Un air de tropisme...(3ème et dernier couplet)
Il ne mange pas avec ses doigts. Il pique méticuleusement avec
les dents de sa fourchette ses morceaux de carotte. Il se verse, de la
carafe à son verre, un rosé insipide, mais frais. Les manches longues
de sa chemise sont soigneusement repliées sur ses bras puisque c’est
le mois de mai. Il ne regarde pas les gens autour de lui. Il est seul
à sa table, tandis que les clients dans le reste de la salle occupent
d’autres tables avec leurs enfants, leur famille, leurs amis.
Il y a une télévision suspendue au mur en hauteur qui diffuse
le journal télévisé. La tribune du stade s’est effondrée. La clarté de
midi s’infiltre par les portes vitrées ouvertes dont les rideaux
légèrement se balancent sous l’effet d’un vent coulis tiède. Si les
yeux basculent sous la table, ils peuvent voir les jambes
du client solitaire. Jambes puissantes que moule un pantalon
de couleur écrue. Le bilan est de dix huit morts et deux mille
trois cents blessés. Les yeux s’attardent sur l’entrejambe et
remontent vers le visage anguleux, au menton carré, mais dont
le regard absent se fixe nulle part. Le front haut se perd
sous les mèches bouclées qui adoucissent le tout. Les informations
du téléviseur pleuvent sans que personne y prête attention.
Pris de panique les gens sont écrasés les uns contre
les autres. La tribune avait été montée provisoirement au dernier
moment. On apporte au client solitaire une cassolette de flageolets
tarbais. Il se verse une rasade copieuse de rosée et plante
les dents de sa fourchette dans les flageolets qu’il mastique
lentement. Le regard de l’autre client qui l’observe ne peut déceler
rien de plus profond. Il se plait à supposer que le client aux
jambes puissantes est un vrp et qu’il passe une nuitée
professionnelle dans l’auberge de province. Il aurait pu aussi bien
lorgner une autre personne, il faut croire que celle mangeant
des flageolets est plus remarquable. Celui-là a la coiffure
encore mouillée d’une douche matinalement prise. Sa chemise
est propre ainsi que le pantalon dont le pli résiste à la tension des
jambes qui le distend. Ce fut un choc difficilement avouable, quand
le regard du solitaire a croisé par hasard le regard de l’autre solitaire
qui le toisait. Le temps d’un éclair, le présent s’est mélangé
à d’autres instants. La météo succède aux informations du journal télévisé.
Un air de tropisme...(3ème et dernier couplet)
En googelisant "tropisme", je vois un recueil de nouvelles de Nathalie Sarraute qui porte ce titre, que je ne connaissais pas. Tu t'en es inspiré ?
Un air de tropisme...(3ème et dernier couplet)
oui, vaguement mais suffisamment....
Un air de tropisme...(3ème et dernier couplet)
Je me rappelle avoir lu ce livre de Sarraute il y a très longtemps, avec un enthousiasme proche de la ferveur.
Un air de tropisme...(3ème et dernier couplet)
pas lu "tropisme".
essayé de lire "enfance". ai stoppé au bout de 50 pages.
par manque d'intérêt.
par contre, le dialogue "pour un oui ou pour un non", avec dussolier et trintignant, j'avais adoré. ( "c'est bien, ça" )
essayé de lire "enfance". ai stoppé au bout de 50 pages.
par manque d'intérêt.
par contre, le dialogue "pour un oui ou pour un non", avec dussolier et trintignant, j'avais adoré. ( "c'est bien, ça" )
Un air de tropisme...(3ème et dernier couplet)
de retour( du sud) je lis ton texte
tropisme à st Tropez, c'est ma version ou réaction chimique
j'ai bien aimé tes trois extraits, et ton sens de la description
tropisme à st Tropez, c'est ma version ou réaction chimique
j'ai bien aimé tes trois extraits, et ton sens de la description
Ce qui m'intéresse dans les tropismes...
Merci Sobac
Ce qui m'intéresse dans les tropismes (concept de Nathalie Sarraute)
c'est que les personnages sont impersonnels, ainsi ils peuvent être tout le monde.
il n'y a pas d'intrigue, rien de spectaculaire apparemment
tout ce passe dans la tête, le corps, les sensations, les velléités,
les choses qui n'explosent pas, mais qui bouillonnent,
en somme c'est un western sans coup de feu
c'est tout ce rhizome intérieur de l'être dont l'éclosion ne sera qu'une modeste
fleur, mais à l'humus vertigineux qui se décompose et recompose par le tissage haletant, balbutiant, du verbe.
les tropisme c'est un peu comme un tableau de Giorgio Morandi.
Dans mes 3 couplets c'est ce qui m'a guidé...
Ce qui m'intéresse dans les tropismes (concept de Nathalie Sarraute)
c'est que les personnages sont impersonnels, ainsi ils peuvent être tout le monde.
il n'y a pas d'intrigue, rien de spectaculaire apparemment
tout ce passe dans la tête, le corps, les sensations, les velléités,
les choses qui n'explosent pas, mais qui bouillonnent,
en somme c'est un western sans coup de feu
c'est tout ce rhizome intérieur de l'être dont l'éclosion ne sera qu'une modeste
fleur, mais à l'humus vertigineux qui se décompose et recompose par le tissage haletant, balbutiant, du verbe.
les tropisme c'est un peu comme un tableau de Giorgio Morandi.
Dans mes 3 couplets c'est ce qui m'a guidé...
Ce qui m'intéresse dans les tropismes...
Excusez pour les fautes
Très pressé en ce moment...
Très pressé en ce moment...
Ce qui m'intéresse dans les tropismes...
"c'est tout ce rhizome intérieur de l'être dont l'éclosion ne sera qu'une modeste
fleur, mais à l'humus vertigineux qui se décompose et recompose par le tissage haletant, balbutiant, du verbe."
pour reprendre l'expression de notre chère Foedera, voilà une glose qui me semble "peu ou prou incontestable" .......
schopenhauer ne disait-il pas que "l'art est la fleur de la vie" ?
j'ai moi-même écrit un poème auto-justificatif ( qui paraîtra peut-être ?... ) dans lequel les poèmes sont comparés à des fleurs. je le poste ne guise de "réponse"....
*
profession de foi
comme si je pouvais prendre des mots
les jeter sur le papier
et faire quelque chose de beau
les gens diraient c'est bien c'est
comme si les mots étaient vivants
et depuis des années je fais comme si
écrire à partir de l’espérance ou son contraire
faire fleurir un lotus dans la boue et l'ordure
étaient des occupations justifiées
pour archiver des perceptions
je fais avec peu je me protège du bruit de tout
ce qui est écrit sur la pierre repose dans le végétal
les convulsions du monde ne me concernent pas
Poésie nous apporte du bien à tous
( sauf si quelqu'un a d'autres motifs de s'en servir )
fleur, mais à l'humus vertigineux qui se décompose et recompose par le tissage haletant, balbutiant, du verbe."
pour reprendre l'expression de notre chère Foedera, voilà une glose qui me semble "peu ou prou incontestable" .......
schopenhauer ne disait-il pas que "l'art est la fleur de la vie" ?
j'ai moi-même écrit un poème auto-justificatif ( qui paraîtra peut-être ?... ) dans lequel les poèmes sont comparés à des fleurs. je le poste ne guise de "réponse"....
*
profession de foi
comme si je pouvais prendre des mots
les jeter sur le papier
et faire quelque chose de beau
les gens diraient c'est bien c'est
comme si les mots étaient vivants
et depuis des années je fais comme si
écrire à partir de l’espérance ou son contraire
faire fleurir un lotus dans la boue et l'ordure
étaient des occupations justifiées
pour archiver des perceptions
je fais avec peu je me protège du bruit de tout
ce qui est écrit sur la pierre repose dans le végétal
les convulsions du monde ne me concernent pas
Poésie nous apporte du bien à tous
( sauf si quelqu'un a d'autres motifs de s'en servir )
Ce qui m'intéresse dans les tropismes...
Ton poème :
"comme si", hé oui l'importance sournoise du "comme si", on ne peut y échapper
"espérer à partir de l'écriture" pourrait être un contraire.
en effet comment justifier de faire fleurir un lotus dans la boue et l'ordure ?
besoin de lumière, d'espérer, foi en les mots qui ne peuvent rien...
"ce qui est écrit sur la pierre repose dans le végétal" : j'aime bien, l'écrit sur la tablette d'argile continue à vivre, rebourgeonner au grès de la lecture de chacun.
"comme si", hé oui l'importance sournoise du "comme si", on ne peut y échapper
"espérer à partir de l'écriture" pourrait être un contraire.
en effet comment justifier de faire fleurir un lotus dans la boue et l'ordure ?
besoin de lumière, d'espérer, foi en les mots qui ne peuvent rien...
"ce qui est écrit sur la pierre repose dans le végétal" : j'aime bien, l'écrit sur la tablette d'argile continue à vivre, rebourgeonner au grès de la lecture de chacun.
Ce qui m'intéresse dans les tropismes...
besoin de lumière, d'espérer, foi en les mots qui ne peuvent rien...>>>en effet comment justifier de faire fleurir un lotus dans la boue et l'ordure ?
je ne crois, et ne dis pas du tout que "les mots ne peuvent rien".
enfin, si c'est ce que vous avez compris, je n'y peux rien, ça oui.
Ce qui m'intéresse dans les tropismes...
je ne prétends pas traduire ta pensée, (elle doit se suffire à elle-même)
j'écris seulement ce qu'elle m'évoque
pour prolonger, l'écriture des uns stimule la pensée des autres
c'est un plaisir que me procurent souvent les textes sur ce site
j'interprète donc évidemment je trahis
j'écris seulement ce qu'elle m'évoque
pour prolonger, l'écriture des uns stimule la pensée des autres
c'est un plaisir que me procurent souvent les textes sur ce site
j'interprète donc évidemment je trahis
Ce qui m'intéresse dans les tropismes...
j'écris seulement ce qu'elle m'évoqueje ne prétends pas traduire ta pensée, (elle doit se suffire à elle-même)
d'accord
alors pouvez vous me dire qu'est-ce qui, précisément, dans mon poème, vous "évoque" l'idée, ou vous amène à penser, que "les mots ne peuvent rien" ?