- Qu'est-ce à dire ?
- Disons que... Les sondages disent que les on-dit...
- Et donc ?
- Dès qu'on dit qu'on sait quoi dire, on doit dire ce qu'on sait !
- Et c'est quoi, qu'on sait ?
- C'est lui qui le sait, et il se tait !
- Quel con, dis donc !
- C'est ce que je te dis ! Qu'on se le dise : les cons se concentrent au centre du congrès.
- Bien dit.
- Donc on lui dit qu'on sait, et on fait ce qu'on a dit.
- C'est pas trop tôt ?
- Il faut ce qu'il faut !
- C'est pas faux. Ceci dit...
- C'est dit, c'est comme si c'était fait.
- C'est vrai.
- On lui dit, OK ?
- Cochon qui s'en dédit.
Débriefing de campagne
par casimir, samedi 13 juin 2015, 01:39 (il y a 3454 jours) @ Rémy
Débriefing de campagne
par Rémy , samedi 13 juin 2015, 23:30 (il y a 3453 jours) @ casimir
J'en avais écrit un autre du même genre dans le temps, qui n'avait pas été tellement compris non plus - il représente une pédégère de publicité, une rédigeuse de magazines qui croirait à ce qu'elle écrit.
S'asseoir en terrasse, s'affaler
- Un café - non, pardon !
- Un chocolat. Bien chaud.
Se poser pour faire une pause.
Penser à soi positivement.
Se détendre tendrement.
Sans personne, surtout sans autres.
Un instant de solitude sensuelle au sein de la foule stressée.
C'est fou, tous ces fous.
Mais ce soir on s'en fout, on souffle.
Il faut faire très gaffe au rythme auquel on dit chaque vers.
En ce moment je rêve d'écrire un roman fait entièrement de sous-entendus et d'insinuations, ou de scènes où les gens ne disent pas de quoi ils parlent.
Débriefing de campagne
par Claire, lundi 15 juin 2015, 13:27 (il y a 3451 jours) @ Rémy
C'est une des choses que je trouve lugubres et significatives, la dédifférenciation du langage, en particulier chez les "décideurs".
Par contre j'aime bien celui qui invite à se détendre tendrement.
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par Rémy , vendredi 19 juin 2015, 02:50 (il y a 3448 jours) @ Claire
Je vois bien qu'il y a des poncifs vides de sens dont tous les candidats-décideurs se réclament, genre "la croissance", "l'emploi", "les réformes", c'est de ça que tu veux parler ? C'est des mantras.
Je lis Libé sur internet parce qu'on peut commenter les articles gratuitement. Les articles sont pleins de ces mantras et des préjugés et présupposés du journal, souvent c'est insupportable. Pendant longtemps leur censure a réussi à préserver les tabous correspondants dans les commentaires, mais ces derniers temps elle est débordée, des trucs arrivent à passer. Il y a plus de gens sensés qu'on croit, et en ce moment ils arrivent un peu plus à la surface que les années précédentes. Je trouve ça réjouissant, on se sent moins seul. Peut-être que ça finira par démoder un certain nombre de mantras et leurs promoteurs. (À condition que les sensés trouvent une plateforme d'expression : pour l'instant le bon sens est dans les commentaires, pas dans les articles, et pas dans les candidats aux élections.)
Par contre je ne suis pas sûr qu'on puisse espérer être débarrassés un jour de l'existence même de mantras. Je crains qu'on puisse les remplacer mais pas les éliminer. Mon espoir c'est qu'en vieillissant, je ralentisse et que la société accélère au point que chaque mantra cède la place au suivant avant de m'avoir lassé.
(Avant ça j'ai essayé d'aller lire de la militance, des alters, etc., mais c'est pas possible, ils tordent les mots et ils mantrisent encore pire que les décideurs, et ils vivent 100% entre eux, on ne comprend pas ce qu'ils disent.)
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par Claire, vendredi 19 juin 2015, 18:01 (il y a 3447 jours) @ Rémy
Ça se sent dans leur façon de s'exprimer, dans leur vocabulaire ampoulé et indifférencié de gestionnaire, dans leur approche des relations humaines à l'intérieur de l'équipe.
Le bla-ba sur les "usagers", les "bonnes pratiques", les "aidants", le mode de pensée qu'il y a derrière tout ça, vaguement faux-cul, soumis aux instances supérieures, à une législation foisonnante, opportuniste, obsédé d'économie, et croyant tout savoir sans avoir jamais pratiqué en vrai, je crois qu'on le voit dans des pans entiers de la vie sociale. La créativité et la débrouillardise, l'adaptation à des réalités ambigües et complexes, ça ne fait pas partie de la formation.
Pour donner un autre exemple, la MDPH [= "Maison" départementale des personnes handicapées....("maison", tout la poésie de la nouvelle langue administrative, j'aimerais pas y habiter dans cette maison-là)] a édité un imprimé à remplir pour les renseignements médicaux qui permettent d'orienter les décisions de la commission. Eh bien ils n'ont pas été fichus, au milieu des milliers d'imprimés qu'ils éditent, de créer deux imprimés différents pour les adultes et les enfants. Ce qui donne une nuance très kafkaïenne au résultat final.
De la même façon, les "évaluateurs externes" (que l'on appelle in petto les hommes en noir), quand ils viennent pour examiner l'accréditation d'une structure, utilisent exactement les mêmes fiches pleines de petites cases pour tous les établissements, de l'internat pour adolescent polyhandicapé à la structure de consultation ambulatoire.
C'est comme si toute la complexité de la pensée était déployée autour des arcanes administratifs et leur vocabulaires néo-formé, mais que les personnes auxquelles d'adressent les soins et les prises en charge étaient des petits pions interchangeables nommés "usagers", ou "patients".
Voilà, ça c'est pour ce que je connais, mais en écoutant les gens j'ai la forte impression qu'un glissement de ce type est à l'œuvre à peu près partout.
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par Claire, vendredi 19 juin 2015, 18:12 (il y a 3447 jours) @ Claire
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par Rémy , samedi 20 juin 2015, 00:03 (il y a 3447 jours) @ Claire
Hm.
Il faut que j'y réfléchisse.
(Un cours de management bien compris est toujours un avantage, mais les gens capables de bien comprendre sont rares.)
(Mon métier c'est de programmer des applications web sur mesure, donc pile l'inverse de la grille qui sert à tout et à tout le monde. Mais j'ai aussi vu comment les formulaires de subventions européennes se noient : à force de vouloir traiter particulièrement tous les cas particuliers, plus rien n'est comparable, sauf le fric, et du coup, on en vient à ne plus regarder que le fric.)
(À réfléchir, à suivre.)
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par Emide, samedi 20 juin 2015, 10:53 (il y a 3447 jours) @ Claire
même "management" décalé et absurde de la part de nouveaux chefs serviles
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par Rémy , dimanche 21 juin 2015, 12:56 (il y a 3445 jours) @ Emide
Faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain ni peindre le passé en rose et l'avenir en noir. Le fait que les dirigeants apprennent à diriger est une bonne chose ; le fait de chercher à enrichir les riches en réduisant partout les frais de personnel (c'est-à-dire la redistribution) en est une mauvaise.
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par kelig, dimanche 21 juin 2015, 13:08 (il y a 3445 jours) @ Rémy
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par Claire, dimanche 21 juin 2015, 13:27 (il y a 3445 jours) @ Rémy
C'est qu'il n'y ait pas de fiche différenciée entre les adultes et les enfants pour permettre des choix qui engagent une vie entière, comme si la réalité de la personne était finalement assez peu importante ; ni entre des établissements aux vocations extrêmement différentes, quand il s'agit d'y orienter des enfants, ou de contrôler leur fonctionnement. Comme si les risques de dérive étaient les mêmes entre un lieu d'internat recevant des personnes qui ne peuvent pas s'exprimer et un endroit où des parents conduisent leur enfants pour des consultations d'un demi-heure. Et que les équipes des deux lieux soient contraints de répondre et de réfléchir aux mêmes questions. Comme s'il s'agissait surtout de faire semblant...ces fiches comme un symptôme de ça.
C'est qu'il me semble que l'indifférenciation des méthodologies renvoie à un désintérêt caché pour les personnes au service desquelles les institutions sont censés être pensées.
C'omme une forme d'idéologie larvée, comme chaque fois qu'un pan de réflexion n'a plus de place, et que cela concerne les individus.
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par l'absente, dimanche 21 juin 2015, 16:55 (il y a 3445 jours) @ Claire
Comme une forme d'idéologie larvée, comme chaque fois qu'un pan de réflexion n'a plus de place, et que cela concerne les individus.» ...que le pan de réflexion se trouve à être remplacé par un mur, confondant, de dépersonnalisation.... tiens, ça me rappelle quelque chose..
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par Claire, dimanche 21 juin 2015, 19:34 (il y a 3445 jours) @ l'absente
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par Rémy , mardi 23 juin 2015, 22:55 (il y a 3443 jours) @ Claire
Je suis encore en train d'y réfléchir.
Moi je vois que les patrons des boîtes qui veulent développer un logiciel choisissent d'abord les technologies, bibliothèques et versions, et essaient ensuite de recruter des programmeurs qui maîtrisent pile ça. Comme ils choisissent toujours le dernier cri à la mode, évidemment, ils ne trouvent personne qui sache vraiment s'en servir ; les programmeurs mentent pour se faire embaucher, apprennent sur le tas et produisent des logiciels mal foutus qui emmerdent des millions d'utilisateurs au lieu de les aider. C'est un peu du même acabit que ce que tu racontes : acheter l'outil avant l'ouvrier, c'est un immense mépris pour l'humain, et ça mène à des situations ubuesques.
Dans ma branche je connais les mécanismes qui mènent à ça. D'une part, l'important dans un logiciel n'est pas de le programmer mais de le vendre, donc il faut obligatoirement y mettre des arguments dernier cri, même si on n'en n'a pas besoin. Quand il y a un tas de sable à transporter, celui qui propose une brouette ne la vendra pas ou n'arrivera pas à vivre de ses ventes, alors que celui qui fait rêver le patron à propos des couleurs des rétroviseurs des Porsches vendra une Porsche et en vivra - et tant pis pour le tas de sable, le moment venu, moyennant une rallonge sur le prix et les délais, on mettra deux manches à la Porsche pour pouvoir la pousser. D'autre part, un programmeur qui connaîtrait plusieurs technologies, qui aurait une vue d'ensemble et qui saurait prendre la distance nécessaire ne veut plus être programmeur, mais chef ou mieux. Donc le patron ne peut pas embaucher les ouvriers avant d'acheter les outils : il n'y a pas d'ouvriers qui sachent choisir leurs outils, et il est bien forcé de s'y prendre à l'envers. Ça n'excuse rien, mais je trouve que ça replace le phénomène de mépris de l'humain dans des trucs tout simples comme la quête du profit et la rareté et la cherté de la sagesse. Il n'est pas réaliste d'espérer mieux, il faut faire avec et/ou en profiter.
Dans les cas que tu racontes, il y a une part de paresse qui pourrait mener à des trucs intelligents mais qui loupe et qui aboutit à des âneries : réutiliser un formulaire, ça peut être une bonne idée si on s'y prend bien, par exemple parce que ça permet d'extraire des comparables et de les comparer - mais dans ce que tu as vu, visiblement, "on" s'y prend mal et ça loupe. Je me demande si les conditions pour qu'"on" (qui ?) s'y prenne bien sont réalisables, ou bien si, comme dans mon métier, des mécanismes sont en jeu qui font que ça ne peut pas bien se passer ?
(C'est juste un élément de réflexion, je suis encore en train de réfléchir à ce que tu as dit, notamment au faire semblant.)
Débriefing de campagne
par Rémy , mardi 23 juin 2015, 23:11 (il y a 3443 jours) @ Rémy
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par Claire, mardi 23 juin 2015, 23:24 (il y a 3443 jours) @ Rémy
et qu'on les a élevés dans l'idée qu'ils doivent diriger le monde rigoureusement, parce qu'ils le voient de haut, et qu'ils ont appris les méthodes.
et parce qu'ils croient dominer (et sont dominés par) les chiffres.
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par Rémy , mercredi 24 juin 2015, 10:41 (il y a 3443 jours) @ Claire
Les ultrachefs, les vrais avides, ne portent pas de cravate. On ne les voit jamais et ils n'ont pas de comptes à rendre. Ils justifient leur politique (ils dirigent bien plus de monde que les élus, donc on peut appeler ça politique, comme on parlerait de la politique de Louis XIV) par les mots magiques "la concurrence", regrettent sincèrement les conséquences néfastes de leurs décisions, et mènent par ailleurs des quantités d'actions caritatives dont on serait bien en peine de se passer.
Héhé c'est la première fois que j'ai 10+10 :-) Ça fait 20, le saviez-vous ?
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par Claire, mercredi 24 juin 2015, 11:26 (il y a 3443 jours) @ Rémy
Mais tu sais, les soumis-soumisseurs, justement parce qu'ils ne sont pas en accord avec eux-mêmes, qu'ils se forcent et qu'ils évitent de penser vraiment contre la machine (vu qu'avec le marché de l'emploi ils ne peuvent pas aller voir ailleurs), ils peuvent être quand même assez toxiques.
et tu ne me convaincras pas pour cette affaire d'imprimé. Est-ce que tu comprends que c'est l'imprimé que remplit le médecin principal de la personne handicapée, que c'est un document essentiel puisqu'il sert à définir les aides et allocations auxquelles elle a droit, sa sortie ou non du circuit scolaire ordinaire et le type de structure qui lui conviennent, les adaptations éventuelles de son poste de travail, la possibilité ou non pour elle d'assumer un emploi, qui la dénomme ou pas "handicapée" ? Et qu'il n'y aura aucun autre médecin qui la rencontrera pour un forme d'expertise, parce que c'est ainsi ?
bon, peut-être c'est mieux d'arrêter là, on est un peu loin de la poésie, mais on est parti de l'usage des mots et de leur possible perversion, indifférenciation, du fait que ça a un impact lourd sur la vie réelle, et peut-être une signification politique occulte...pas délibérée, non, sociétale.
Le contraire de la poésie, quoi :))
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par Rémy , jeudi 25 juin 2015, 00:58 (il y a 3442 jours) @ Claire
Oui, c'est loin de la poésie. On en reparlera un jour, à l'occasion.
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par Claire, mardi 23 juin 2015, 23:36 (il y a 3443 jours) @ Rémy
ce n'est pas une affaire de paresse, crois-moi. ça fait des années qu'on proteste contre ces absurdités.
il y a une autre logique en action, puissante et inconsciente et elle existe dans tous les secteurs qui s'occupent des personnes : la santé, le travail social, l'éducation.
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par Rémy , mercredi 24 juin 2015, 11:00 (il y a 3443 jours) @ Claire
C'est une facette de ce que les politiques de la télé appellent "croissance". Faire mal croît plus que faire bien, tout simplement grâce à l'inefficacité et au gaspillage.
Il y a vraisemblablement quelqu'un dans ta hiérarchie qui a intérêt à ce que les formulaires soient absurdes. Je ne crois pas trop à la méchanceté, mais je crois aux intérêts absurdes.
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par Claire, mercredi 24 juin 2015, 11:31 (il y a 3443 jours) @ Rémy
(bon, j'arrête)
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par Rémy , jeudi 25 juin 2015, 01:05 (il y a 3442 jours) @ Claire
En fait un résumé de ce que j'ai dit, ce serait que dans tous les boulots on en est assez vite réduit à faire ce qu'on peut avec le personnel qu'on a, qui n'est pas très habile, pas très futé, pas très fiable, pas très conscient du sens de sa mission, nic.. Je ne connais pas de solution, à part manager de manière à limiter les bêtises... :-/
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par Rémy , vendredi 19 juin 2015, 02:55 (il y a 3448 jours) @ Claire
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par Rémy , vendredi 19 juin 2015, 13:22 (il y a 3447 jours) @ Rémy