une niaiserie capitale sur un thème banal quoique étonnamment peu représenté (méprisé?) en poésie

par vagabond vagabondant, mercredi 07 septembre 2016, 17:34 (il y a 2790 jours)

Ode à l'amitié









De la terre amie, mon amie, mon ami,
un jardin de soleil et de nuit
s'ouvre légèrement puis envahit l'espace.

C'est le même poème qui, dans les bustes, se tait.
Le même rire contagieux qui, dans nos gorges,
comme un fol étourneau, s'affirme.

Et notre gîte, en exil, danse sur le sommeil sa drôle de salsa.
Le ciel, enfin, a cicatrisé et les étoiles chantent,
les oreillers volètent et tout s'allume :
d'une oeillade, je tranche et je caresse.

Toutes les fenêtres, abolies,
fument et s'ignorent.
Nous avons aux lèvres,
comme au fond de l'âme,
une joie transparente.

Des vents amis, mon amie, mon ami,
qui nous traversent et vous révèlent
les solitudes se dispersent et se résorbent
comme la cendre des cigarettes
en trois secrets négligés.

Et l'invective, au seuil de la tendresse profonde,
(cette tendresse hantée par le temps ivre)
rompt le cou de la mélancolie, de la mort :
de cette louve à deux masques qui rôde
dans le théâtre du monde.

Toutes les fenêtres, abolies,
fument et s'ignorent.
Nous avons aux lèvres,
comme au fond de l'âme,
une joie transparente.

C'est le même poème qui, dans nos bustes, se tait ;
le même rire contagieux dans nos gorges, comme
contre le mur l'étourneau claque le frelon triste.

De la flamme amie, mon amie, mon ami,
à nos tempes battantes, oblongue,
cuisent à feux doux les vieux chagrins.

Cette petite cour aux merveilles modestes
(que borde une vaste étendue de joie sèche)
(que bordent aussi des lumières filantes)
cette petite cour
dont l'effervescence des âges se ressouviendra
du même sourire d'amour.

Et toutes les fenêtres abolies,
encore fumeront en ignorant le temps.
Aux lèvres, encore, nous aurons
comme au fond de l'âme, enfin
cette ardeur transparente.

Tout recommencera.

une niaiserie capitale sur un thème banal quoique étonnamment peu représenté (méprisé?) en poésie

par Chieuse :)) :)) :)), jeudi 08 septembre 2016, 10:44 (il y a 2790 jours) @ vagabond vagabondant

Ils sont passés où les poètes ? :)) Voire, les poétesses ? :))
Je pensais que Planète Internet était peuplée, bourrée de poètes et poétesses moi :))J'écoute et lis trop les on-dit probablement :))
Le thème de l'amitié est vieux comme le monde :))
Peut-être un peu moins vieux et moins courant le thème amitié fille et garçons ou/et femme et hommes :)) :)) :))
Mais bon ! Faut reconnaître que nous ne sommes qu'en l'an 2016 :))

Me suis trompée de planète une fois de plus :)) :)) :))
Je dois me trouver sur planète troglodytes :)) :)) :))


Merci à toi Vagabond Vagabondant pour ce " très beau" poème :))
Mention spéciale pour n'avoir pas reporté le mot "amitié" dans le corps de ton texte :))

une niaiserie capitale sur un thème banal quoique étonnamment peu représenté (méprisé?) en poésie

par Lectrice :)), jeudi 08 septembre 2016, 20:58 (il y a 2789 jours) @ Chieuse :)) :)) :))

J'avais écrit plein de choses, plein d'anecdotes sur le thème de l'amitié :))
manip' de ma part malencontreuse !
Ce ne devait pas être édité :))

Ajout

par Lectrice :)), jeudi 08 septembre 2016, 21:53 (il y a 2789 jours) @ Lectrice :))

Il y avait beaucoup, pratiquement que des "mets-ta-physique" dans mes écrits :))
Bref !
Que des trucs "pas normaux" quoi :)) :)) :))

Ajout

par vagabond vagabondant, jeudi 08 septembre 2016, 22:28 (il y a 2789 jours) @ Lectrice :))

ça a l'air cool :))

j'aimerais bien les lire :))

un "truc pas normal"

par vagabond vagabondant, jeudi 08 septembre 2016, 23:13 (il y a 2789 jours) @ Lectrice :))

quelque chose dans l'oeil du poème


souvent je parle de rêve et j'aimerais
parlant de rêve qu'on se figure
un peu plus qu'un mot vague auquel fondre
des ciels de nuit - illusoires -
des poncifs - ennuyés - d'insomnie
des débris d'amour ou de rages sociales
(nourries d'amertumes béates)

j'aimerais, parlant de rêve, toucher
- physiquement -
un sens - étrange -
que le langage
- abstrait -
suggère - sans force -

j'aimerai, parlant du rêve, toucher
l'architecture intime des sensations ;

parler
d'une force-pensée submergeante
qui lève l'âme du souffle
et le souffle du monde
- par espaces complexes -

parler d'un rêve où souvenirs et virtualités
frémissent
dans l'atome des couleurs,
des formes,
des attractions et des chocs

j'aimerais que l'on comprenne
- que je comprenne -
bien que tout cela soit fort indélicat
- et désespérément obscur -
qu'on parle d'un autre rêve que le rêve
d'une chose plus profonde et plus claire
que le rêve
d'un état qu'on approche en infinis détours
comme si rien n'était

- et qui ressemble au rêve -

un "truc pas normal"

par Rémy @, vendredi 09 septembre 2016, 01:09 (il y a 2789 jours) @ vagabond vagabondant

Moi l'art faut que ça me fasse rêver, pas que ça me demande de rêver.

un "truc pas normal"

par vagabond vagabondant, vendredi 09 septembre 2016, 02:25 (il y a 2789 jours) @ Rémy

un "truc pas normal"

par Rémy @, vendredi 09 septembre 2016, 22:37 (il y a 2788 jours) @ vagabond vagabondant

« Toutes les fenêtres, abolies,
fument et s'ignorent. »

Ça veut dire quoi, là, "abolies" ?

un "truc pas normal"

par vagabond vagabondant, samedi 10 septembre 2016, 02:37 (il y a 2788 jours) @ Rémy

cela veut dire ce que cela dit, littéralement et dans tous les sens.

un "truc pas normal"

par Rémy @, samedi 10 septembre 2016, 20:14 (il y a 2787 jours) @ vagabond vagabondant

Ah ouaaais, c'est de la poésie intellectuelle, quoi.

un "truc pas normal"

par vagabond vagabondant, samedi 10 septembre 2016, 23:09 (il y a 2787 jours) @ Rémy

je sais pas : c'est quoi la poésie non intellectuelle ? je veux dire : ça existe ? lol

un "truc pas normal"

par Rémy @, dimanche 11 septembre 2016, 23:43 (il y a 2786 jours) @ vagabond vagabondant

Çtadire que la poésie intellectuelle, y'en a de la comme ci et de la comme ça, tu vois, suivant l'acception. Y'en a de la où le pouet comprend les mots qu'il écrit, et puis y'en a d'autre. Voyons, ça doit sûrement avoir un nom, cette affaire-là... Consultons l'ouiquipédie... Antiphrase, que ça s'appelle. Les fenêtres abolies, c'est de la poésie antiphrastiquement intellectuelle.

Est-ce que tu lis ça "fenêtres zabolies" ou bien "fenêtr'abolies" ?

un "truc pas normal"

par Claire, lundi 12 septembre 2016, 10:46 (il y a 2786 jours) @ Rémy

je crois qu'il y a de la poésie où le poète laisse venir les mots, dans une grande concentration sur ce qu'il tente d'exprimer. Il ne s'agit pas de se dire : je vais expliquer ça et ça - petit a petit b - et de trouver les mots pour cela, mais d'"englober" un ressenti, une situation ou de se laisser envahir, porter.
Viennent alors des mots qui peuvent sembler déplacés ou bizarres mais qui condensent des significations. Au lecteur de se mettre à son tour dans le même état de réceptivité pour saisir ce feuilletage de sens.
Par exemple, là, ces fenêtres "abolies", voilà comment je les vois : un des thèmes essentiels du poème, c'est le sentiment de liberté et d'union que peut nous procurer l'amitié. Relation dans laquelle on est "en phase" sans avoir besoin de faire d'effort, où il n'y a que peu d'enjeux égotiques, où le rire naît d'un bien-être partagé.

Je vois "fenêtre" comme la métaphore de toutes les séparations que nos construisons pour nous différencier des autres et maîtrisons grâce à des ouvertures, que nous pouvons ouvrir ou fermer à notre guise. Là, dans le sentiment que partagent les amis, il n'y a pas besoin de ces cloisons et donc de ces ouvertures intermittentes. Pourquoi le mot "aboli" vient-il ? Par ce que c'est le mot qu'on emploie pour "abolition de l'esclavage", par exemple, et qu'il parle de liberté et...d'égalité...et de fraternité, trois choses que nous apporte l'amitié.
J'ajouterais un truc qui sans doute m'est personnel : la sonorité de "abolie" me renvoie à hyperbole, ou à une surface réfléchissante, concave ou ovale, je ne sais pas pourquoi, mais il y a une beauté là-dedans.

La fumée, je la ressens comme quelque chose de léger qu'on partage, un peu transgressif mais surtout plaisant, avec un côté respiratoire : l'esprit qui sort de la bouche, quelque chose qui monte vers le ciel.




...moi il y a un truc qui ne me convainc pas c'est "tempes battantes" que je trouve un peu enfiévré et convenu.

un "truc pas normal"

par Claire, lundi 12 septembre 2016, 13:10 (il y a 2786 jours) @ Claire

...plus simple : on dit bien "abolir une distance."

un "truc pas normal"

par dh, lundi 12 septembre 2016, 13:28 (il y a 2786 jours) @ Claire

moi ça me fait penser à l'aboli bibelot d'inanité sonore.

un "truc pas normal"

par Rémy @, mardi 13 septembre 2016, 18:25 (il y a 2784 jours) @ dh

Non, ça alors ! Pas possible ! Comment ça se fait ? Quelle coïncidence ! On écrit "aboli" complètement par hasard (il faut dire que c'est un mot qu'on utilise souvent par hasard, surtout en poésie depuis 1868), et hop, ça fait penser à bibelot d'inanité sonore. C'est magique, un truc pareil, alors.

Petit couise pour les innocents :
Sanglots longs => ???
Charogne => ???
Jérimadeth => ???
Bise fut venue => ???
Corselet velu => ???
Heureux qui comme => ???
Quatorze automnes et quinze étés => ???
Ulcère à l'anus => ???


Et une fois que tu y as pensé, au bibelot, quel sens ça donne à ce mot dans ce vers-là ?

Moi je trouve que coller des références dans un pouem, surtout aussi massives avec répétition, et aussi scolaires et galvaudées, c'est casse-gueule : tu mets "aboli", paf, t'as Mallarmé à côté de toi dans la tête du lecteur, la comparaison n'est pas forcément à l'avantage de ton texte à toi...

un "truc pas normal"

par dh, mardi 13 septembre 2016, 19:18 (il y a 2784 jours) @ Rémy

ce n'est pas mon texte.

un "truc pas normal"

par Rémy @, mercredi 14 septembre 2016, 00:05 (il y a 2784 jours) @ dh

C'est bien pour ça que je te demande ce que l'évocation de bibelot t'apporte lors de la lecture.

Moi ce que ça m'apporte c'est que le vers de Mallarmé s'intercale en pleine lecture, donc que je suis obligé de reprendre ; du coup mon attention (suspicieuse, l'attention, et les sourcils froncés, parce que c'est toujours agaçant que la lecture cahote) est attirée sur cette expression et sur sa répétition, et je me demande si elle est bien troussée, judicieuse, belle, pleine de sens, ouc., et d'abord, comment on la prononcerait tout haut, et de fil en aiguille, j'arrive à la conclusion qu'elle fait grumeau et pas pépite.

un "truc pas normal"

par Rémy @, mardi 13 septembre 2016, 17:58 (il y a 2784 jours) @ Claire

Tu es très charitable, mais aller envisager la fenêtre, ouverture vers l'extérieur, comme symbole de séparation (!) rien que pour tenter de sauver une ampoule malvenue, c'est une victoire à la Pyrrhus : si on peut/doit y mettre des contresens pareils, c'est que le texte est complètement creux... Qu'il écrive plutôt "volets abolis", en prime ça sonnerait mieux.

"Tempes battantes" vient pour les sons, j'imagine : des m dans le vers précédent, p-b en tord-langue dans celui-là, ça mâchonne... Mais évidemment le travail sur les sons s'arrête aussitôt. Non vraiment, c'est ni fait ni à faire, ce truc.

un "truc pas normal"

par vagabond vagabondant, mercredi 14 septembre 2016, 00:08 (il y a 2784 jours) @ Rémy

tout bêtement : fenêtres abolies = abolition symbolique (je passe sur la justification détaillée et a posteriori du symbole) de ce qui sépare l'intérieur de la pièce de son vaste dehors (et en même temps l'ouvre sur lui). dit autrement : sentiment d'intrusion totale de l'espace extérieur. plus simplement encore : sentiment d'ouverture à l'égard de l'espace inégalable du monde. et même : sentiment vertigineux de liberté.
ensuite, que ces mêmes fenêtres fument : c'est une simplification métaphorique. métaphore in abstentia pour les plus doctes d'entre nous. une contraction : ça clope à la fenêtre, donc la fenêtre donne l'impression de fumer. je fais abstraction capricieusement des silhouettes amies qui tiennent la cigarette. d'où les fenêtres qui fument. l'image a une valeur qui excède son origine impressive. elles fument littéralement, ces fenêtres. je les ai créées pour cela. eh ouais, je suis poète. lol.

quant aux tempes battantes, c'est effectivement très moyen. c'est une image synonymique tiède de l'ivresse, trop locale, un peu cliché. enfiévrée comme le dit génialement Claire. manquerait plus que je tombe en pamoison. bah, je trouverai ptetre mieux plus tard.

on est toujours assez mauvais juge quand on ne veut pas comprendre. ça ne me gêne pas trop. je verse peut-être facilement dans l'obscur. il reste ennuyeux d'avoir à céder un peu de son secret. de le réduire soi-même en palabres explicatives. d'autant que cette justification, je la déduis. puis j'ai déjà fait trop long. je voulais pas à la base. te répondre me coûte. Time is money. c'est que j'ai du remords. l'objet est là et il m'emmerde. mais j'aime m'écouter parler. c'était trop tentant. ce n'est pas grave à l'excès. mer de, mes phrases sont un peu courtes. on dirait un poitrinaire. brrrh lalala je ne t'ai pas convaincu ? tant pis ! c'était couru d'avance.

de rien Mouton. bisous.

une niaiserie capitale sur un thème banal quoique étonnamment peu représenté (méprisé?) en poésie

par Claire, vendredi 09 septembre 2016, 11:36 (il y a 2789 jours) @ vagabond vagabondant

C'est vrai qu'il est très chouette et que ce thème est étonnamment peu traité....sans doute il manque de noirceur.
Ce sentiment d'étre traversé des mêmes courants, d'être transparent, et le thème du jardin, du refuge dans la ville, du rire aussi qui guérit. L'adresse aux deux sexes, comme une plénitude, une androgynie paisible : ami, mon amie. Je retrouve des choses personnelles.

le ciel descend

par Claire, mercredi 21 septembre 2016, 11:22 (il y a 2777 jours) @ vagabond vagabondant

tiens, je savais que j'avais écrit un vieux poème qui ressemblait un peu, sur le même thème.




Le ciel descend.
Avec toutes ses fumées et ses orbes
bientôt sa frange touchera terre
et la ville fondra.

On ne sait s’il est question de début ou de fin,
si on doit avoir peur ou se réjouir
mais c’est ce que notre âme désire.

Même si nous savons très bien
que la ville est là pour toujours,
qu’elle nous survivra et qu’elle a recouvert tous les puits
pour elle inutiles
nous nous racontons cette histoire
tout l’après-midi.

Le ciel est devenu humain,
et la distance devient petite, comme celle qu’on montre parfois
entre le pouce et l’index
à l’ami qui passe avec vous
tout l’après-midi
qui ne peut partir.

Qu’importe finalement
si la ville prépare
une tombe pour lui et pour nous
dans un cimetière excentré
et laid.

On suit le fil,
on est sur le balcon,
la nuit tombe, et le ciel noir pose
ses mains blanches sur nos épaules.

Mon ami (Bertrand Betsch)

par Claire, mercredi 21 septembre 2016, 11:29 (il y a 2777 jours) @ Claire

je n'ai pas trouvé sur youtube, dommage, la musique est très limpide, et la voix aussi. C'est dans "les vents contraires".




Quand la pluie aura cessé,
Tu viendras me visiter.
Tu n'auras rien à me dire,
Tu n'as jamais su mentir.
On se sourira
en buvant du muscat,
En picorant des cacahuètes,
En grillant quelques cigarettes.
On regardera la télé,
la tête penchée sur le côté.

Mon ami, tu n'es pas sans savoir,
Mon ami, que j'aime bien te voir.
Mon ami, reviens de temps en temps
me voir.

Quand la pluie aura cessé,
J'irai te réveiller.
Tu n'auras rien à m'offrir,
Que quelques sourires,
Un peu de muscat,
et ton peu d'embarras.
Nous passerons l'après-midi
à nous tenir compagnie.
Et quand le soleil sera couché,
nous serons comme lavés.

Mon ami, tu n'es pas sans savoir,
Mon ami, que j'aime bien te voir.
Mon ami, reviens de temps en temps me voir...
me voir.

une niaiserie capitale sur un thème banal quoique étonnamment peu représenté (méprisé?) en poésie

par Essim, mercredi 21 septembre 2016, 20:23 (il y a 2776 jours) @ vagabond vagabondant

Salut poète, je me suis permis ci-dessous une lecture subjective que cette poésie m'a inspirée. Espérant ne pas porter ombrage. Amicalement



Ode à l'amitié


De la terre amie, amie, ami,
un jardin de soleil et de nuit
s'ouvre légèrement, envahit l'espace.

Le même poème dans les bustes se tait.
Le rire contagieux dans nos gorges, fol étourneau s'affirme.

Et notre gîte, en exil, danse sur le sommeil sa drôle de salsa.
Le ciel, enfin, a cicatrisé les étoiles chantent,
les oreillers volètent et tout s'allume
d'une oeillade, je tranche et caresse.

Toutes les fenêtres, abolies, fument et s'ignorent.
Nous avons aux lèvres,
comme au fond de l'âme,
une joie transparente.

Des vents amis, amie, ami,
nous traversent et révèlent
les solitudes se dispersent et se résorbent
comme la cendre des cigarettes - inutiles
en trois secrets négligés.

Et l'invective, au seuil de la tendresse profonde,
tendresse hantée par le temps ivre
rompt le cou de la mélancolie, de la mort,
de cette louve à deux masques qui rôde dans le théâtre du monde.

Toutes les fenêtres, abolies,
fument et s'ignorent.
Nous avons aux lèvres,
comme au fond de l'âme,
une joie transparente.

Le même poème dans nos bustes se tait
le rire contagieux dans nos gorges, et contre le mur l'étourneau claque le frelon triste.

De la flamme amie, amie, ami,
à nos tempes battantes, oblongue,
brûlent à feux doux les vieux chagrins.

Cette petite cour aux merveilles modestes
bordée par une vaste étendue de joie sèche
bordée par des lumières filantes
cette petite cour
l'effervescence des âges se ressouviendra
du même sourire d'amour.

Et les fenêtres abolies,
encore fumeront ignorant le temps.
Aux lèvres, encore, nous aurons
et au fond de l'âme, enfin
ardeur transparente.

Tout sera encore.