une photo (correction)

par Claire @, samedi 19 juillet 2014, 14:44 (il y a 3568 jours) @ Claire

Il y a une colonne
pour supporter la galerie couverte
une cour dallée - un arc en plein cintre.

et la fillette floue
tournée de l’autre côté
qui lève le bras.

Tout ce qui était là, dans la lumière fossile du jour
a déjà disparu quand tu revois la photo :
mais l’architecture
et la paroi des vitres,
d’où coulait vers l’intérieur cette lumière de fin de journée
(membrane transparente qui définit l’intérieur)
persistent sans doute,
existent encore.

la cour n’est pas isolée vraiment
il y a un passage.

l’intimité se développe dans la tête.

dans ta tête se développe l'histoire
de la fillette floue et de son petit chien
qu'elle était allée promener ce jour-là
par les rues intimes de sa ville,
vers cette cour qu'elle connaît depuis toujours,
passant sous l'arc en plein cintre.

Ville où peut-être
vivent ses grand-parents paternels
depuis les années soixante.

ils passaient une heure calme
dans ce qui était autrefois un café
de temps en temps, derrière ces vitres
assis à parler dans cette pièce sombre
qu'on devine -
où elle n'est jamais entrée.

Et tout en parlant ils regardaient dehors
c'était - qui sait ? - le printemps,
fixant sans le voir
l'espace où se tiendraient
quarante ans plus tard
leur petite-fille
et son chien.



°°°°°°°°°°°°°°



Il y a une épaisse colonne
qui supporte la galerie, une cour
dallée, un arc en plein cintre.

un punk avec son chien - flou
est tourné de l’autre côté
lève à demi le bras droit.


Tout ce qui était là, plongé
dans la lumière fossile du jour
a déjà disparu, lorsque tu regardes -
mais la paroi fragile des vitres
d’où coulait vers l’intérieur
la lumière de fin de journée
(membrane transparente qui contient l’intérieur
protège l’air de la pièce)
elle persiste sans doute, elle existe.

la cour n’était pas isolée vraiment
tu es venue par un passage
depuis la rue - l’intimité s'
est développée, construite dans ta tête.

Dans ta tête commence l'histoire
du garçon et de son chien
qui avaient erré tout ce jour
par les rues de la ville
vers cette cour retirée qu'il
ne connaît pas, passant - presque seul
sous l'arc en plein cintre.

Ville où il le savait, autrefois
avaient vécu ses grand-parents maternels
depuis la fin des années soixante.

Passant une fin d'après-midi
derrière ces vitres, assis à parler
dans cette pièce qu'on devine,
qui était alors un vieux café -
où lui n'est jamais entré.

et tout en parlant ils regardaient
au dehors ; c'était, peut-être,
le printemps.....fixant sans le voir
l'espace vide où se tiendraient
quarante ans plus tard, dérivants, leur
petit-fils ivre et son chien.

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