Journal de mes Paysages n°2 est sorti !

par cloud, mardi 26 mai 2015, 06:47 (il y a 3472 jours) @ Rémy

Bonjour Rémy,
on vend le numéro 8euros. C'est un peu délicat de choisir un ou plusieurs extraits, puisque c'est une sorte de journal commun, composé de poèmes, de notes, de fragments assez intimes... nous essayons de faire en sorte que le numéro forme dans son ensemble un témoignage humain, à rebours des revues qui donnent à lire des poèmes dont les auteurs soient fiers, considèrent comme 'achevés'. Je vais quand même tenter le coup.

Voici un texte d'ilex que tu as peut-être déjà eu lu sur le bleu à l'époque :

"C’est là que le Hérisson brèche entre les falaises
strates et strates et strates et blocs
et cascade de l’Eventail.
Très fort en hiver et large
le vacarme croule derrière les foyards
et raide le sentier
verglacé,
source tuffeuse et quelques stalactites
d’eau glacée.

Juste à l’amont de la chute,
sous-bois,
calme blanc et noir et jaune-vert de lumière et de mousse
et vert d’huitre de l’eau,
reflets.

Juste à l’amont de la chute
après la passerelle
chercher à l’aplomb du vide
inaccessible en contrebas
un grand if toujours vert en rive gauche
l’écorce rouge lanièrée sur le tronc droit,
c’est pour le souvenir d’elle
un très bel endroit.

Juste après les cendres après les fleurs,
couleurs,
(et certaines sont restées
accrochées dans le vert
sur l’if,
et nous sur la corniche
penchés)
juste après,
la tempête de neige s’est levée
et tout a convergé
l’eau de la terre en cascade
celle du ciel à gros flocons
et même un grand héron
d’en bas s’est déployé
a remonté le torrent
dans l’abri des falaises
un instant dans le blanc
a tournoyé.

Je te serre dans mes bras,
mon frère,
c’est un très bel endroit."


Et voici deux petits poèmes de Fabrice Farre que j'aime aussi beaucoup !

"Compte


La lampe s'éteint, le soir entre en crue
passe et disperse les objets qui tenaient
dans la raison. Il n'y a donc plus aucune
ligne de survie. On cherche à la hâte un appui
qui ait la forme capable de restituer
nos biens parmi lesquels nous comptons."


"Adjectif

Le matin tourne en boule
l'été touche à l'automne
dans nos peignoirs sans motifs
à neuf heures moins le quart
le café ne se sucre pas
la cuiller tinte, l'alarme
intime nos regards
c'est en heures que nous
nous connaissons. En années
nous serions des graines dans le vent. Sur
le bord de la tasse le café trace un serpent :
il glisse quand remonte la pomme d'Adam.
C'est un matin où nous craignons l'adjectif."


Il y a aussi des photos, et deux dessins d'Emile Cerf, un ami de Martin Wable qui dirige la revue avec moi, que tu peux voir ici (page de droite):
http://issuu.com/emilecerf/docs/20150203132352


Voilà, j'espère que ca piquera ta curiosité en tout cas.

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