Trophée de la nuit
J’ai perdu la raison.
Elle nage dans une sphère, qui ne peut être démêlée. Quand je dis une sphère, je parle d’indépendance, de ponts coupés, d’une véritable brisure. C’est un sphinx, un long et sinueux sphinx, vainqueur du temps, sujet au vent et au sable.
Mais cette raison perdue, elle n’est pas dans les déserts, elle est dans la beauté et la laideur de la ville. Des caniveaux aux esplanades, des bâtiments modernes aux déchets qui leur collent à la base. Cette raison perdue est un sac en plastique, son héritier le plus noble, le plus sujet à la modernité.
Elle a besoin, cette raison qui nage, perdue ou pas, de bière et de ces nappes, de bonheur. Le bonheur dont elle a besoin, c’est la force granitique et sablonneuse d’une pensée tue, c’est la vérité du silence, la confiance dans les simples bruits citadins, la beauté de ce mécanisme qui se déroule, recherché, affiné par le nombre de passants et de passantes qui lentement, se sont accumulés dans cette même raison, et lui ont fait un logis.
Cela est sûrement banal, car cela ne recèle pas l’exacte présence, l’exact bruit ou l’exactitude de n’importe quel autre sens qui en fin de compte sont la seule chose qui a pu nous constituer. Ce n’est là qu’un échafaudage abstrait, muni de quelques adjectifs qui désignent bien peu cette exactitude.
Mais le temps s’est fait, l’expérience a mué, et je vous laisse le choix de faire d’un tableau résigné par la nuit, la fatigue et l’âge, le terrain, le tremplin d’une existence entière, débarrassée de toute gravité, peuplée de ce seul néant, ce seul logis qui est venu s’y nouer confortablement, comme un chien auprès de son maitre.
Elle nage dans une sphère, qui ne peut être démêlée. Quand je dis une sphère, je parle d’indépendance, de ponts coupés, d’une véritable brisure. C’est un sphinx, un long et sinueux sphinx, vainqueur du temps, sujet au vent et au sable.
Mais cette raison perdue, elle n’est pas dans les déserts, elle est dans la beauté et la laideur de la ville. Des caniveaux aux esplanades, des bâtiments modernes aux déchets qui leur collent à la base. Cette raison perdue est un sac en plastique, son héritier le plus noble, le plus sujet à la modernité.
Elle a besoin, cette raison qui nage, perdue ou pas, de bière et de ces nappes, de bonheur. Le bonheur dont elle a besoin, c’est la force granitique et sablonneuse d’une pensée tue, c’est la vérité du silence, la confiance dans les simples bruits citadins, la beauté de ce mécanisme qui se déroule, recherché, affiné par le nombre de passants et de passantes qui lentement, se sont accumulés dans cette même raison, et lui ont fait un logis.
Cela est sûrement banal, car cela ne recèle pas l’exacte présence, l’exact bruit ou l’exactitude de n’importe quel autre sens qui en fin de compte sont la seule chose qui a pu nous constituer. Ce n’est là qu’un échafaudage abstrait, muni de quelques adjectifs qui désignent bien peu cette exactitude.
Mais le temps s’est fait, l’expérience a mué, et je vous laisse le choix de faire d’un tableau résigné par la nuit, la fatigue et l’âge, le terrain, le tremplin d’une existence entière, débarrassée de toute gravité, peuplée de ce seul néant, ce seul logis qui est venu s’y nouer confortablement, comme un chien auprès de son maitre.
Trophée de la nuit
un de tes plus beaux poèmes, Florian...on entend ta voix, la justesse et la force, l'équilibre, tout y est. Impression que le coeur se serre en lisant, à cause de cette justesse et de la nouveauté du regard.
Trophée de la nuit
ben je prends pas trop ça comme un poème, c'est un texte de déprime plutôt éprouvant à écrire.
Trophée de la nuit
D'accord avec Claire. Et aucune trace de préciosité, aucune trace de "tartinage adjectival". Ici les mots sont justes, les phrases ont du rythme, le style et assez bon pour se faire oublier. Et si parfois tu peux pécher par ce trop-plein de "floritures" (héhé), par une certaine lourdeur due, je pense, à un esprit plein, si parfois te lire essouffle, la lecture de ce poème-ci (ou texte ou peu importe) est fluide et agréable, et fait sens.
Un point d'équilibre entre l'image et l'idée pas si facile à trouver, mine de rien.
Bravo.
Un point d'équilibre entre l'image et l'idée pas si facile à trouver, mine de rien.
Bravo.
Trophée de la nuit
le thème (le titre) est cruel, mais la forme est au contraire dans une sorte de plénitude. Et c'est le contraste des deux qui est extrêmement prenant, pour moi.
Trophée de la nuit
Beau texte, et touchant..
Trophée de la nuit
Si j'étais une femme, je viendrais te faire un bisous
et même si je suis un homme je t'en fais un quand même
et même si je suis un homme je t'en fais un quand même
Trophée de la nuit
Oui il les mérite beaucoup.
Mais il mérite aussi de se bouger le cul, de faire imprimer ses livres chez Gallimard pour qu'ils aillent parcourir le monde.
(et moi aussi)
Mais il mérite aussi de se bouger le cul, de faire imprimer ses livres chez Gallimard pour qu'ils aillent parcourir le monde.
(et moi aussi)
Trophée de la nuit
Du calme, du calme. Chaque chose en son temps, je domine la situation, merci de vos angoisses à mon sujet, c'est une marque d'intérêt sincère. Ne vous précipitez pas et surtout laissez moi faire.