Premier discours
par Cerval , lundi 27 avril 2015, 21:33 (il y a 3500 jours) @ Cerval
Deuxième discours
par Cerval , lundi 27 avril 2015, 21:33 (il y a 3500 jours) @ Cerval
Troisième discours
par Cerval , lundi 27 avril 2015, 21:34 (il y a 3500 jours) @ Cerval
Ouverture/ fermeture
par Ecrire, mardi 28 avril 2015, 10:10 (il y a 3500 jours) @ Cerval
Le langage est accessible, mais exige un engagement soutenu dans la lecture. Sous le friselis léger des signes, on rencontre (parfois se heurte à) la densité du sens.
J'ai lu quelques textes depuis les premiers apparus sur le site. J'y retrouve chaque fois cette double dialectique "douceur / rugosité, ouverture / fermeture".
Je risque une image : le texte s'ouvre à la façon d'une huitre, laisse apparaitre une perle et se referme.
Interlude
par Cerval , lundi 27 avril 2015, 21:35 (il y a 3500 jours) @ Cerval
Je n'ai jamais pensé comme ça dieu merci
J'ai un iphone, un ipad, un kindle, des lunettes, un métier. Un salaire.
Je suis économiquement intégré dans la société française.
"la société, c'est la fin de l'imagination". je dois cette parole à une connaissance sans imagination : la mienne.
J'ai :
1) un numéro de sécurité sociale
2) une mutuelle
3) une carte d'identité
4) un iphone
5) un ipad
6) un macbook.
Les MacBooks ne font pas les bons écrivains, mais font les bons MacBooks. Je dois à Segalen cette sagesse orientale. Je dois à mon père la Connaissance de l'Est.
Mes belles connaissances, je les ai perdues. Je ne me connais que par ouïe-dire.
La nuit m'est un plafond trop peint.
Première parole
par Cerval , lundi 27 avril 2015, 21:38 (il y a 3500 jours) @ Cerval
le contraire de lui prend son temps
c'est à rebours de soi
des feuillets se détachent du cahier verbal
Ô vent
un ruban dénoué
s'ouvrir au milieu
de sa bouche
tous les mots à ses pieds
elle est au milieu d'une phrase renversée
(elle ne comprend plus rien. elle reste immobile à regarder les carreaux où la lumière se reflète, reste muette ; peut-être qu'elle surveille quelque chose, n'emportez pas son corps)
l'une après l'autre elle allume les cigarettes
la bouche longtemps reste coite
je l'ouvre.
un soleil derrière les carreaux immenses prend son temps et vous respire, à s'en ouvrir les yeux. par le circonstancié de l'instant on aurait pu croire à une duperie. mais la raison s'en précisa. les contours montèrent comme on se réveille. est-ce qu'elle est de l'autre côté du miroir ? un miroir est comme un roman ouvert au hasard, laissez-en tourner les pages le vent, il l'écrira mieux qu'à ma place. elle a décidé de se défaire de toutes ses raisons, ces progénitures de son pas en forment le souvenir émouvant. elle est peut-être déjà dans la mémoire. il est des moments lorsqu'on les vit qui se présentent avec le geste de la remémoration, c'est une façon de l'éclairage, cet angle mental à la lumière.
peu à peu les émotions tombent comme des feuilles. il y a quelque chose de très doux à ses pas comme si une partie du sol s'y précipitait. elle vérifie, les branchages sont à leurs places, les ombres à l'étiage d'elles-mêmes, le tissu noble de la matière. ce perpendiculaire du corps et de la rue scande le pouls du jour. elle est à son propre poignet. tout est suffisamment tranquille pour que son silence se remarque. on se retourne en soi, elle ne fait pas attention à eux.
elle prend son temps et une respiration. je m'accorde.
elle dit
"je ne sais pas trop
la vie autrement qu'au hasard"
je la crois sur parole
sa voix a de belles épaules
elle me demande si j'ai du feu
elle allume sa cigarette avec un geste qui lui demande pardon
bonsoir
et remet le v
ent à ses chev
eux
ses gestes possèdent leurs propres corolles
qui est le temps de la répétition mentale
alors très fort, elle ferme les yeux
tous les mots sur un piano
elle sourit et tombe sur ma pensée
comme un soleil descend les collines
Deuxième parole
par Cerval , lundi 27 avril 2015, 21:38 (il y a 3500 jours) @ Cerval
je t'ai attendue des jours et des jours, et je croyais que c'était ça ma vie, ce regard fébrile porté sur les choses, comme si elles allaient tout à coup se mettre à chanter, en déclinant leurs noms leurs fonctions. la chaise d'une voix fluette dira qu'elle est celle où je m'assieds aux frémissements de ta venue, la table dira qu'elle m'y a vu rouler des cigarettes en m'imaginant fumer devant toi, le lit dira... le lit... (il dira qu'il en a vu inventer des châteaux cernés par les douves de l'imagination et dedans des animaux bizarres et flous qu'on ne trouve que dans les souvenirs des rêves). et moi je dirai : je t'ai attendue des jours et des jours et j'oubliais finalement que je finissais par attendre, j'oubliais la vie de t'y oublier pouvoir paraître aussi ne la regardai-je que par à-coups, aussi la laissai-je souvent chez moi, sur la table... une vie sans odeur... puis tu es venue comme une larme au milieu de la joue (sans que l'on y prisse garde) et voilà que tout se range sous mes ongles éclos, que mes mains ont soif des objets, mes cheveux du vent... voilà...
Troisième parole
par Cerval , lundi 27 avril 2015, 21:39 (il y a 3500 jours) @ Cerval
ce qui est très important, c'est que tu allumes tes cigarettes avec un geste qui semble vouloir dire pardon et que dans tes cheveux il y a tous les octaves de la lumière emmêlés et je prends plaisir à te voir ordonner le matin, devant ton miroir, cette partition. ce qui est important c'est que ta petite main blanche soit dans la mienne une pierre qui brille dans le feu du tamis... et à la fois le lièvre qui palpite dans la poitrine de sa course.
Propos corollaire
par Cerval , lundi 27 avril 2015, 21:42 (il y a 3500 jours) @ Cerval
Ce serait peu. La vie est là au pas de sa porte : on s’y essuie les pieds, par dédain ; on fait toutes sortes de choses par dédain, on irait presque jusqu’à se tuer ; puis on regrette. Si on agit, c’est qu’il est trop tard. Lorsque je fais quelque chose c'est parce qu'elle aurait pu être différente, c'est pour cela que je m'y commets. Mais on ne peut juger que sur pièces. Le possible après l’action ne fait pas partie des raisons soupesables. L’imagination de sa vie ne regarde personne, souvent même on voit des gens qui l’abandonnent au sommeil. Alors on finit par se sentir vieillir. Comme notre représentation du temps est discrète on s’imagine le vieillissement graduel, mais cela arrive tout au coup du moment où l’on en prend conscience. Un jour, on doit prendre en compte ce qui a été fait, même si fait parce qu’il semblait ne pouvoir être rien d’autre que fait. On laisse à l'imagination le liseré d'une séquence de gestes. Pour juger on apporte ses propres pièces, dont on ne pourra plus se défaire. Ah! ce n'est pas un gai. Mais ce n'est un évènement qu'au sens mécanique, ce n'est pas réellement un évènement. Tant de choses réelles arrivent: des choses on ne peut que prendre le parti.
C'est pour cela que j'ai mis tant d'application à être amoureux. Le temps est la seule monnaie qui trouve cours aux doigts des honnêtes gens. On ne fait pas meilleur usage de son temps que dans l'amour où il n'y a plus de temps propre. Si l'alternance des jours et des nuits est par la fenêtre un métronome comme un autre, la pensée elle peut très bien changer de soleil. Ce n’est pas dire penser toujours à quelqu’un mais convenir de sa présence devant l’estrade où l’on agit. Et précisément quand cela n’a rien à voir avec lui, ou lorsqu’il s’agit de perdre son temps, si cela vous chante. Le temps perdu devant une autre mesure que la sienne rebondit comme la lumière sur le miroir. Quand on est amoureux, on ne peut plus vieillir.
Tout change lorsqu'on surveille son âge. Chacun finit par se sentir vieillir. Le passé se raidit comme un squelette alors que l'instant d'avant on voyait les os courir comme de l'eau. Il n'y a pas à être triste : ce qu'on connait déjà, ce n'est pas triste ; tout au plus, c'est de l'ennui. Il n'y a pourtant pas plus aberrant qu'une vie ennuyeuse.
Fin
par Cerval , lundi 27 avril 2015, 21:43 (il y a 3500 jours) @ Cerval
il y a tes mains
dans mes mains
il y a tes mains
dans-mes-mains-il-y-a-tes-mains
il-y-a-tes-mains-dans-mes-mains
mais c'étaient mes mains un ciel ouvert comme une robe tombée
sur demain avec un bruit de printemps, le vent passé dou
-cement sur les trottoirs, le carillon des cellules dans le corps
et les yeux comme des fenêtres soupirent
grands-grands-grands-grands
comme des fenêtres s’ouvrir
dans-mes-mains-il-y-a-tes-mains
il y a tes mains dans mes mains
Fin
par julienb , mercredi 29 avril 2015, 09:13 (il y a 3499 jours) @ Cerval
Pas de surenchère d'images, mais celles qu'il y a sont d'une poésie inouïe. Bravo !
L'incipit
par dh, mardi 28 avril 2015, 07:27 (il y a 3500 jours) @ Cerval
on dirait du paul valery de monoprix.
L'incipit
par Cerval, mardi 28 avril 2015, 14:06 (il y a 3500 jours) @ dh
L'incipit
par julienb , mardi 28 avril 2015, 16:19 (il y a 3500 jours) @ Cerval
critique littéraire au rabais
par Claire, mardi 28 avril 2015, 14:23 (il y a 3500 jours) @ dh
et puis comme tu te places dans le terrain de la comparaison, on ne peut pas s'empêcher d'y voir de la jalousie.
critique littéraire au rabais
par julienb , mardi 28 avril 2015, 16:18 (il y a 3500 jours) @ Claire
critique littéraire au rabais
par Claire, mardi 28 avril 2015, 16:27 (il y a 3500 jours) @ julienb
ceci dit je crois que denis est vraiment cultivé. mais raison de plus de faire quelques efforts.
critique littéraire au rabais
par dh, mardi 28 avril 2015, 19:41 (il y a 3499 jours) @ Claire
critique littéraire au rabais
par julienb , mardi 28 avril 2015, 19:46 (il y a 3499 jours) @ dh
Que vaudrait du sous Paul Valéry de Biocoop ?
critique littéraire au rabais
par dh, mardi 28 avril 2015, 21:19 (il y a 3499 jours) @ julienb
critique littéraire au rabais
par Claire, mardi 28 avril 2015, 21:24 (il y a 3499 jours) @ dh
critique littéraire au rabais
par julienb , mardi 28 avril 2015, 21:43 (il y a 3499 jours) @ Claire
Fr. Cheng, très bien.
erratum
par Claire, mardi 28 avril 2015, 21:51 (il y a 3499 jours) @ Claire
erratum
par julienb , mardi 28 avril 2015, 22:11 (il y a 3499 jours) @ Claire
erratum
par Claire, mardi 28 avril 2015, 22:22 (il y a 3499 jours) @ julienb
erratum
par julienb , mardi 28 avril 2015, 22:27 (il y a 3499 jours) @ Claire
(Sorry, Cerval, pour ces divagations, j'aime bien ton Interlude).
critique littéraire au rabais
par zeio , mercredi 29 avril 2015, 03:10 (il y a 3499 jours) @ dh
Karl Ove Knausgaard
Lu ici : http://bibliobs.nouvelobs.com/rentree-litteraire-2014/20140919.OBS9702/karl-ove-knausgaard-j-ai-cree-un-monstre-que-je-ne-controle-plus.html
L'incipit
par julienb , mercredi 29 avril 2015, 09:04 (il y a 3499 jours) @ dh
L'incipit
par Claire, mardi 28 avril 2015, 21:59 (il y a 3499 jours) @ Cerval
La critique littéraire ici est parfois abyssale.
Ceci dit je n'aime pas tellement ce style-là, question de goût.
L'incipit
par Cerval , mardi 28 avril 2015, 23:11 (il y a 3499 jours) @ Claire
L'incipit
par Cerval , mardi 28 avril 2015, 23:12 (il y a 3499 jours) @ Cerval
L'incipit
par Cerval , mardi 28 avril 2015, 23:12 (il y a 3499 jours) @ Cerval
L'incipit
par julienb , mardi 28 avril 2015, 23:19 (il y a 3499 jours) @ Cerval
L'incipit
par Cerval , mercredi 29 avril 2015, 01:10 (il y a 3499 jours) @ julienb
L'incipit
par dh, mercredi 29 avril 2015, 07:56 (il y a 3499 jours) @ Cerval
L'incipit
par julienb , mercredi 29 avril 2015, 08:53 (il y a 3499 jours) @ dh
Sinon, et sans plaisanterie, je me disais que l'un et l'autre (Cerval et dh), vous aviez qq chose de Robert Walser. Le désenchantement ou le détachement, la mise à distance des choses et du monde, la douceur et la fluidité, un truc un peu suranné...
L'incipit
par catr, mercredi 29 avril 2015, 14:13 (il y a 3499 jours) @ Cerval
il en ressort une grande délicatesse, d'attention, de présence, et ..
quelque chose d'une certaine candeur... peut-être un tout petit peu trop ? j'hésite...
je crois que j'aime surtout le ton et le fond des textes et les parties dites paroles
L'incipit
par Armor , mercredi 29 avril 2015, 15:16 (il y a 3499 jours) @ catr
L'incipit
par catr, mercredi 29 avril 2015, 15:25 (il y a 3499 jours) @ Armor
et même, les pépites sont vivantes et palpitent doucement
autre chose encore, j'ai, à lire ces textes, une sensation de rivière souterraine, d'une eau de parfaite transparence
L'incipit
par Armor , mercredi 29 avril 2015, 15:30 (il y a 3499 jours) @ catr
L'incipit
par catr, mercredi 29 avril 2015, 15:38 (il y a 3499 jours) @ Armor
L'incipit
par Lectrice :)) :)) :)), jeudi 30 avril 2015, 07:10 (il y a 3498 jours) @ Cerval
Lectrice :))