dent pour dent
regarde-moi je te dis
il y a quelque chose dans ton regard
qui se jette
qui se tient au bord du vide
et puis qui se jette
et que je ne comprends pas
quelque chose qui tient tout entier dans ta pupille
même réduite à une tête d’épingle toute ta tête dans une tête d’épingle
qui se tient au bord du vide et puis qui se jette
comme la phrase qui sort de ta bouche
d’abord au bord de tes lèvres au bord de tes mots
sort du dedans pour grandir dans le monde
circuler entre les choses ou bien leur tourner le dos
s’attarder sur les feuilles des arbres les pétales des roses
la splendeur d’animaux au regard indomptable aux crocs blancs comme l’os
ta phrase elle se jette dans la gueule des bêtes
pleine de sens elle se déchire elle saigne elle éclate
et alors elle ne veut plus rien dire
et l’animal sourit
et tu souris
et je souris
même si je ne comprends pas je souris
et je jette mon sourire à la face de la mort
parce que ta phrase elle est morte
mais pas nous
il y a quelque chose dans ton regard
qui se jette
qui se tient au bord du vide
et puis qui se jette
et que je ne comprends pas
quelque chose qui tient tout entier dans ta pupille
même réduite à une tête d’épingle toute ta tête dans une tête d’épingle
qui se tient au bord du vide et puis qui se jette
comme la phrase qui sort de ta bouche
d’abord au bord de tes lèvres au bord de tes mots
sort du dedans pour grandir dans le monde
circuler entre les choses ou bien leur tourner le dos
s’attarder sur les feuilles des arbres les pétales des roses
la splendeur d’animaux au regard indomptable aux crocs blancs comme l’os
ta phrase elle se jette dans la gueule des bêtes
pleine de sens elle se déchire elle saigne elle éclate
et alors elle ne veut plus rien dire
et l’animal sourit
et tu souris
et je souris
même si je ne comprends pas je souris
et je jette mon sourire à la face de la mort
parce que ta phrase elle est morte
mais pas nous
dent pour dent
Inutile d'aller
de vouloir regarder
ailleurs
nos yeux encore nos yeux
le corps reste
et puis se jette
en nous
ça donne une amplitude
un goût dans la bouche
un étranglement
Regardons-nous
alors que de suivre nos corps
du doigt
pour corrompre le sang
Dessine-moi ma langue avec ta main
la parole nous ancre
regarde-moi te dis-je
après une journée d'absence
bâtie de nos mémoires
en phrases inachevées
Puisque le temps danse
célébrons la part du feu
ouvrant le dialogue
cette énergie
qui tue la mort
étrangère
comme un ciseau
de vouloir regarder
ailleurs
nos yeux encore nos yeux
le corps reste
et puis se jette
en nous
ça donne une amplitude
un goût dans la bouche
un étranglement
Regardons-nous
alors que de suivre nos corps
du doigt
pour corrompre le sang
Dessine-moi ma langue avec ta main
la parole nous ancre
regarde-moi te dis-je
après une journée d'absence
bâtie de nos mémoires
en phrases inachevées
Puisque le temps danse
célébrons la part du feu
ouvrant le dialogue
cette énergie
qui tue la mort
étrangère
comme un ciseau
l'oeil dans la bouche
Le voir bascule dans le dire
Se renverse
Se jette dans le noir
Et puis
Toute langue articule la traversée des corps
Conjugue le vide
S’accorde à l’étranger
Cette autre peau jour après jour revêtue
Se renverse
Se jette dans le noir
Et puis
Toute langue articule la traversée des corps
Conjugue le vide
S’accorde à l’étranger
Cette autre peau jour après jour revêtue
dent pour dent
j'aime et je comprends
rien d'autre à dire
rien d'autre à dire
dent pour dent
il est beau ton poème.
un vers qui l'entraîne un peu trop vers le livre d'image, qui dilue l'intensité ? : "la splendeur d’animaux au regard indomptable aux crocs blancs comme l’os"
un vers qui l'entraîne un peu trop vers le livre d'image, qui dilue l'intensité ? : "la splendeur d’animaux au regard indomptable aux crocs blancs comme l’os"
dent pour dent
Merci, Claire.
Tu as sans doute raison ; je pense pouvoir me contenter de "la splendeur d'animaux aux crocs blancs comme l'os".
Tu as sans doute raison ; je pense pouvoir me contenter de "la splendeur d'animaux aux crocs blancs comme l'os".
dent pour dent
Et pourquoi pas aux crocs blancs comme l'œuf, à la place ? Ça serait moins épinal...
dent pour dent
oui, mais plus épinards...
dent pour dent
Ah, ça me fait plaisir que tu dises ça, j'ai failli le faire aussi mais j'ai préféré retenir mes méchancetés.
En fait le problème c'est les pétales de roses. Les feuilles des arbres sont simples et bienvenues, les pétales de rose font verser le texte dans une imagerie ... questionnable, comme diraient Messieurs les Anglais ... qui dure jusqu'au sang, euh je veux dire jusqu'au mot "sang".
Comment on appelle ce style ? Aux Puces à Paris il y a des magasins qui vendent des meubles et de la déco comme ça, avec des lions empaillés, des peaux de léopard, des tables de salon en fer forgé et verre coloré en forme de mante religieuse, de la mosaïque avec des bouts de miroir dedans, etc.. C'est une branche particulière du kitsch, différente du kitsch chromo et du kitsch sulpicien, comment ça s'appelle, e ? En fait j'aime bien ça mais à la condition expresse que ça ne soit pas mélangé avec autre chose, parce que ces objets tapageurs ratatinent toute délicatesse autour d'eux.
julienb c'est ça mon conseil : esseil soit de remettre un peu de délicatesse entre les pétales de roses et le sang, soit de kitscher le reste.
En fait le problème c'est les pétales de roses. Les feuilles des arbres sont simples et bienvenues, les pétales de rose font verser le texte dans une imagerie ... questionnable, comme diraient Messieurs les Anglais ... qui dure jusqu'au sang, euh je veux dire jusqu'au mot "sang".
Comment on appelle ce style ? Aux Puces à Paris il y a des magasins qui vendent des meubles et de la déco comme ça, avec des lions empaillés, des peaux de léopard, des tables de salon en fer forgé et verre coloré en forme de mante religieuse, de la mosaïque avec des bouts de miroir dedans, etc.. C'est une branche particulière du kitsch, différente du kitsch chromo et du kitsch sulpicien, comment ça s'appelle, e ? En fait j'aime bien ça mais à la condition expresse que ça ne soit pas mélangé avec autre chose, parce que ces objets tapageurs ratatinent toute délicatesse autour d'eux.
julienb c'est ça mon conseil : esseil soit de remettre un peu de délicatesse entre les pétales de roses et le sang, soit de kitscher le reste.
dent pour dent
Oh oui dis tu te souviens de ces œufs durs épinards de la cantine, avec une grosse béchamel farineuse versée à la louche sur les œufs et qui séchait une croûte molle mais craquelée en attendant les mangeurs ? Et l'eau verdasse qui venait s'y mêler, suintant du bas des épinards ? Et la couleur première guerre mondiale des jaunes des œufs ? Ça c'étaient des temps héroïques ! On en chiait, oui, vert, même, qu'on en chiait !
dent pour dent
je ne suis pas d'accord. les pétales de rose c'est comme la cape déroulée devant le taureau, si on reste fidèle au thème.