apocalypse 1

par cloud, dimanche 05 octobre 2014, 23:27 (il y a 3491 jours)

le soleil s'est couché et nous aussi
ceinturés l’un à l’autre à l’intérieur de nos maisons
une main nouée passée sur le front,
couchés au fond des bocages, dans les trous de bruyère
le soleil est tombé ses doigts jouaient de la musique
je dis ses doigts mais c'était sa voix
je dis sa voix mais c'était sa face
je dis sa face mais c'était un feu noir
qui dans l'ivresse s'allumait
et faisait des tâches sur les maisons et les cabanes et les enfants prenaient peur
je dis les enfants mais les parents hurlaient aussi
à cause des peaux déchirées
des cerfs jadis majestueux perdus dans les villes et les forêts
les fontaines comme les sources brûlaient
ses rayons fusaient partout la terre
était comme un halo bleu où les fantômes mêmes s'évaporaient
pas un être n'y prenait plaisir le dernier rire
étouffa tout au fond de l'océan devenu volcan
le dernier souffle

apocalypse 1

par Florian, dimanche 05 octobre 2014, 23:56 (il y a 3491 jours) @ cloud

Je ressens des choses c’est vrai
Mais c’est un long et sûr bonheur cérébral
Lit boueux, lit de soleil tranchant son rayon
Sur l’immense champ de boue, écoeurant synapse de lumière

Trachées, venins, plaisirs cérébraux comme un Kant isolé
S’éduquant à la métaphysique du sensible
Se gorgeant de vortex pour élucider quelques sens
Intellectualisant, moussant ses synapses
Tirant des conclusions triomphales mais toujours
Immanquablement cérébrales, blanches comme de la chair de cerveau

Ainsi passés au crible les dédales, acheminés les mystères
Sur le ventre du monde, le cerveau bien portant
S’enroule doucement sur les transversales.

apocalypse 1

par Kel, lundi 06 octobre 2014, 12:13 (il y a 3491 jours) @ Florian

Des choses des gens

Tout est tombé par terre, s’est cassé la figure. Tu vois toutes ces choses que tu connaissais si bien jonchées au sol, éparpillées, dispersées, inanimées. Toutes ces choses qui t’étaient familières t’ont pratiquement quitté. Tu ne les as jamais possédées. Tu es presque nu, à présent, tu sens encore un peu le lien affectif de toutes ces choses relié à ta peau, à ton corps, à ton esprit. A travers les adieux  qui n’en finissent pas de finir aux vies d’hier tu t’émeus parfois pour presque rien. Tu restes à les écouter tourner en toi comme des mimes morceaux immobiles. Tu ne veux pas oublier, tu souhaites garder la vie en toi, comme la mémoire du ruisseau. Tu ne veux pas t’enfuir, ni trahir, tu as envie d’entendre encore et encore tout ce qu’elles ont à dire, toute leur vie contenue déroulée derrière les passages compliqués s'épancher. Elles ont conservé les paroles au cœur pour se protéger des yeux durs, des oreilles tendues, elles ont cherché les regards des autres dans le blanc des silences, les regards des autres sur les autres dans les gestes en suspend, elles se sont retrouvés à travers quelques échanges, pour ne pas se perdre, en traversant les champs, les villes, les pays, pour pouvoir un jour retrouver le sentier caché, puis cheminer en fraternité une fois passé le très long TGV.

apocalypse 1

par Kel, mardi 07 octobre 2014, 13:38 (il y a 3490 jours) @ Kel

Tu te rends compte ? Jamais plus on n'échangera un sourire, un geste amical, une complicité... Aucune. Entre nous, un mur d'Etats-Unis que tu as fait ériger pour diviser le monde des humains ou, d’autre part, l'immense fosse commune où tu enfouis les cadavres de tes innombrables victimes. Tu réalises ? Ce n'est pas une différence physiologique qui nous sépare, c'est une opposition d'idées caractérisée et, à présent, actée, sans plus l’ombre d’un doute. Pour toi il n'y a que quelques hommes qui méritent de tirer les bénéfices du travail de tous les autres hommes. Pour toi le fait que deux milliards d'êtres humains crèvent de faim, de soif et de guerre ne te fait rien. Alors que, tu le sais bien,  quelques trente milliards de dollars suffiraient à résorber la faim dans le monde. Une poussière... Comparée au milliers de milliards de dollars filés dans tes banques sans le moindre bénéfice du doute… Tu ne dis rien, à ça, tu ris sous cape. Tu caches ta funeste pensée en agissant sous couvert de décisions couvertes, tel n’importe quel vulgaire hypocrite, sauf que tu parles, tu parles, tu parles, de dessous ton couvercle… Ca, pour t’exprimer, tu peux utiliser toutes les voies, elles sont mises à ta disposition... Tu sièges à l’origine du mal, anoriginal. Tu prends le monde pour un dirigeable que tu insuffles sans souffle d’un mauvais gaz qui empuantit tout. Tes canaux ressemblent à de grosses mandibules d’insectes géants, artificiels, et tu t’en sers pour propager ta pensée macabre, ta triste fleur de mots truqués, de mots néant… Ils font le tour de la planète, satellites de ta toile filée que tu tisses avec d’infâmes secrets, mensonge global… Tu gonfles comme une baudruche, avec tes baux de ruche, mais tu finiras par exploser... Car on va tous te piquer. Nous, on est comme l’anti-rêve et lentille rêve mis en contact dans un même grand bateau, une planète qui navigue à la dérive à travers la mer étoilée de l’espace. Néonoé est l'ivrogne qui vacille à la proue. Vogue la galère… Tu penses sérieux qu’on va ramer jusqu’à la fin pour ton luxe ? Tu te goures, ver canaille. On ira te noyer sous le flot de la foule. On t’étouffera, on te tuera à l’eau de vie. Toi qui es moins que le rien, toi qui crois trahir impunément la moindre des poussières, sans craindre sa révolte en retour... Matière noire, dénuée d’espoir. Monstre sans fond. Idiotie incarnée. Le désert est cent milles fois plus riche que toi, va-t’en-guerre de pétrole, ultralâche. Le moindre scorpion cent fois plus valeureux. Je mange le pain de « Sésame, ouvre-toi » en compagnie de quarante mille voleurs. Ce sera pin béni dans ta gueule, jour du seigneur. Tu mourras sans rémission, sans un regard pour ta dépouille. Croque-mort dépouilleur. Triste sire, tu as fermé le livre de vie, tu as tronçonné l’arbre… Tant pis pour toi, personne pour te pleurer, nul ne te regrettera. Nous ferons un grand feu de joie pour fêter ta défaite ! 
Car toi et nous, on ne fait plus partie, non pas de la même race - reprends-le dans ta gueule ton sale concept inepte (entre scientifiques on le sait bien), ton Gobinaux à la noix que tu portes sur ta face de blanc-bec, mais de la même espèce d’humain. Toi, tu es de l’espèce qui toujours asservit, tant et plus, nous, et la plupart, sommes de celle qui souhaite voir détruite tout asservissement, que nous considérons comme le vice le pire qui soit, qui conduit à la fin promise par tes pairs de toute notre humanité, mais dont tu seul toi sera chassé, en définitive.