Naissance

par FF, mercredi 13 mai 2015, 21:54 (il y a 3484 jours)

Et puis j'ai fait un rêve.
Ma fille naissait sans jambes.
A l'hosto, j'offrais une laisse à sa mère.
Après, elle n'avait qu'à se démerder.
Pour la traîner derrière elle.

En attendant qu'elle naisse.
Je laisse pourrir la nourriture.
Dans le frigo.
J'ai d'autres choses à penser.
Qu'à un peu de moisissure sur une pomme.

Le soir, je regarde.
Un téléfilm.
Et j'oublie que la question.
Du bonheur.
N'est pas la même.
Pour tout le monde.

whou..

par rebirth, mercredi 13 mai 2015, 23:49 (il y a 3484 jours) @ FF

ça pèse son juste poids de vécu bien poisseux, bien senti.

L'homme égaré est attiré par les crêperies

par Anonyme, jeudi 14 mai 2015, 14:10 (il y a 3484 jours) @ rebirth

Un homme, quoi que profondément affamé, erre, sans chapeau, vers ce qui le brûle (à la manière d’un obèse), en pensant le moins possible. Quand bien même il pense peu, il se sent un appétit de démiurge, ne serait-ce que par les relents gastriques, palpitations des papilles aux abords des restaurants qu’il aime tant, croyant tous les connaître ; aimant la bonne chère, malgré ses caprices inhérents, et reniflant, énormément, malgré les creux intérieurs qu’il s’inflige. C’est par automatisme qu’il s’agite dans la nuit et qu’il passe ; les restaurateurs qui le regardent ne voient guère autre chose en lui qu’un affamé comme il y en a tant d’autres. Les uns, bruyants, cherchent par on ne sait quelles techniques habilement maîtrisées, à multiplier la faim qu’ils attisent. D’autres ont rendu les armes devant la vanité du combat. Une faim de loup, se dit-il, tandis qu’il s’impatiente et observe, avec mélancolie, la devanture lumineuse d’une crêperie construite et pensée pour les affamés comme lui, qui attendent leur tour avant de franchir les passages cloutés. Quartier libre ! pensa t-il, avant de vérifier que son téléphone portable était toujours correctement positionné dans sa poche gauche. La principale utilité des crêperies est de nous contenter, se dit-il. C’est pourquoi leur absence nous inquiète. C’est pourquoi je vérifie. Des réflexions délicieuses et pleines de vigueur émergeaient de là où il décida de se restaurer. Il sentait bien une inquiétude, mais n’ayant pu mettre le doigt sur la cause primitive de ses anxiétés, il avait laissé tomber. Il se laissait comme happer par la crêperie et, de fait, commençait à se régaler de son choix, lequel de façon lancinante le rapprochait d’une petite mort lente, silencieuse et désuète. A la lumière des réverbères, la devanture ancienne prenait une teinte orange qu’elle ne possédait pas le jour. Elle aurait pu être verte, ou bleue, ou d’une quelconque couleur, mais il fallu qu’elle soit entièrement orange. Dans son esprit, la nuit désormais ne pouvait prendre une autre teinte que l’orange et la mélancolie suivait le pas de ses rêveries, multiples et non dénuées de profondeur. Une marée montante de petits stimuli insignifiants mais en grand nombre se hissaient jusqu’au chef qu’il s’était juré de contenter, quand bien même c’est son estomac qu’il allait remplir. Car celui-ci ne pouvait se taire au-dedans. Il ne pouvait plus s’appesantir non plus, n’ayant plus la force pour cela. Il sentait bien pourtant que la clef de son bonheur résidait dans le silence.

Naissance

par Ecrire, jeudi 14 mai 2015, 14:16 (il y a 3484 jours) @ FF

Où l'on apprend qu'un téléfilm peut se substituer avantageusement à l'abus de boisson. A telle enseigne qu'il s'avère apte à distraire l'esprit de l'une des questions les plus lancinante qui soit.

Naissance

par Claire, samedi 16 mai 2015, 00:04 (il y a 3482 jours) @ FF

plus je relis et plus ça me touche, comme le doigt d'une réalité que je n'aurai jamais à connaître, mais que je peux quand même percevoir et presque partager.