maison

par Claire, mercredi 10 juin 2015, 11:20 (il y a 3457 jours)

C’est une maison coupée en deux, au milieu. Entre les deux parties il y a une seule porte. La maison est belle, avec la lumière qui vient en oblique, qui entre par les hautes baies. Elle est dans un jardin, il y a une grille sur la rue. Tout le monde est passé devant une grille comme ça, devinant des arbres derrière elle. La partie la plus lumineuse de la maison j’y suis souvent, souvent seule, j’y fais ce que j’ai à faire, j’y prends du temps. Avant je passais la porte intérieure, mais depuis peu elle est fermée. La moitié arrière de la maison, je ne peux plus y aller. Elle donne sur le côté le plus ombragé du jardin.

camion

par d i v @, jeudi 11 juin 2015, 13:36 (il y a 3455 jours) @ Claire

.
























Quand on a fait de la poésie, et qu'on a cessé,
on est mort :


























.

camion

par dh, jeudi 11 juin 2015, 14:14 (il y a 3455 jours) @ d i v

c'est ton cas ?

camion

par julienb, jeudi 11 juin 2015, 14:16 (il y a 3455 jours) @ dh

son camion

camion

par zeio @, jeudi 11 juin 2015, 14:15 (il y a 3455 jours) @ d i v

camion

par Claire, jeudi 11 juin 2015, 19:18 (il y a 3455 jours) @ d i v

oui, c'est bien de ça que parle le poème.

camion

par dh, samedi 13 juin 2015, 22:12 (il y a 3453 jours) @ Claire

ah bon ? eh bien moi je ne vois pas le rapport.

camion

par Rémy @, dimanche 14 juin 2015, 00:21 (il y a 3453 jours) @ dh

Mais siiii, voyons : la pièce devenue inaccessible, c'est l'inspiration à base d'introspection.

camion

par zeio @, dimanche 14 juin 2015, 13:48 (il y a 3452 jours) @ d i v

Comme l'insecte qui se dispose à la mort après avoir déposé ses œufs.

camion

par Claire, dimanche 14 juin 2015, 13:56 (il y a 3452 jours) @ zeio

non, je ne le comprends pas de cette façon.

Pour moi, avoir découvert cet espace inconnu et puissant, y avoir découvert une autre part de soi, plus vraie, puis ne plus y avoir accès, c'est ce qui donne le sentiment d'être mort.

route

par Claire, lundi 15 juin 2015, 17:35 (il y a 3451 jours) @ d i v

« poèmes, quand on fait route avec des poèmes, voilà donc
les chemins que l'on parcourt? Sont-ce simplement des
chemins détournés, des chemins qui mènent par un détour
de toi à toi? Mais ce sont aussi, parmi d'autres chemins, des
chemins sur lesquels la parole se fait voix, ce sont des
rencontres, les chemins d'une voix en route vers un toi
qui entende, les chemins d'une créature en marche, des
projets de soi peut-être, une façon de se faire précéder de
soi pour aller au devant de soi, d'être à la recherche de
soi-même ... Une façon de rentrer chez soi, au pays. »

Paul Celan

maison

par casimir, samedi 13 juin 2015, 01:52 (il y a 3454 jours) @ Claire

Il y a un bout de temps j'ai cru comprendre que tu relatais beaucoup de tes rêves. Est-ce que c'en est un ?
C'est marrant parfois lorsqu'on parle d'un paysage, de ce que nous propose la vue (pardonne l'expression), on finit par parler de quelque chose d'intérieur et de très intime.

maison

par Claire, samedi 13 juin 2015, 20:03 (il y a 3453 jours) @ casimir

cette maison n'est pas un rêve, ce n'est pas non plus ma maison, mais une de ces maisons qu'on a tous vu, un jour, en vrai ou dans un tableau ou un film. J'aime beaucoup ton commentaire par ce que c'est ce que j'essaie d'écrire ces rencontres entre la réalité, le rêve, l'inconscient, l'art des autres. Et tu as raison : décrire au plus près ce qu'on a sous les yeux ou une image qui vient à l'esprit, c'est exprimer un vécu intérieur souvent complexe, bien mieux que si on essayait de l'expliquer.
Il y a quelques temps j'écrivais facilement et j'étais parfois surprise en relisant le poème de la façon dont tout cela s'imbriquait comme de soi-meme.
Mais d i v et toi vous avez tout saisi de celui-ci.

maison

par zeio @, samedi 13 juin 2015, 20:55 (il y a 3453 jours) @ Claire

Se regarde-t-on plus soi-même devant un miroir ou devant un paysage ?

maison

par Armor @, samedi 13 juin 2015, 20:59 (il y a 3453 jours) @ zeio

Question intéressante...les miroirs sont-ils fiables?

Dead Can Dance: géant

maison

par zeio @, samedi 13 juin 2015, 22:38 (il y a 3453 jours) @ Armor

Merci Armor. La musique accompagnée de ces images de Pina Bausch : le mariage est parfait.

maison

par Claire, samedi 13 juin 2015, 21:03 (il y a 3453 jours) @ zeio

ces rencontres dedans-dehors c'est au moment de l'écriture qu'elles s'organisent, se mettent en forme comme un puzzle. Et c'est l'inattention à soi-même qui le permet, comme elle permet que d'autres le partagent, je crois.
Ce qui est étonnant c'est que regarder la vision imaginaire qui surgit de l'émotion n'est pas du tout se regarder soi-même, c'est regarder un truc commun...je ne sais pas trop comment le dire.

maison

par Claire, samedi 13 juin 2015, 21:52 (il y a 3453 jours) @ Claire

Le problème c'est que ça ne se commande pas, cet état.

maison

par zeio @, samedi 13 juin 2015, 22:36 (il y a 3453 jours) @ Claire

Oui...
Disons qu'observer un paysage, c'est entrer dans un état d'attention sensible aux fluctuations intérieures. Les mouvements imperceptibles ou rapides des branches, et l'assemblage des couleurs, reflètent et influencent nécéssairement ces fluctuations. Dans cet état "ouvert" l'observateur et l'observé se confondent. Il ne s'agit plus d'observer une maison, mais d'être cette maison. Ce texte semble aller dans ce sens. N'es-tu pas cette maison que tu décris ?

maison

par Rémy @, dimanche 14 juin 2015, 01:03 (il y a 3453 jours) @ zeio

« Dans cet état "ouvert" l'observateur et l'observé se confondent. Il ne s'agit plus d'observer une maison, mais d'être cette maison. »

Non non, ça ce serait tenter de se synchroniser avec un objet très différent de soi - on y arrive, mais c'est un effort énorme et extraordinairement invasif. Terry Pratchett fait faire ça à Mémé Ciredutemps avec un essaim d'abeilles, c'est un tour de force et elle en ressort toute bourdonnante :-) J'ai malheureusement oublié dans quel tome.


Dans l'état "ouvert" dont tu parles, l'observateur fait partie de ce qu'il observe, rien de plus. Il y prend sa place, tout simplement, il ne se coule pas dans quelque chose d'autre.

maison

par Claire, dimanche 14 juin 2015, 10:29 (il y a 3453 jours) @ Rémy

Oui, je crois que Catrine a décrit ici un de ces états de "synchronisation". Pour moi c'est plus d'être attentif à ce qu'on a devant soi...et c'est toujours dans le souvenir de ca qu'on écrit, pas sur le moment. C'est pour ça que l'image imaginaire qui vient convient aussi. Souvenir et image imaginaire, même combat.

Je viens reprendre un poème qui disait ça :


1 : le temps du poème

la beauté est dans la rangée d’arbres
quand on conduit avec le soleil dans le dos
sur une route un jour d’automne
rayons rasants, troncs droits
tous alignés, élevés.
on suit les courbes, les plateaux et les collines
on descend dans les fonds.
on ne peut pas écrire le poème parce qu’on conduit
les arbres luisent dans le soleil derrière
leur rectitude et leur monotonie parce qu’ils ont été plantés
mais quand même
leur beauté :
arbres, images d’arbres sur le ciel veiné.
la route est grise et suit une courbe tracée depuis des siècles.
On atteint les faubourgs, l’hypermarché comme un grand corps inconscient, vibrionnant
on descend dans la ville
maisons, briques semblables aux points d’un tricot
on arrive en bas de la rue
dans le lieu où l’on peut écrire.

et quand tout a disparu
on se laisse aller à la montée des mots, à leur mouvement.

maison

par zeio @, dimanche 14 juin 2015, 13:48 (il y a 3452 jours) @ Rémy

Là dessus je suis plutôt partisan de proust ou pessoa, l'homme, ou plus précisément le poète, crée et par là même, est ce sur quoi il pose son attention de poète.

maison

par Claire, dimanche 14 juin 2015, 14:15 (il y a 3452 jours) @ zeio

je crois que vous avez raison tous les deux : pour moi l'artiste, la réalité qu'il perçoit, et ce qu'il crée - coïncident. L'émotion naît de la coïncidence.

maison

par Rémy @, samedi 13 juin 2015, 23:58 (il y a 3453 jours) @ Claire

Si, mais c'est comme être concentré, beaucoup de choses peuvent en tenir éloigné.

maison

par Claire, dimanche 14 juin 2015, 11:39 (il y a 3453 jours) @ Rémy

oui, si c'est vrai aussi quand on réfléchit à la question de la tristesse. Certaines tristesses sont comme une célébration de ce qui s'est éloigné, et elles mènent à la poésie, d'autres nous ramènent férocement à nous-mêmes et nous empêchent d'écrire.

maison

par Rémy @, dimanche 14 juin 2015, 00:13 (il y a 3453 jours) @ Claire

L'image de la maison avec des pièces accessibles ou pas est bien exploitée par Trudi Canavan dans la trilogie du magicien noir, dans les premiers tomes, quand la sorcerette apprend la magie. L'image est changée au moment où elle apprend la magie noire.

Çtumpeu de la littérature de gare, mais qui n'a jamais pris le train ? Et puis ça rencontre bien ton histoire ci-dessus.

maison

par Armor @, samedi 13 juin 2015, 21:02 (il y a 3453 jours) @ Claire

J'y vois comme un présent de lumière- présent au sens de maintenant- quand on a élagué, déraciné et incorporé les zones d'ombre.

maison

par Claire, samedi 13 juin 2015, 21:06 (il y a 3453 jours) @ Armor

ça parlait d'une demi-mort. c'est un poème venu de la tristesse, du sentiment de séparation.