2 anciens poèmes récupérés et mis dans mon recueil.
par dh, lundi 20 avril 2015, 10:39 (il y a 3508 jours)
posées sur les tables d’ivoire jauni
les veines bleues et beiges
parcourent la main et la prairie
je me suis éloigné des bords de l’eau
j’ai vu des visages aimés
perdre peu à peu leur lumière
alors que le sable les recouvrait
sable et temps
partagent la même sécheresse
nous faisons halte dans un petit village
et ne repartons jamais plus
le jour de la fête une mélancolie
s’abat sur les soldats qui doivent défiler
les livres d’histoire brûlent au crépuscule
le bal se termine à minuit
*
le froid s’annonçait dans sa pauvreté
les voitures creusaient des ornières
dans les strates de feuilles mortes
et les anges parlaient à voix basse
la nuit plus présente et plus forte
apportait du sable dans les esprits
je voyais les gens passer
comme des flocons de neige
l’avenir est vide de projet
mes regrets sont plus doux que du velours
l’amour est loin bien loin derrière les collines
mais les grandes villes enfumées
ont aussi la beauté des histoires jaunies
sur les vieilles cartes postales
que la neige a oublié de recouvrir
2 anciens poèmes récupérés et mis dans mon recueil.
par julienb , lundi 20 avril 2015, 11:33 (il y a 3508 jours) @ dh
2 anciens poèmes récupérés et mis dans mon recueil.
par dh, lundi 20 avril 2015, 11:41 (il y a 3508 jours) @ julienb
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par dh, lundi 20 avril 2015, 12:44 (il y a 3508 jours) @ julienb
- pas de texte -
kelig ?...
par dh, lundi 20 avril 2015, 12:58 (il y a 3508 jours) @ dh
- pas de texte -
kelig ?...
par (kelig), lundi 20 avril 2015, 13:03 (il y a 3508 jours) @ dh
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par catr , lundi 20 avril 2015, 14:35 (il y a 3508 jours) @ dh
..la plupart du temps quand je te lis je vois des images en sépias, des vieux films d'époques, muets, quelque chose de parfaitement imbibé de mélancolie, d'une presque trop tranquille mélancolie — heureuse avec elle-même. les images se posent calmes les unes après les autres comme dans ces albums classiques au papier noir. c'est le cas ici.
les lampes rondes et orangées
posées sur les tables d’ivoire jauni
les veines bleues et beiges
parcourent la main et la prairie
je me suis éloigné des bords de l’eau
j’ai vu des visages aimés
perdre peu à peu leur lumière
alors que le sable les recouvrait
sable et temps
partagent la même sécheresse
nous faisons halte dans un petit village
et ne repartons jamais plus
le jour de la fête une mélancolie
s’abat sur les soldats qui doivent défiler
les livres d’histoire brûlent au crépuscule
le bal se termine à minuit
le premier poème dessine les espaces/décors de lumière et de corps, l'atmosphère. on dirait que tout y figure figé, impression de cire et de papier glacé, ou alors au contraire d'une matité sourde. pourtant que le poeme parle de sable, on sent des eaux noires sans reflet, lourdes, prêtes à tout engloutir. // lu à haute voix, le poème (les deux parties) contient trop de répétitions et/ou métaphores filées pour que je puisse l'écouler dans le souffle sans que rien ne bute, mon esprit retire naturellement les mots (adjectifs). aussi, je pense que le poème n'aurait pas tant besoin de couleurs, ivoire pourrait se passer de jauni, par exemple... la seconde partie du premier poème me questionne dans l'assemblage des six derniers vers, peut-être est-ce l'ordre (un peu désordonné), peut-être est-ce un trop de juxtapositions ? ces vers ont chacun leur importance dans le poème, mais ils n'ont pas les mêmes textures, ils sont d'une autre densité, d'une autre matière (je dis ça et sans doute n'est-ce que moi qui y vois une sorte d'hétérogénéité, ou de "pièces rapportées" — ça m'interroge en fait...)
le second poème est un bon poème, bien assis dans l'atmosphère jaunie, on n'entend presque la voix de l'homme, ou, on ressent une présence, définie et indéfinie. quelque chose qui est juste au bord d'être et en même temps, au bord de l'effacement, de la disparition, comme si l'espace autour de l'être devenait de plus en plus fort et prégnant, si bien que l'être, dans la fragilité (sa représentation, dans ce qu'elle figure de la fugacité de l'état d'être) était rendu à la fois poreux et pénétré jusqu'à ce que le décor le décorpore...
le froid s’annonçait dans sa pauvreté
les voitures creusaient des ornières
dans les strates de feuilles mortes
et les anges parlaient à voix basse
la nuit plus présente et plus forte
apportait du sable dans les esprits
je voyais les gens passer
comme des flocons de neige
l’avenir est vide de projet
mes regrets sont plus doux que du velours
l’amour est loin bien loin derrière les collines
mais les grandes villes enfumées
ont aussi la beauté des histoires jaunies
sur les vieilles cartes postales
que la neige a oublié de recouvrir
...et malgré moi j'entends « qu'a la neige oublié de couvrir », qui au lieu d'un reproche (fait à la neige, et au fait qu'elle laisse à nu et à la perception de l'être présent - narrateur) appuierait davantage la mélancolie et laisserait dans une sorte de soupir, celui de la neige autant que de la question sous-entendue, flottante, éparse, tels flocons, images, souvenirs, regrets...
..euh.. voilu
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par dh, lundi 20 avril 2015, 14:58 (il y a 3508 jours) @ catr
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par julienb , lundi 20 avril 2015, 14:59 (il y a 3508 jours) @ catr
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par dh, lundi 20 avril 2015, 15:00 (il y a 3508 jours) @ julienb
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par julienb , lundi 20 avril 2015, 15:05 (il y a 3508 jours) @ dh
la figue frappe encore
par Ecrire, lundi 20 avril 2015, 15:22 (il y a 3508 jours) @ julienb
Ça vaut bien une figue !
la figue frappe encore
par julienb , lundi 20 avril 2015, 15:24 (il y a 3508 jours) @ Ecrire
la figue frappe encore
par catr , lundi 20 avril 2015, 15:39 (il y a 3508 jours) @ julienb
on est pas loin d'un lyrisme romantique ;) ça doit tenir de la musique chez denis
la figue frappe encore
par catr , lundi 20 avril 2015, 15:26 (il y a 3508 jours) @ Ecrire
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par dh, lundi 20 avril 2015, 15:28 (il y a 3508 jours) @ catr
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par julienb , lundi 20 avril 2015, 15:30 (il y a 3508 jours) @ dh
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par catr , lundi 20 avril 2015, 15:32 (il y a 3508 jours) @ julienb
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par dh, lundi 20 avril 2015, 15:31 (il y a 3508 jours) @ dh
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par catr , lundi 20 avril 2015, 15:36 (il y a 3508 jours) @ dh
les lampes rondes et orangées
posées sur les tables d’ivoire jauni
les veines bleues et beiges
parcourent la main et la prairie
je me suis éloigné des bords de l’eau
j’ai vu des visages aimés
perdre peu à peu leur lumière
alors que le sable les recouvrait
sable et temps
partagent la même sécheresse
nous faisons halte dans un petit village
et ne repartons jamais plus
le jour de la fête une mélancolie
s’abat sur les soldats qui doivent défiler
les livres d’histoire brûlent au crépuscule
le bal se termine à minuit
*
le froid s’annonçait dans sa pauvreté
les voitures creusaient des ornières
dans les strates de feuilles mortes
et les anges parlaient à voix basse
la nuit plus présente et plus forte
apportait du sable dans les esprits
je voyais les gens passer
comme des flocons de neige
l’avenir est vide de projet
mes regrets sont plus doux que du velours
l’amour est loin bien loin derrière les collines
mais les grandes villes enfumées
ont aussi la beauté des histoires jaunies
sur les vieilles cartes postales
que la neige a oublié de recouvrir
est-ce que tu peux nous dire ce qui t'a amené à souder les quatrains ?
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par dh, lundi 20 avril 2015, 15:39 (il y a 3508 jours) @ catr
il me semble que les versions en quatrains sont plus faciles à lire.
j'ai soudé les quatrains pour ajouter du mystère et de l'indécision dans la lecture, pour que le lecteur fasse plus d'efforts pour comprendre.
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par catr , lundi 20 avril 2015, 15:49 (il y a 3508 jours) @ dh
n'est-ce pas le fond qui devrait alors être travaillé afin que la lecture aspire le lecteur dans ses profondeurs ?
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par dh, lundi 20 avril 2015, 15:53 (il y a 3508 jours) @ catr
travailler le fond change aussi la forme, et vis versa, à mon humble avis.
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par catr , lundi 20 avril 2015, 16:06 (il y a 3508 jours) @ dh
il y a une part de moi qui y trouve un danger réel, mais une perte, principalement. c'est un peu comme si tu avais peur que le poème décide et te mène, et c'est exactement ce qu'il devrait faire, pour t'amener "ailleurs", vers ce que tu ne contrôles pas, ce que tu ne sais pas encore et que justement le poème voudrait ou aurait à te faire rencontrer... tu me suis ?
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par dh, lundi 20 avril 2015, 16:11 (il y a 3508 jours) @ catr
figue, le retour
par Ecrire, lundi 20 avril 2015, 17:18 (il y a 3507 jours) @ catr
J'aime assez cette idée. Surtout si on y adjoint un soupçon de figue.
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par catr , lundi 20 avril 2015, 15:52 (il y a 3508 jours) @ dh
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par dh, lundi 20 avril 2015, 15:54 (il y a 3508 jours) @ catr
Spectrum
par catr , lundi 20 avril 2015, 16:26 (il y a 3508 jours) @ dh
les veines bleues et beiges parcourent la main et la prairie
je me suis éloigné des bords de l’eau et j’ai vu des visages aimés
perdre peu à peu leur lumière alors que le sable les recouvrait
sable et temps partagent la même sécheresse
nous faisons halte dans un petit village et ne repartons jamais plus
le jour de la fête une mélancolie s’abat sur les soldats qui doivent défiler
les livres d’histoire brûlent au crépuscule le bal se termine à minuit
*
le froid s’annonçait dans sa pauvreté les voitures creusaient des ornières
dans les strates de feuilles mortes et les anges parlaient à voix basse
la nuit plus présente et plus forte apportait du sable dans les esprits
je voyais les gens passer comme des flocons de neige
l’avenir est vide de projet mes regrets sont plus doux que du velours
l’amour est loin bien loin derrière les collines mais les grandes villes enfumées
ont aussi la beauté des histoires jaunies sur les vieilles cartes postales
que la neige a oublié de recouvrir
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les lampes rondes et orangées posées sur les tables d’ivoire jauni,
les veines bleues et beiges parcourent la main et la prairie.
je me suis éloigné des bords de l’eau et j’ai vu des visages aimés
perdre peu à peu leur lumière alors que le sable les recouvrait.
sable et temps partagent la même sécheresse.
nous faisons halte dans un petit village et ne repartons jamais plus.
le jour de la fête une mélancolie s’abat sur les soldats qui doivent défiler.
les livres d’histoire brûlent au crépuscule, le bal se termine à minuit.
*
le froid s’annonçait dans sa pauvreté, les voitures creusaient des ornières
dans les strates de feuilles mortes et les anges parlaient à voix basse.
la nuit plus présente et plus forte apportait du sable dans les esprits,
je voyais les gens passer comme des flocons de neige.
l’avenir est vide de projet. mes regrets sont plus doux que du velours ;
l’amour est loin, bien loin derrière les collines, mais les grandes villes enfumées
ont aussi la beauté des histoires jaunies sur les vieilles cartes postales
que la neige a oublié de recouvrir.
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les lampes rondes et orangées posées sur les tables d’ivoire, les veines bleues et beiges parcourent la main et la prairie. je me suis éloigné des bords de l’eau et j’ai vu des visages aimés perdre peu à peu leur lumière alors que le sable les recouvrait. sable et temps partagent la même sécheresse. nous faisons halte dans un petit village et ne repartons jamais plus. le jour de la fête une mélancolie s’abat sur les soldats qui doivent défiler. les livres d’histoire brûlent au crépuscule. le bal se termine à minuit.
le froid s’annonçait dans sa pauvreté, les voitures creusaient des ornières dans les strates de feuilles mortes et les anges parlaient à voix basse. la nuit plus présente et plus forte apportait du sable dans les esprits, je voyais les gens passer comme des flocons de neige. l’avenir est vide de projet, mes regrets sont plus doux que du velours ; l’amour est loin, bien loin derrière les collines, mais les grandes villes enfumées ont aussi la beauté des histoires jaunies sur les vieilles cartes postales que la neige a oublié de recouvrir.
...
Spectrum
par catr , lundi 20 avril 2015, 16:28 (il y a 3508 jours) @ catr
Spectrum
par julienb , lundi 20 avril 2015, 16:32 (il y a 3508 jours) @ catr
Spectrum
par catr , lundi 20 avril 2015, 16:43 (il y a 3507 jours) @ julienb
Spectrum
par catr , lundi 20 avril 2015, 16:47 (il y a 3507 jours) @ catr
c'est le point fort qu'il ne se voit pas...
précision
par catr , lundi 20 avril 2015, 16:33 (il y a 3508 jours) @ dh
précision / ajout
par catr , lundi 20 avril 2015, 16:57 (il y a 3507 jours) @ catr
précision / ajout
par dh, lundi 20 avril 2015, 17:02 (il y a 3507 jours) @ catr
il ne faut pas te priver d'en écrire si tu as envie !
précision / ajout
par catr , lundi 20 avril 2015, 17:12 (il y a 3507 jours) @ dh
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par julienb , lundi 20 avril 2015, 15:41 (il y a 3508 jours) @ dh
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par dh, lundi 20 avril 2015, 15:43 (il y a 3508 jours) @ julienb
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par julienb , lundi 20 avril 2015, 15:45 (il y a 3508 jours) @ dh
Tu as essayé beaucoup d'éditeurs, même les "petits" ?
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par dh, lundi 20 avril 2015, 15:47 (il y a 3508 jours) @ julienb
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par catr , lundi 20 avril 2015, 15:58 (il y a 3508 jours) @ julienb
oui, c'est découpé comme les mesures d'une portée
c'est le but
il y a une dizaine d'années dh forçait la cassure du vers, ce qui faisait immanquablement trébucher la lecture, obligée à la lenteur et proche d'une partition de Satie (moi j'attendais l'arrivée de Debussy... mais il est arrivé dans les mains de Florian.. où rêve-t-il, d'ailleurs? )
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par dh, lundi 20 avril 2015, 16:04 (il y a 3508 jours) @ catr
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par julienb , lundi 20 avril 2015, 16:17 (il y a 3508 jours) @ dh
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par dh, lundi 20 avril 2015, 17:00 (il y a 3507 jours) @ julienb
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par Lectrice :)) :)) :)), lundi 20 avril 2015, 18:02 (il y a 3507 jours) @ dh
Je trouve vraiment très chouette cette idée dh
Je l'avais pas eut celle-là :))
En admettant, peut-être faudra-t-il que tu l'as développes en 2 ou 3 lignes en début de recueil (j'ai horreur de ce mot. Il rime trop avec cercueil :)) pour guider le lecteur
Message privé :))
Grand merci aux Poètes qui ont le rire au bout de la plume :))
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par catr , lundi 20 avril 2015, 18:34 (il y a 3507 jours) @ Lectrice :)) :)) :))
le livre est censé dépasser cette étape, en fait le livre existe quand l'écriture s'est affranchie de cela.
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par julienb , lundi 20 avril 2015, 18:35 (il y a 3507 jours) @ catr
catrine, claire, jude...? un avis ?...
par jude, vendredi 24 avril 2015, 10:16 (il y a 3504 jours) @ dh
des veines bleues et beiges parcourent la main, la prairie
je me suis éloigné des bords de l’eau; j'ai vu les visages aimés perdre peu à peu leur lumière que le sable recouvrait
sable et temps partagent la même sécheresse
le jour de la fête une mélancolie s’abat sur les soldats qui doivent défiler
nous faisons halte dans un petit village et ne repartons jamais plus
sable et temps partagent la même sécheresse
les livres d’histoire brûlent au crépuscule
le bal se termine à minuit
Voilà ce que je lis dans le poème . Pour moi, il gagnerait à raconter davantage une histoire, un cheminement, son cheminement? Mais c'est tout à fait personnel tout comme ma remarque sur le deuxième poème: je ne peux rien en dire parce que la vision qu'il développe me reste étrangère. Cela n'ôte rien à sa valeur propre!
Contraintes vous avez dit contraintes :))
par Lectrice :)) :)) :)), lundi 20 avril 2015, 16:21 (il y a 3508 jours) @ dh
C'est grâce aux contraintes que tu t'imposes qu'il est facile de différencier (surtout sur Internet :))une poésie dite libre d'un ersatz poétique.
Tes poésies sont toujours hyper chiadées :))
Comme souvent aussi certain de tes commentaires -les plus courts :))- qui me font MEGA EXPLOSER DE RIRE
Les contraintes des alexandrins et petits cousins sont aussi mais d'autres contraintes :))
2 anciens poèmes récupérés et mis dans mon recueil.
par zeio , lundi 20 avril 2015, 17:46 (il y a 3507 jours) @ dh
Prière du soir
Lorsque tout bruit était muet dans la maison,
Et que mes sœurs dormaient dans des poses lassées
Aux fauteuils anciens d'aïeules trépassées,
Et que rien ne troublait le tacite frisson,
Ma mère descendait à pas doux de sa chambre ;
Et, s'asseyant devant le clavier noir et blanc,
Ses doigts faisaient surgir de l'ivoire tremblant
La musique mêlée aux lunes de septembre.
Moi, j'écoutais, cœur dans la peine et les regrets,
Laissant errer mes yeux vagues sur le Bruxelles,
Ou, dispersant mon rêve en noires étincelles,
Les levant pour scruter l'énigme des portraits.
Et cependant que tout allait en somnolence
Et que montaient les sons mélancoliquement,
Au milieu du tic-tac du vieux Saxe allemand,
seuls bruits intermittents qui coupaient le silence,
La nuit s'appropriait peu à peu les rideaux
Avec des frissons noirs à toutes les croisées,
Par ces soirs, et malgré les bûches embrasées,
Comme nous nous sentions soudain du froid au dos !
L'horloge chuchotant minuit au deuil des lampes,
Mes sœurs se réveillaient pour regagner leur lit,
Yeux mi-clos, chevelure éparse, front pâli,
Sous l'assoupissement qui leur frôlait les tempes;
Mais au salon empli de lunaires reflets.
Avant de remonter pour le calme nocturne,
C'était comme une attente inerte et taciturne,
Puis, brusque, un cliquetis d'argent de chapelets...
Et pendant que de Liszt les sonates étranges
Lentement achevaient de s'endormir en nous,
La famille faisait la prière à genoux
Sous le lointain écho du clavecin des anges.