Débriefing de campagne

par Rémy @, jeudi 11 juin 2015, 19:02 (il y a 3455 jours)

- Il faut lui dire de dire ce qu'il faut à qui il faut.
- Qu'est-ce à dire ?
- Disons que... Les sondages disent que les on-dit...
- Et donc ?
- Dès qu'on dit qu'on sait quoi dire, on doit dire ce qu'on sait !
- Et c'est quoi, qu'on sait ?
- C'est lui qui le sait, et il se tait !
- Quel con, dis donc !
- C'est ce que je te dis ! Qu'on se le dise : les cons se concentrent au centre du congrès.
- Bien dit.
- Donc on lui dit qu'on sait, et on fait ce qu'on a dit.
- C'est pas trop tôt ?
- Il faut ce qu'il faut !
- C'est pas faux. Ceci dit...
- C'est dit, c'est comme si c'était fait.
- C'est vrai.
- On lui dit, OK ?
- Cochon qui s'en dédit.

Débriefing de campagne

par casimir, samedi 13 juin 2015, 01:39 (il y a 3454 jours) @ Rémy

Bon vu les jeux de mots j'aurais viré la dernière phrase. Après le langage des communicants c'est quand même autre chose, il faut basculer dans le franglais, les termes marketings, le souci des sondages, le type qui regarde sans cesse son portable

Débriefing de campagne

par Rémy @, samedi 13 juin 2015, 23:30 (il y a 3453 jours) @ casimir

Noooon, la com' c'est pas tellement le thème... C'est pas une histoire ce texte, çtun pouem, l'important c'est les sons et une espèce d'exhaustivité ou de systématisme - il ne contient qu'un nuage de sens très léger, il ne faut pas se focaliser sur le titre, qui ne sert qu'à ficeler le truc un minuscule ptit peu au-delà de la correction grammaticale, mais pas au point d'un faire un tableau.


J'en avais écrit un autre du même genre dans le temps, qui n'avait pas été tellement compris non plus - il représente une pédégère de publicité, une rédigeuse de magazines qui croirait à ce qu'elle écrit.

S'asseoir en terrasse, s'affaler
- Un café - non, pardon !
- Un chocolat. Bien chaud.
Se poser pour faire une pause.
Penser à soi positivement.
Se détendre tendrement.
Sans personne, surtout sans autres.
Un instant de solitude sensuelle au sein de la foule stressée.
C'est fou, tous ces fous.
Mais ce soir on s'en fout, on souffle.

Il faut faire très gaffe au rythme auquel on dit chaque vers.



En ce moment je rêve d'écrire un roman fait entièrement de sous-entendus et d'insinuations, ou de scènes où les gens ne disent pas de quoi ils parlent.

Débriefing de campagne

par Claire, lundi 15 juin 2015, 13:27 (il y a 3451 jours) @ Rémy

Il est assez exténuant ton poème, ce qui explique je pense le peu d'enthousiasme...et tes projets de roman je me sens mal rien qu'en les lisant. Si tu n'y mets pas un peu de drôlerie, les gens auront la sensation de se plonger encore - par la lecture - dans le bain de bouillie verbale qui envahit leur esprit en permanence. Non ?
C'est une des choses que je trouve lugubres et significatives, la dédifférenciation du langage, en particulier chez les "décideurs".

Par contre j'aime bien celui qui invite à se détendre tendrement.

Débriefing de campagne

par Rémy @, vendredi 19 juin 2015, 02:50 (il y a 3448 jours) @ Claire

Hm je ne sais pas, dis-en plus sur la dédifférenciation, que je voie ce que tu veux dire ? Je suis un peu éloigné du monde parce que je refuse la télé, la radio et la vidéo.
Je vois bien qu'il y a des poncifs vides de sens dont tous les candidats-décideurs se réclament, genre "la croissance", "l'emploi", "les réformes", c'est de ça que tu veux parler ? C'est des mantras.
Je lis Libé sur internet parce qu'on peut commenter les articles gratuitement. Les articles sont pleins de ces mantras et des préjugés et présupposés du journal, souvent c'est insupportable. Pendant longtemps leur censure a réussi à préserver les tabous correspondants dans les commentaires, mais ces derniers temps elle est débordée, des trucs arrivent à passer. Il y a plus de gens sensés qu'on croit, et en ce moment ils arrivent un peu plus à la surface que les années précédentes. Je trouve ça réjouissant, on se sent moins seul. Peut-être que ça finira par démoder un certain nombre de mantras et leurs promoteurs. (À condition que les sensés trouvent une plateforme d'expression : pour l'instant le bon sens est dans les commentaires, pas dans les articles, et pas dans les candidats aux élections.)
Par contre je ne suis pas sûr qu'on puisse espérer être débarrassés un jour de l'existence même de mantras. Je crains qu'on puisse les remplacer mais pas les éliminer. Mon espoir c'est qu'en vieillissant, je ralentisse et que la société accélère au point que chaque mantra cède la place au suivant avant de m'avoir lassé.


(Avant ça j'ai essayé d'aller lire de la militance, des alters, etc., mais c'est pas possible, ils tordent les mots et ils mantrisent encore pire que les décideurs, et ils vivent 100% entre eux, on ne comprend pas ce qu'ils disent.)

Débriefing de campagne

par Claire, vendredi 19 juin 2015, 18:01 (il y a 3447 jours) @ Rémy

eh bien par exemple dans un domaine que je connais un peu, les directeurs d'établissements pour enfants handicapés étaient autrefois (en général) d'anciens éducateurs spécialisés, qui connaissaient très bien la réalité du travail, qui sont ces enfants, comment faire avec les parents ; qui avaient des notions assez approfondies de psychologie et de pédagogie etc..... De plus en plus, ils sont remplacés par des petits jeunes frais émoulus de filières ad hoc, bien formatés, qui savent surtout comment être en règle face aux procédures administratives, comment gérer un budget en serrant au maximum, et comment "manager" une équipe avec habileté. On a vite l'impression qu'ils sont très peu éloignés des logiques de management lambda de toute entreprise ou administration, et que la spécificité même du travail, ses valeurs, le savoir-faire acquis, ça ne fait pas partie de leur imaginaire personnel, même s'ils font un peu semblant.
Ça se sent dans leur façon de s'exprimer, dans leur vocabulaire ampoulé et indifférencié de gestionnaire, dans leur approche des relations humaines à l'intérieur de l'équipe.

Le bla-ba sur les "usagers", les "bonnes pratiques", les "aidants", le mode de pensée qu'il y a derrière tout ça, vaguement faux-cul, soumis aux instances supérieures, à une législation foisonnante, opportuniste, obsédé d'économie, et croyant tout savoir sans avoir jamais pratiqué en vrai, je crois qu'on le voit dans des pans entiers de la vie sociale. La créativité et la débrouillardise, l'adaptation à des réalités ambigües et complexes, ça ne fait pas partie de la formation.

Pour donner un autre exemple, la MDPH [= "Maison" départementale des personnes handicapées....("maison", tout la poésie de la nouvelle langue administrative, j'aimerais pas y habiter dans cette maison-là)] a édité un imprimé à remplir pour les renseignements médicaux qui permettent d'orienter les décisions de la commission. Eh bien ils n'ont pas été fichus, au milieu des milliers d'imprimés qu'ils éditent, de créer deux imprimés différents pour les adultes et les enfants. Ce qui donne une nuance très kafkaïenne au résultat final.
De la même façon, les "évaluateurs externes" (que l'on appelle in petto les hommes en noir), quand ils viennent pour examiner l'accréditation d'une structure, utilisent exactement les mêmes fiches pleines de petites cases pour tous les établissements, de l'internat pour adolescent polyhandicapé à la structure de consultation ambulatoire.

C'est comme si toute la complexité de la pensée était déployée autour des arcanes administratifs et leur vocabulaires néo-formé, mais que les personnes auxquelles d'adressent les soins et les prises en charge étaient des petits pions interchangeables nommés "usagers", ou "patients".




Voilà, ça c'est pour ce que je connais, mais en écoutant les gens j'ai la forte impression qu'un glissement de ce type est à l'œuvre à peu près partout.

Débriefing de campagne

par Claire, vendredi 19 juin 2015, 18:12 (il y a 3447 jours) @ Claire

ça va bien avec le politiquement correct et la bienpensance affichés, recouvrant des réalités administratives désespérantes, impuissantes ou féroces.

Débriefing de campagne

par Rémy @, samedi 20 juin 2015, 00:03 (il y a 3447 jours) @ Claire

Ah d'accord, je vois mieux ce que tu veux dire, ce n'est pas ce à quoi j'avais pensé au début.

Hm.

Il faut que j'y réfléchisse.

(Un cours de management bien compris est toujours un avantage, mais les gens capables de bien comprendre sont rares.)

(Mon métier c'est de programmer des applications web sur mesure, donc pile l'inverse de la grille qui sert à tout et à tout le monde. Mais j'ai aussi vu comment les formulaires de subventions européennes se noient : à force de vouloir traiter particulièrement tous les cas particuliers, plus rien n'est comparable, sauf le fric, et du coup, on en vient à ne plus regarder que le fric.)


(À réfléchir, à suivre.)

Débriefing de campagne

par Emide, samedi 20 juin 2015, 10:53 (il y a 3447 jours) @ Claire

Oh oui ! parfaite et juste analyse, qui peut aussi s'appliquer à l'Education Nationale :
même "management" décalé et absurde de la part de nouveaux chefs serviles

Débriefing de campagne

par Rémy @, dimanche 21 juin 2015, 12:56 (il y a 3445 jours) @ Emide

Supposons qu'on supprime les cours et examens de management dans la formation et dans le choix des décideurs. Est-ce que ce sera mieux, et si oui, en quoi exactement ? A-t-on une preuve que ç'ait été mieux "avant", et si oui, laquelle ? Pensez-vous vraiment que les directeurs d'antan, issus du terrain, aient été en moyenne meilleurs que les directeurs d'aujourd'hui, qui ont appris à diriger ? J'ai des doutes... Dans l'armée les sous-officiers qui deviennent officiers sont bien pires que les officiers recrutés directement comme tels.

Faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain ni peindre le passé en rose et l'avenir en noir. Le fait que les dirigeants apprennent à diriger est une bonne chose ; le fait de chercher à enrichir les riches en réduisant partout les frais de personnel (c'est-à-dire la redistribution) en est une mauvaise.

Débriefing de campagne

par kelig, dimanche 21 juin 2015, 13:08 (il y a 3445 jours) @ Rémy

Sacré Rémy... Ah the baby managering qu'y faut pas jeter avec l'eau du bain de la grande lessive coloré de décolorant.

Débriefing de campagne

par Claire, dimanche 21 juin 2015, 13:27 (il y a 3445 jours) @ Rémy

Oui mais tu ne vois pas ce qui m'inquiète. Ce n'est pas cette histoire de management qui je le sais peut être quelque chose d'intelligent...ou de féroce, comme pouvaient l'être les méthodes à l'ancienne quand le directeur était con, imbu de lui-même ou autocratique.
C'est qu'il n'y ait pas de fiche différenciée entre les adultes et les enfants pour permettre des choix qui engagent une vie entière, comme si la réalité de la personne était finalement assez peu importante ; ni entre des établissements aux vocations extrêmement différentes, quand il s'agit d'y orienter des enfants, ou de contrôler leur fonctionnement. Comme si les risques de dérive étaient les mêmes entre un lieu d'internat recevant des personnes qui ne peuvent pas s'exprimer et un endroit où des parents conduisent leur enfants pour des consultations d'un demi-heure. Et que les équipes des deux lieux soient contraints de répondre et de réfléchir aux mêmes questions. Comme s'il s'agissait surtout de faire semblant...ces fiches comme un symptôme de ça.
C'est qu'il me semble que l'indifférenciation des méthodologies renvoie à un désintérêt caché pour les personnes au service desquelles les institutions sont censés être pensées.
C'omme une forme d'idéologie larvée, comme chaque fois qu'un pan de réflexion n'a plus de place, et que cela concerne les individus.

Débriefing de campagne

par l'absente, dimanche 21 juin 2015, 16:55 (il y a 3445 jours) @ Claire

«C'est qu'il me semble que l'indifférenciation des méthodologies renvoie à un désintérêt caché pour les personnes au service desquelles les institutions sont censés être pensées.
Comme une forme d'idéologie larvée, comme chaque fois qu'un pan de réflexion n'a plus de place, et que cela concerne les individus
.» ...que le pan de réflexion se trouve à être remplacé par un mur, confondant, de dépersonnalisation.... tiens, ça me rappelle quelque chose..

Débriefing de campagne

par Claire, dimanche 21 juin 2015, 19:34 (il y a 3445 jours) @ l'absente

Tu ferais mieux de te désabsenter et de parler clairement, les sous-entendus c'est rarement amical.

Débriefing de campagne

par Rémy @, mardi 23 juin 2015, 22:55 (il y a 3443 jours) @ Claire

Sisi, je vois ce que tu veux dire, ci-dessus je répondais à Emide.


Je suis encore en train d'y réfléchir.


Moi je vois que les patrons des boîtes qui veulent développer un logiciel choisissent d'abord les technologies, bibliothèques et versions, et essaient ensuite de recruter des programmeurs qui maîtrisent pile ça. Comme ils choisissent toujours le dernier cri à la mode, évidemment, ils ne trouvent personne qui sache vraiment s'en servir ; les programmeurs mentent pour se faire embaucher, apprennent sur le tas et produisent des logiciels mal foutus qui emmerdent des millions d'utilisateurs au lieu de les aider. C'est un peu du même acabit que ce que tu racontes : acheter l'outil avant l'ouvrier, c'est un immense mépris pour l'humain, et ça mène à des situations ubuesques.

Dans ma branche je connais les mécanismes qui mènent à ça. D'une part, l'important dans un logiciel n'est pas de le programmer mais de le vendre, donc il faut obligatoirement y mettre des arguments dernier cri, même si on n'en n'a pas besoin. Quand il y a un tas de sable à transporter, celui qui propose une brouette ne la vendra pas ou n'arrivera pas à vivre de ses ventes, alors que celui qui fait rêver le patron à propos des couleurs des rétroviseurs des Porsches vendra une Porsche et en vivra - et tant pis pour le tas de sable, le moment venu, moyennant une rallonge sur le prix et les délais, on mettra deux manches à la Porsche pour pouvoir la pousser. D'autre part, un programmeur qui connaîtrait plusieurs technologies, qui aurait une vue d'ensemble et qui saurait prendre la distance nécessaire ne veut plus être programmeur, mais chef ou mieux. Donc le patron ne peut pas embaucher les ouvriers avant d'acheter les outils : il n'y a pas d'ouvriers qui sachent choisir leurs outils, et il est bien forcé de s'y prendre à l'envers. Ça n'excuse rien, mais je trouve que ça replace le phénomène de mépris de l'humain dans des trucs tout simples comme la quête du profit et la rareté et la cherté de la sagesse. Il n'est pas réaliste d'espérer mieux, il faut faire avec et/ou en profiter.

Dans les cas que tu racontes, il y a une part de paresse qui pourrait mener à des trucs intelligents mais qui loupe et qui aboutit à des âneries : réutiliser un formulaire, ça peut être une bonne idée si on s'y prend bien, par exemple parce que ça permet d'extraire des comparables et de les comparer - mais dans ce que tu as vu, visiblement, "on" s'y prend mal et ça loupe. Je me demande si les conditions pour qu'"on" (qui ?) s'y prenne bien sont réalisables, ou bien si, comme dans mon métier, des mécanismes sont en jeu qui font que ça ne peut pas bien se passer ?


(C'est juste un élément de réflexion, je suis encore en train de réfléchir à ce que tu as dit, notamment au faire semblant.)

Débriefing de campagne

par Rémy @, mardi 23 juin 2015, 23:11 (il y a 3443 jours) @ Rémy

(Je crois que ce faire semblant dont tu parles est caractéristique des porteurs de cravate.)

Débriefing de campagne

par Claire, mardi 23 juin 2015, 23:24 (il y a 3443 jours) @ Rémy

oui, parce qu'ils n'ont jamais fait en vrai et qu'ils préferent ne pas le savoir.
et qu'on les a élevés dans l'idée qu'ils doivent diriger le monde rigoureusement, parce qu'ils le voient de haut, et qu'ils ont appris les méthodes.
et parce qu'ils croient dominer (et sont dominés par) les chiffres.

Débriefing de campagne

par Rémy @, mercredi 24 juin 2015, 10:41 (il y a 3443 jours) @ Claire

Noooon ils ne sont pas si méchants, imbus ni avides. Ils sont plutôt respectueux et attachés à bien faire. La plupart des porteurs de cravate te diront qu'ils n'aiment pas porter une cravate mais qu'ils sont obligés par respect du client, du collègue etc.. Ils passent leur temps à rencontrer des clients, des collègues etc. qui portent une cravate eux aussi et qui n'aiment pas ça eux non plus mais qui sont obligés par respect d'eux. C'est tout un monde qui fait semblant. Et c'est pareil pour les formulaires dont tu parles : ils diront je sais bien qu'il n'est pas très adapté, mais on n'en n'a pas d'autre, on fait çkon peut avec çkon a, la perfection n'est padcemonde, il faut que chacun y mette du sien comme moi je me débrouille avec ce formulaire mal fait, d'ailleurs voyez la quantité de notes que je mets à la rubrique "remarques". (Ce sont celles qui ne sont pas saisies dans l'ordinateur ni lues par qui que ce soit.)


Les ultrachefs, les vrais avides, ne portent pas de cravate. On ne les voit jamais et ils n'ont pas de comptes à rendre. Ils justifient leur politique (ils dirigent bien plus de monde que les élus, donc on peut appeler ça politique, comme on parlerait de la politique de Louis XIV) par les mots magiques "la concurrence", regrettent sincèrement les conséquences néfastes de leurs décisions, et mènent par ailleurs des quantités d'actions caritatives dont on serait bien en peine de se passer.





Héhé c'est la première fois que j'ai 10+10 :-) Ça fait 20, le saviez-vous ?

Débriefing de campagne

par Claire, mercredi 24 juin 2015, 11:26 (il y a 3443 jours) @ Rémy

ah mais je ne les voyais ni méchants ni avides...parfois un peu imbus, si, c'est humain...et puis se dire qu'on est la nouvelle génération et que les vieux n'avaient rien compris, ça c'est éternel.
Mais tu sais, les soumis-soumisseurs, justement parce qu'ils ne sont pas en accord avec eux-mêmes, qu'ils se forcent et qu'ils évitent de penser vraiment contre la machine (vu qu'avec le marché de l'emploi ils ne peuvent pas aller voir ailleurs), ils peuvent être quand même assez toxiques.

et tu ne me convaincras pas pour cette affaire d'imprimé. Est-ce que tu comprends que c'est l'imprimé que remplit le médecin principal de la personne handicapée, que c'est un document essentiel puisqu'il sert à définir les aides et allocations auxquelles elle a droit, sa sortie ou non du circuit scolaire ordinaire et le type de structure qui lui conviennent, les adaptations éventuelles de son poste de travail, la possibilité ou non pour elle d'assumer un emploi, qui la dénomme ou pas "handicapée" ? Et qu'il n'y aura aucun autre médecin qui la rencontrera pour un forme d'expertise, parce que c'est ainsi ?


bon, peut-être c'est mieux d'arrêter là, on est un peu loin de la poésie, mais on est parti de l'usage des mots et de leur possible perversion, indifférenciation, du fait que ça a un impact lourd sur la vie réelle, et peut-être une signification politique occulte...pas délibérée, non, sociétale.
Le contraire de la poésie, quoi :))

Débriefing de campagne

par Rémy @, jeudi 25 juin 2015, 00:58 (il y a 3442 jours) @ Claire

Je me rends bien compte que cette affaire de formulaire est une catastrophe, mais j'essayais de discuter d'indifférenciation en général, et de concevoir ça comme un exemple, extrême mais parmi d'autres. Déplorer de concert, c'est pas trop mon truc, je préfère me faire l'avocat du diable...

Oui, c'est loin de la poésie. On en reparlera un jour, à l'occasion.

Débriefing de campagne

par Claire, mardi 23 juin 2015, 23:36 (il y a 3443 jours) @ Rémy

je te fais deux imprimés commodes à utiliser, pertinents, pour les deux âges de la vie en une demi-journée de travail avec deux ou trois professionnels expérimentés comme complices.
ce n'est pas une affaire de paresse, crois-moi. ça fait des années qu'on proteste contre ces absurdités.
il y a une autre logique en action, puissante et inconsciente et elle existe dans tous les secteurs qui s'occupent des personnes : la santé, le travail social, l'éducation.

Débriefing de campagne

par Rémy @, mercredi 24 juin 2015, 11:00 (il y a 3443 jours) @ Claire

Moi aussi le jour où le patron a dit "on reprogramme tout" j'ai répondu "ton logiciel, je te le fais avec deux programmeurs en deux mois de travail". Il a quand même vendu pour une somme folle un monstre irréalisable à ses clients, qui n'a pas été terminé avec dix programmeurs en deux ans de travail. Et il a dû faire face aux clients furieux, aux pénalités de retard, etc.. Seulement soit on est un patron stressé qui manipule un budget en millions, soit on est un petit minable peinard qui fait joujou avec quelques milliers. Il est payé en pourcentage du budget total ! Et négocier un gros contrat qui va occuper la boîte deux ans, ça fait beaucoup moins de boulot que négocier un petit contrat tous les deux mois... Et puis c'est quand même plus agréable d'avoir l'impression de réaliser de grandes choses avec beaucoup de monde et de prendre des gros risques que d'assurer le job pour des clopinettes.

C'est une facette de ce que les politiques de la télé appellent "croissance". Faire mal croît plus que faire bien, tout simplement grâce à l'inefficacité et au gaspillage.

Il y a vraisemblablement quelqu'un dans ta hiérarchie qui a intérêt à ce que les formulaires soient absurdes. Je ne crois pas trop à la méchanceté, mais je crois aux intérêts absurdes.

Débriefing de campagne

par Claire, mercredi 24 juin 2015, 11:31 (il y a 3443 jours) @ Rémy

ce n'est pas ma hiérarchie, ce formulaire est national. et tu décris le monde de l'entreprise, moi je te parle de celui de la fonction publique, qui je crois a beaucoup plus de pouvoir direct sur la vie des gens.

(bon, j'arrête)

Débriefing de campagne

par Rémy @, jeudi 25 juin 2015, 01:05 (il y a 3442 jours) @ Claire

En même temps, fonction publique ou pas, un boulot c'est un boulot, les gens ne se comportent pas différemment. Peut-être qu'ils devraient, oui... Encore que, du temps des monopoles d'État, on était traité comme un usager encombrant au lieu de comme un client à lécher, pas sûr que c'était mieux...

En fait un résumé de ce que j'ai dit, ce serait que dans tous les boulots on en est assez vite réduit à faire ce qu'on peut avec le personnel qu'on a, qui n'est pas très habile, pas très futé, pas très fiable, pas très conscient du sens de sa mission, nic.. Je ne connais pas de solution, à part manager de manière à limiter les bêtises... :-/

Débriefing de campagne

par Rémy @, vendredi 19 juin 2015, 02:55 (il y a 3448 jours) @ Claire

(Je crois que j'aurai du mal à ne pas y mettre de drôlerie...)

Débriefing de campagne

par Rémy @, vendredi 19 juin 2015, 13:22 (il y a 3447 jours) @ Rémy

C'est vrai que dans le débriefing de campagne, la drôlerie manque... Pourtant moi j'ai bien rigolé en le composant. Flûte, elle s'est enfuie à la rédaction, la drôlesse ! Je tâcherai de la mieux ficeler dans le prochain, surtout si c'est tout un roman. (On peut rêver.)