe pas. elle est là peut-être pour qu’on dorme, représenter le sommeil, ou pour qu’on y pose quelques coupes avec de la nourriture, un verre de vin. elle couvre les genoux des convives mais dans quel espace intérieur dans quelle histoire ? je ressurgis dans ce qui m’appelle, la couleur rouge, rubis ou tomate, rouge du sang clair aussi. iI n’est pas dans le tableau, ni dans le récit, il est dans ma tête, la lumière éclatante du matin l’a appelé. matin où je suis libre de ne rien faire, libre d’imaginer.

matin (s)

par Claire, vendredi 24 avril 2015, 14:41 (il y a 3504 jours) @ Claire

un matin je serai morte et enterrée
un matin d’automne
- et l’hiver suivant je ne le verrai pas
ou un matin de printemps
- et l’été brûlera immobile sans moi
si c’est un matin d’hiver le jour mettra longtemps à se lever
la terre remuée sera peut-être poudrée de givre
dans cette aube-là, dans ce cimetière-là.
les gens qui m’aiment seront fatigués
de ce qui s’est passé les jours précédents
ce matin-là ils se lèveront
et j’espère qu’ils seront encore ensemble et contents de l’être
puis ils se sépareront
ce sera le premier jour d’un temps un peu différent pour eux
puis ils m’oublieront
et un jour ils mourront eux aussi
- la terre - continuera
ce matin-là je sais qu’il existera
et je n’en sais rien
de plus.