hamon

Et c'est dommage de s'attarder là-dessus car je trouve que tu fais un bon travail poétique ces temps-ci, avec de vraies trouvailles stylistiques.

C'est Denis qui a initié le fil avec sa propagande.

Hm, je penchais plutôt pour un complot des marteaux-piqueurs, c'est une bande organisée aux réseaux aussi diffus que confus, dont on ne parle pas du tout, alors que c'est elle qui tire toutes les ficelles j'en suis persuadé. Bon je vais faire comme si tu n'en faisais pas partie, au bénéfice du doute.

Ca fait du bien de s'écarter de temps en temps, faire un pas de côté comme tu dis.


http://decadences.net/mur-2/#comments

Je n'ai pas lu l'avenir en commun. Y prévoit-il de fondre les individus dans une conscience unique universelle ? La conscience collective de l'essaim, à la manière des fourmis, des abeilles, des termites ou des chinois ? Car là, ça pourrait marcher, fini les mauvais sondages, les racailles, les problèmes de religions, les prêtres pédophiles, sens commun ou les barrages guyanais.

ce sera donc blanc au 2ème tour.

Quand même, ç'aurait valu le coup d'essayer Mélenchon. Allez, v'nez, on s'fait un coup de politique-fiction.

Avec La Pen on aurait un frexit assez bien maîtrisé, avec des grincements de dents à Bruxelles et à Berlin.
L'immigration resterait la même que maintenant (elle n'arriverait pas à fermer les frontières plus hermétiquement qu'actuellement), un peu moins de régularisations donc un peu plus de sans-papiers et de travail au noir, ce qui arrangerait les patrons non-délocalisables (construction, hôtellerie-restauration, secteur viticole, services à domicile et gardiennage) mais sans bousculer trop les équilibres actuels. Elle tenterait sans succès un coup de karcher dans les banlieues, et puis sur les sages conseils du directeur de la police, elle laisserait tout dans l'état où c'est pour s'éviter des ennuis ; les policiers qu'elle aurait embauchés pour son opération pschitt seraient affectés aux démantèlements de camps de Roms et aux contrôles de braguettes sur les lieux de drague gays, et ça constituerait un grand succès populaire.
Le népotisme et la corruption seraient au niveau de ce qu'on voit dans les mairies FN, c'est-à-dire des farces rigolotes jouées par des maladroits pour des sommes finalement peu importantes, et assez vite éventées (au contraire des montages financiers offshore des amis de Macron, qui concerneront des centaines de milliards et qui seront parfaitement légaux et parfaitement invisibles) ; elles donneraient l'occasion de tentatives pataudes de réduire le pouvoir judiciaire par décret (au lieu de l'asphyxier financièrement comme fera Macron).
Les médias seraient un peu brimés au début et puis ils trouveraient un compromis, de toute façon on ne peut pas dire qu'ils travaillent beaucoup pour la liberté ; on perdrait Charlie, et peut-être le Canard, ce qui serait dommage. Elle tâcherait de contrôler l'internet en s'adressant aux fournisseurs d'accès, ce qui jetterait les Français dans les bras des vendeurs de connexions par satellite : les Américains installent déjà de grosses antennes tout le long du Rhin en se frottant les mains.
Il faudrait bien qu'elle donne des contrats aux bétonneurs de tous horizons (et aux promoteurs russes), l'environnement en prendrait un coup.
On n'aurait vraisemblablement pas d'OGM (ils viennent des multinationales américaines) ni de bœuf aux antibiotiques - les pauvres se passeraient de bœuf. On produirait du blé français, les amis beaucerons de Marine obtiendraient la légalisation des engrais et pesticides nécessaires.


Avec Mélenchon on aurait un frexit bordélique, avec des mines désolées à Bruxelles et à Berlin.
L'immigration serait ouverte brutalement, ce qui arrangerait les patrons non-délocalisables (construction, hôtellerie-restauration, secteur viticole, services à domicile et gardiennage). Les bidonvilles pleins d'étrangers pousseraient comme des champignons et les banlieues seraient le théâtre d'émeutes entre Beurs et Arabes. Ça ne constituerait PAS un grand succès populaire.
La gabegie et l'amateurisme bien-pensant seraient au niveau de ce qu'on voit dans les mairies communistes, c'est-à-dire des absurdités qui désoleraient tout le monde sans qu'on puisse entreprendre quoi que ce soit contre. Les éléphants blancs pousseraient comme des champignons.
La Justice mènerait sa barque comme avant, ni mieux ni moins bien. Elle serait submergée de rixes au couteau et de vols d'autoradios.
Les médias feraient l'objet de chicaneries, il y aurait des dépôts de bilan (tous les grands journaux sont déficitaires et portés à bout de bras par des mécènes financiers, qui se retireraient) ; la télé publique ferait la propagande du gouvernement, ne ferait plus miroiter les "chances" ni rêver de richesse, son audience se réduirait comme podchagrin. Charlie survivrait, et vraisemblablement le Canard. Le Président tâcherait de contrôler l'internet en menaçant les fournisseurs d'accès, ce qui jetterait les Français dans les bras des vendeurs de connexions par satellite : les Américains installent déjà de grosses antennes tout le long du Rhin en se frottant les mains.
Tout ce qui est importé deviendrait cher, le système D et le raccomodage règneraient, avec centrales nucléaires rafistolées, voitures bricolées, décharges sauvages, ateliers de désossement d'électronique, etc. comme dans les pays de pénurie ; il faudrait bien construire des usines et les faire tourner pour fabriquer sur place (avec les technologies russes), sans trop regarder leurs rejets (les filtres viennent tous d'Amérique, et de toute façon on ne sait pas tout filtrer, c'est pour ça qu'on met les usines au Bangladesh) ni les conditions de travail (il faudrait bien occuper les migrants et valoriser leurs initiatives) : l'environnement et la santé en prendraient un coup.
On n'aurait vraisemblablement pas d'OGM. On produirait du blé français pour nourrir les pauvres, il faudrait bien utiliser engrais et pesticides pour assurer la quantité. On produirait du bœuf français pour que les pauvres puissent manger du bœuf de temps en temps, il faudrait bien utiliser des antibiotiques pour assurer la quantité.

Édité à la demande de l'auteur.

Qui ça "on" a cessé les guerres ? Depuis quand au juste ? De quoi tu parles ?

La France et l'Allemagne ont cessé de se faire la guerre depuis 70 ans, c'est tout. La France a encore fait la guerre d'Algérie depuis, l'Espagne la guerre au Pays Basque, l'Irlande était encore en guerre jusqu'à la semaine dernière, l'Ukraine est en guerre, Srbrenica n'est pas si loin que ça, etc., et quasiment tous les pays du reste du monde ont fait des guerres depuis, les États-Unis en tête.

L'économisme ne protège en aucun cas des guerres.

L'économisme identifie le basculement du libéralisme tempéré par la loi, laquelle était issue du cadre démocratique actif dans un Etat souverain (lequel présentait une dimension sociale affirmée, notamment dans une perspective de pacification), à l'ultralibéralisme, qui dicte la loi à des Etats ayant par ailleurs perdu leur souveraineté.

Entre parenthèses, la démocratie peut-elle conserver une quelconque substance dans un Etat qui a perdu sa souveraineté ?

Dans "La gouvernance par les nombres" Alain Supiot explique ainsi que nous sommes passés du :


(…) libéralisme économique – qui plaçait le calcul économique sous l’égide de la loi- à l’ultralibéralisme, qui place la loi sous l’égide du calcul économique. Étendu à toutes les activités humaines, le paradigme du Marché occupe désormais la place de la Norme fondamentale à l’échelle du globe. Le capitalisme a ainsi muté en un anarcho-capitalisme qui efface les frontières, soumet les Etats et démantèle les règles protectrices des trois marchandises fictives identifiées par Polanyi : la nature, le travail et la monnaie. La nécessité de ce démantèlement est assénée quotidiennement par cet équivalent moderne de la prédication religieuse que sont les grands médias. Un tel démantèlement ne peut pourtant conduire qu’à l’effondrement du système, car la fiction consistant à traiter comme des marchandises la nature, le travail et la monnaie n’était tenable que dans les cadres juridiques nationaux, qui en cantonnaient les effets destructeurs.

Comme toute idéologie ayant perdu le sens de la limite, l’anarcho-capitalisme est condamné à trouver sa limite catastrophique. Celle-ci advient lorsque les représentations mentales ignorent le principe de réalité et son rattrapé par lui. L’implosion financière de 2008 nous a donné un avant-gout de cette limite catastrophique, en dépit du tour de force qui a consisté à en tirer argument pour hâter le démantèlement de l’Etat social. Il est prévisible que ce démantèlement et l’imposition, au mépris du principe de démocratie, du règne sans partage du calcul d’utilité individuelle conduira à des violences inédites, qui se combineront aux désastres écologiques engendrés par la surexploitation des ressources naturelles. Car lorsque l’Etat n’assume plus son rôle de garant de l’identité et de la sécurité physique et économique des personnes, les hommes n’ont plus d’autre issue que de rechercher cette garantie ailleurs –dans des appartenances claniques, religieuses, ethniques ou mafieuses – et de faire allégeance à plus fort qu’eux. (...)



La gouvernance par les nombres
(Cours au Collège de France 2013-2014)
Alain Supiot

Paris • Fayard • Collection « Poids et mesures du monde »
• 2015 • 508 p. • 22 € • ISBN : 978-2-2136-8109-2