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par Claire, vendredi 29 mai 2015, 16:11 (il y a 3468 jours)

si j’ouvre le livre à une page au hasard, et si elle ne porte aucun signe
alors je suis du bon côté, je suis dans le bon pays
la fente d’ombre au milieu, si rectiligne
l’épaisseur de ce qui ne fut pas lu, des deux côtés
et m’enfoncer dans cette ligne d’ombre, entourée de deux plages de neige
que lisse le vent.

c’est là que je marcherai, là seulement je te verrai peut-être venir de loin
un seul visage – une seule démarche – une seule façon de sourire

le livre est celui qui contient quelqu’un,
dont toutes les pages sont l’histoire de la compréhension
l’histoire de la lignée, de ses ramifications
l’histoire du passé avec ses images et ses immenses trous d’oubli.
le livre est un pays et les bords des pages sont des frontières.
les innombrables signes sont tes coutumes, le goût des nourritures.
le livre est le pays d’un seul habitant.

devant moi, une ligne d’arbres aux branches remuées par le vent
une vieille femme en rouge qui vient vers moi
son chien en laisse.

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par cloud, samedi 30 mai 2015, 09:50 (il y a 3468 jours) @ Claire

J'aime beaucoup ce poème, mais ne serait-il pas mieux en prose ?
L'image de la fin est-elle issue d'un rêve ?

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par jude, samedi 30 mai 2015, 17:57 (il y a 3467 jours) @ Claire

Je lis là le jeu d'un enfant-narrateur-poète avec le mystère de la création, du langage. Une exploration de l'écrit, de ce qu'il peut représenter dans une vie.
Mais, d'accord avec cloud, je ne vois pas la nécessité de l'écrire en vers . Ou alors pas entièrement. Quelques vers isolés dans la prose, pour rendre visible l'approche du bord de la révélation?

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par Claire, lundi 01 juin 2015, 12:01 (il y a 3466 jours) @ jude

merci à vous deux.
Pour moi le poème met en surimpression deux types de recherches : la réflexion face à un livre (ou à une œuvre plutôt, réflexion qui peu durer des années) / l'énigme d'un être singulier qu'on a approché, qu'on connaît. Dans les deux cas, ce qui est le plus important est ce qu'on ne comprend pas immédiatement, qui reste à l'état de "trou", de blanc, de question posée.
Dans ces quêtes, ces recherches, on va "écrire" beaucoup de soi.

J'ai réfléchi à ce que vous disiez du vers, en particulier toi, cloud, qui mène me semble-t-il en ce moment un travail sur le vers que je trouve vraiment intéressant, dans sa façon de "hacher" la réalité du discours poétique pour faire surgir une émotion.
Ces vers-là ne sont pas de ce genre, ils cherchent seulement à faire percevoir une pensée qui avance pas à pas.
La prose est pour moi au servie de la rapidité, de la fluidité de la pensée et du récit.

La dernière image est une vision fugitive recueillie en voiture. Il m'a semblé que quelque chose de la réalité devait venir répondre à toute cette fantasmagorie du livre et de la rencontre intérieure.

Je vais essayer de mettre ça en vers différents, plus complexes, c'est vrai que ça coule un peu trop linéairement peut-être ..