[nuit] — nue
nue — nuées / nudifiée
un auteur a écrit sur la "présence pure" et c'est si beau à lire. on y sent toute l'attention précise, la concentration dans le moment qui devient presque absolu. mais le merveilleux véritable se cache dans le retrait inévitable de soi-même pour une telle observation de pleine présence, puisqu'il n'y a aucun autre moyen que ce paradoxe pour la révéler. en lisant, je me sentais si proche que j'adressai la parole à l'auteur... dans la pièce où j'étais seule avec le livre. où je n'étais pas seule puisque j'étais avec ce livre — ou n'était-ce pas plutôt ce livre qui m'accompagnait ? mais lisant, chaque phrase m'était déjà connue, connue de connaissement plein, d'entendement, et j'avais le sentiment que le livre m'appartenait dans son contenu, que j'étais mêlée à lui, tenue par, nue dans les pages. puis avançant de chapitre en chapitre, je pris conscience que les pages du livre étaient — quoi que dans la volonté d'éclairer — telles des nuées, des nuées qui de pages en pages révélaient d'autres nuées, des pensées vaporeuses, glissant les unes sur les autres, les unes après les autres comme les nuées glissent sur le vent et sous les astres. et je ne reconnaissais plus.
assise à lire dans mon corps présent, j'ai surpris mon esprit qui se figurait être debout parmi le moutonnement des métaphores et confidences de l'auteur, mon esprit qui regardait au-dedans comme au travers les nuées pour apercevoir l'éclat d'abord fugace puis clignotant d'un astre — qui n'a pas guetter l'apparition des premières étoiles de la nuit ? —. puis je fus réellement debout tendue vers l'espace et la nuit, à attendre dans cet état détaché et patient, oublieux à lui-même, goûtant peu à peu et de plus en plus la pénombre lente a tomber, a descendre, a rejoindre cette portion de monde et de ciel, cette présence plus que profonde à laquelle et de manière naturelle mon esprit se lie. ni voile ni nuée dans l'espace de ce soir là, ni glissement ni cache sous ce plein espace ouvert, qu'un feu ténu dans ma poitrine pour cette simple mais si vaste présence. ainsi, j'étais alors plus nue qu'on ne l'est jamais devant quelqu'un, nue dans le plus profond et détaché de mon être. nue. sans pensée. sans intention. sans attente. sans désir. ma [ nuit ] était présente à la nuit comme l'espace l'est à lui-même.
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