Extrait 4 / dix jours en mai

par Écrire, lundi 08 juin 2015, 10:08 (il y a 3459 jours)

La mère avait beaucoup goûté les anecdotes du marin, ses histoires de chattes miniatures et, même si cela n'avait rien à voir, l'ancre gravée qui chaloupait sur son biceps. Des années plus tard, elle y songeait encore. La chose conservait toute la puissance de l’attrait originel. Il faut dire qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de tâter une vulve Indochinoise. D’ailleurs, elle n’avait jamais rencontré d’Indochinoise, ce qui s’avère un préalable incontournable, (quoique n’offrant aucune garantie de résultat), si l’on veut en tâter. Tout juste avait-elle eu l’occasion d’apercevoir quelques spécimens mâles en 1917 et 1940. La première fois, c'étaient des tirailleurs curieusement non Sénégalais. La seconde, des mitrailleurs d’infanterie qui rejoignaient leur bataillon. A observer ces individus, on pouvait imaginer à quoi ressemblaient leurs femmes. Il suffisait de faire disparaître les attributs masculins (annuler les rares traces de pilosité, arrondir les angles et adoucir les traits), leur faire pousser des seins et raboter leur taille de dix centimètres pour obtenir une représentation probante d'un mètre cinquante. Forcément, toutes les dimensions, y compris les caractéristiques de la plus intime anatomie, devaient être révisées à cette aune. Du moins était on autorisé à le déduire. Hélas, l'opération mentale demeurait privée des saveurs de l'expérimentation... Le tatoué, lui, avait tâté. Le hic, c'est qu'il avait aussi tâté sa progéniture avant de reprendre le large. Une fille dans chaque port, certes, mais l'observance stricte du dicton entraînait un mépris des villages auquel il n'avait pu se résoudre. Les campagnes ne permettent elles pas des escales à part entière et d'égal mérite à celles qu'offrent les stations portuaires ?

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