Le rebord des falaises

par 411, dimanche 16 décembre 2018, 13:47 (il y a 1959 jours)

Ecrire de la poésie c’est attendre le premier vers, c’est être, sans cesse, sur le pas de la porte. Aussi affamé que terrifié par cette faim. Car le premier vers trouvé, la vraie seule fulgurance, annonce un enfer terrible, annonce un enfermement dans le verbe. Sortir d’un poème est très difficile: on ne veut ni sortir trop tôt ni sortir trop tard. Il faut quitter le poème au bon moment. Sinon celui-ci se referme sur vous, et vous étouffe, et vous torture. Vous avez une attente dans la tête, et trop attendre vous rend fou.
N’écrivez pas uniquement des poèmes, ça vous tuera. La poésie est l’art le moins cher ; il n’y a même pas besoin de papier pour imaginer un poème de trois lignes, un haïku, un ressenti, une présence au monde. La poésie ne coûte rien mais elle n’est pas gratuite: elle est pareille à la fin d’un orgasme, au retour à la réalité, à la fatigue qui vous reprend corps et pensée. Le poète se fout d’un poème fini, il ne tend que vers le prochain shoote, la prochaine décharge de foutre, le prochain orgasme. Et moi, qui suis «né endormi», je vis l’écriture verticale comme un élan vital qui me fait, d’ordinaire, totalement défaut. A travers le vers (et le verre qui l’accompagne) je vois un reflet, et celui-ci est exact, mais je ne m’en souviens jamais. Aussi, ai-je toujours l’envie de revoir ce reflet, et pour cela il me faut écrire, encore et encore, maintenir un cap dans la déraison, ne pas halluciner pour rien, ne pas me défoncer pour rien, ne pas boire, souffrir, aimer pour rien. Chaque chose devient prétexte au poème, elle est là l’addiction ultime, et toutes mes addictions secondaires ne sont qu’un passage vers le poème, vers la réalisation, quand le cœur bondit si fort que tout le corps en tremble. Dieu de Dieu. La transcendance me console, l’imaginaire est une terre que j’aime à parcourir de long en large, dans les recoins, sur le bord des falaises.

Le rebord des falaises

par Falaise (à Pierre et Claire), dimanche 16 décembre 2018, 14:37 (il y a 1959 jours) @ 411

Bon, alors, que les choses soient claire(s), je suis pas du genre à voir des signes partout mais...
Après avoir lu le commentaire de Claire où il était question, entre autres choses d'inspiration, de sentiment d'imposture, de dépression, de falaises et d'anfractuosités... pour la première fois depuis exactement huit mois je suis allé jeter un œil sur un foutu manuscrit malade qui pourrissait dans mon disque dur. Proposé à très peu de maisons, presque accepté par deux fois et puis finalement non.
Son titre: Falaise. On y trouve des anfractuosités, des aspiration à l'élévation, du déséquilibre (beaucoup), du vertige... ce genre de choses.
En fait, il s'appelle "Falaise suivi de Diagonale". La deuxième partie a été écrite durant une hospitalisation il y a un an. Parce que -pourquoi pas le dire?- je souffre aussi d'une "pathologie narcissique", comme ils disent... trouble limite, border-line, tout ça c'est kif kif.
Et donc j'ai relu ce texte et, chemin faisant, je l'ai repris, corrigé, remodelé toute la matinée. Peut-être bien que j'ai enfin saisi ce qui déconnait chez lui. Il n'avait pas trouvé sa forme, son enveloppe. Pouvait pas tenir debout, le gars.
Peut-être bien...

Et puis je voulais dire, je suis d'accord avec tout ce que tu as écrit, Claire. Sauf peut-être "à bas l'image des premiers de cordée". Je vois pas pourquoi ça s'exclurait mais bon, c'est un détail.

Et encore, juste une précision, je suis personne pour dire si le niveau ici ou ailleurs est élevé ou pas. Sans déconner j'en sais foutre rien. J'ai juste dit mon enthousiasme pour un texte, c'est vrai en sous-entendant une forme de hiérarchie. Et bien, si le niveau est élevé, ça n'en est que plus flatteur pour le texte en question et ça n'enlève rien aux autres, à priori.

Et aussi: "On est dans une écoute permanente. C'est vraiment dur." Oui, je le ressens comme ça, exactement. Trop dur pour moi souvent. Cette traque, cette chasse à courre, cette démangeaison, il y a là-dedans plutôt qu'un "étrange bonheur", une étrange jouissance, franchement masochiste... Il faut des couilles ou de l'inconscience pour s'y plonger et tenter d'en tirer quelque chose...

Bref, je dois peut-être à cet échange d'avoir guéri le manuscrit malade, et ça, j'ai beau pas tellement croire aux signes, ça reste chouette.

J'ai foutu le Sujet à la place du nom, mais bon

par Rodrigue, dimanche 16 décembre 2018, 14:57 (il y a 1959 jours) @ Falaise (à Pierre et Claire)

- pas de texte -

Le rebord des falaises

par seyne, dimanche 16 décembre 2018, 15:06 (il y a 1959 jours) @ Falaise (à Pierre et Claire)

Oui, c'est chouette. C'est à cela que devrait servir cet endroit hétérotopique :)

si tu remarques bien, je n'ai pas écrit : "à bas les premiers de cordée" mais "à bas l'image des premiers de cordée". C'est l'image qui est paralysante...et après il y a tout ce qu'on a dit des bienfaits de l'admiration.

En lisant "Falaise", je me suis dit que la peur d'être nul en écrivant n'est que la plus superficielle. Il y en a une autre derrière : c'est la peur au contraire de ce qui est à dire, de ce qu'on a entrevu et de ce qui viendra encore après si on ne lâche pas le fil, qu'on ne connaît pas. Du coup, je me rends compte que j'écris beaucoup en fermant les yeux et en rampant, lâchement. Il faudrait que j'essaie de me mettre debout et de regarder.

...Non, en lisant « le rebord des falaises »

par seyne, dimanche 16 décembre 2018, 15:16 (il y a 1959 jours) @ seyne

- pas de texte -

Le rebord des falaises

par 411, lundi 17 décembre 2018, 12:05 (il y a 1958 jours) @ Falaise (à Pierre et Claire)

Content de t'avoir fait reprendre ton manuscrit. Ou tout du moins d'y avoir participé. Alors comme ça toi aussi tu as un "trouble" psychiatrique... Personnellement je sors peu à peu la tête de la psychose. Et écrire est devenu moins excitant mais aussi moins douloureux. J'ai quitté le bord de la falaise, et à présent je m'habrite du vent.

A la limite...

par Rodrigue, lundi 17 décembre 2018, 16:30 (il y a 1958 jours) @ 411

Oui Pierre, moi aussi...
Enfin, sachant que les troubles limites ne se situent pas sur le versant de la psychose, ni sur l'autre d'ailleurs. C'est un peu pour ça qu'ils sont dits "limites". C'est aussi pour ça, parce qu'ils peuvent prendre des formes symptomatiques diverses, qu'ils peuvent être confondues avec d'autres maladies psy.
Et moi aussi, j'en sors. Après des années, non pas sur le rebord mais mal accroché aux parois de la falaise. Des années d'errance diagnostique pour trouver enfin un psychanalyste qui fasse le pari du sens, après moult psy divers et variés obstinés à ne voir que l'allure du truc et même pas étonnés de s'étonner que le lithium ne marche pas. Pour dix psys arque boutés sur le DSM, il doit y en avoir la moitié d'un qui mérite le fric qu'on lui donne.
Moi aussi, je m'abrite du vent, mais pas complètement. Surtout, j'emprunte des sentiers qui mènent à des routes et ça fait du bien de sentir le sol de plus en plus solide sous les pas (ça me rappelle une chanson que Claire connaît bien).

A la limite...

par dh, lundi 17 décembre 2018, 16:57 (il y a 1958 jours) @ Rodrigue

trouver enfin un psychanalyste>>>


ah toi aussi rodrigue.

perso je continue aussi les médicaments. impossible de faire sans.

A la limite...

par 411, lundi 17 décembre 2018, 17:16 (il y a 1958 jours) @ dh

Il est vrai que le trouble d'état limite se situe entre névrose et psychose. Et la psychose m'a longtemps guidé concernant les poèmes ou la peinture. J'étais extatique après avoir écrit un poème, je sautais littéralement sur mon canapé. Pareil, je pouvais peintre 12h sans m'arrêter. Mais le prix à payer était trop grand, trop dur. Et de dissociations en tentatives de suicide, je voguais difficilement sur un flot ininterrompu de mots, de rythmes, de sons, de couleurs.
Aujourd'hui j'écris moins, et je m'en porte mieux, même si l'extase a disparu.

A la limite...

par dh, lundi 17 décembre 2018, 17:38 (il y a 1958 jours) @ 411

tu écoutes toujours de la musique, quand même ?

moi j'ai l'impression que c'est une des seules choses qu'il me reste,

avec les clopes et la picole.

A la limite...

par 411, lundi 17 décembre 2018, 18:14 (il y a 1958 jours) @ dh

J'écoute beaucoup de rap. Ou bien des trucs plus pointus.

Mais oui: les clopes et la picole. Et une vie de marginal, où t'as l'impression d'avoir une bombe entre les mains, mais que personne ne la voit.

A la limite...

par dh, lundi 17 décembre 2018, 18:19 (il y a 1958 jours) @ 411

moi le rap j'y connais rien. suis trop vieux maintenant pour creuser ça.

j'écoute que du jazz et du classique.

une bombe entre les mains ? je sais pas, c'est une image qui ne m'ait jamais venue.

à une époque j'avais pas mal creusé le concept schopenhaurien de négation de la volonté.

mais c'est le contraire d'une bombe, plutôt un trou noir.

A la limite...

par seyne, mardi 18 décembre 2018, 09:22 (il y a 1957 jours) @ 411

Les liens entre « état limite » et création c’est passionnant si on creuse, il y a des psychanalystes comme Maurice Corcos qui ont beaucoup écrit sur de grands artistes.
Je crois que la créativité chez les adultes surgit de failles, d’énigmes intérieures, de choses qu’on ne peut pas dire autrement.

A la limite...

par Rodrigue, mardi 18 décembre 2018, 09:32 (il y a 1957 jours) @ seyne

A la limite...

par au phil de la vie, mardi 18 décembre 2018, 19:54 (il y a 1956 jours) @ seyne

"Je crois que la créativité chez les adultes surgit de failles, d’énigmes intérieures, de choses qu’on ne peut pas dire autrement. "

C'est sûr !

A la limite...

par au phil de la vie, lundi 17 décembre 2018, 21:59 (il y a 1957 jours) @ dh

C'est commun à beaucoup de poètes.
Sensibles, incasables, inclassables, à part. Avec le risque inhérent pour ces "cas" ("k") suivant nos sociétés qui se construisent sur l'individualisme.
En même temps nous évoluons dans un drôle de monde, assez systématiquement incohérent.
A mon avis, si je puis dire nous - il est vrai que chaque cas est singulier, nous ne sommes pas forcément dans l'erreur, voire un peu mieux dans le vrai.
Me fait plaisir ces échanges.

Temps errés

par au phil de la vie, dimanche 16 décembre 2018, 15:42 (il y a 1959 jours) @ 411

qui vive
eau contraire même
coule sable vieux coquillages
morcelé
prends élan
vagues divaguent
cou la mer
flanche
bordures de falaises
à la renverse
recouvert
écume rochers abrupts
rebondi
plonge en rouleaux
profond
pleins flots
risque large
vise l'horizon

ciel glazic
memestra
mauvi

clarté éphémère
mêlée d'huitre, filtré
ballotte vents changeants
humeurs marines
vide aérien
O goéland mouette, sterne cormoran, albatros
s'en fout la mor envol

chut
sur la crête
tempêtes en vers, éclairs sol air
anti-missiles, anti-milliardaires
tombe allo radio silence
à l'os du monde
antipeur en fond de sel

bleu vert rouge jaune
sort de torpeur
à la lutte des temps présents
en eaux secoure
vitale


http://aufildelavie.hautetfort.com/archive/2015/04/18/temps-erres-5605774.html

Par tous les temps

par au phil de la vie, mardi 18 décembre 2018, 08:42 (il y a 1957 jours) @ au phil de la vie

qui vive, eau contraire m'aime
coule sable de vieux coquillages
morcelés, flanche
en bordure de falaises
à la renverse
recouvert d'écume
aux rochers abrupts
rebondi, prends l'élan
des vagues divaguent, la mer au cou
t'entoure à la nage
plonge en rouleaux
profond, pleins flots
risque large
vise l'horizon
ciel glazic
memestra, mauvi
à la clarté éphémère
de mêlée d'huitres, filtré
ballotte vents changeants
au gré d'humeurs marines
O goéland mouette, sterne cormoran, albatros
s'en fend la mor, envol
chut, sur la crête
tempête vers, éclairs sol air
anti-missiles, anti-milliardaires
tombe allo, silence radio
à l'os du monde, atl antique
antipeur en fond de sel
bleu vert rouge jaune
sort de torpeur
à la lutte des temps présents
des eaux secourent
vitales

Par tous les temps

par au phil de la vie, mardi 18 décembre 2018, 15:02 (il y a 1957 jours) @ au phil de la vie

qui vive, eau contraire m'aime
coule sable de vieux coquillages
morcelés, flanche
en bordure de falaises

à la renverse
recouvert d'écume
aux rochers abrupts
rebondi, prends l'élan

des vagues divaguent, la mer au cou
t'entoure à la nage
plonge en rouleaux
profond, pleins flots

risque large
vise l'horizon
ciel glazic
memestra, mauvi

à la clarté éphémère
de mêlée d'huitres, filtré
ballotte vents changeants
au gré d'humeurs marines

O goéland mouette, sterne cormoran, albatros
s'en fend la mor, envol
chut, sur la crête

tempête vers, éclairs sol air
anti-missiles, anti-milliardaires
tombe allo, silence radio

à l'os du monde, atl antique
antipeur en fond de sel
bleu vert rouge jaune

sort de torpeur
à la lutte des temps présents
des eaux secourent
vitales

Par tous les temps

par seyne, mardi 18 décembre 2018, 15:27 (il y a 1957 jours) @ au phil de la vie

C’est beau, on y est, dans les sensations, le vieux combat. Peut-être j’aurais laissé plus d’articlés...

Par tous les temps

par au phil de la vie, mardi 18 décembre 2018, 20:11 (il y a 1956 jours) @ seyne

Merci seyne.

Où en verrais-tu ?

Par tous les temps

par seyne, mardi 18 décembre 2018, 20:28 (il y a 1956 jours) @ au phil de la vie

en fait c’est une impression que j’ai eue d’un parti pris un peu trop systématique...mais peut-être je me trompe.

Par tous les temps

par 411, mardi 18 décembre 2018, 15:32 (il y a 1957 jours) @ au phil de la vie

C'est peut-être ça, le futur du futur du rap. Et je suis sérieux.

Par tous les temps

par au phil de la vie, mardi 18 décembre 2018, 20:16 (il y a 1956 jours) @ 411

En tous cas j'aime des choses dans le rap, c'est une musique, rythme, avec des paroles qui souvent m'interpellent, et j'aime écouter certains rappeurs, et rappeuses, telle Keny Arkana.
Ce que j'aime moins musicalement c'est le côté négatif, voire ressentiment, insistant, même si souvent je le comprends, présent dans beaucoup de rap.
Merci pour ce commentaire.

Le rebord des falaises

par sobac @, dimanche 16 décembre 2018, 18:20 (il y a 1959 jours) @ 411

La poésie ne coûte rien mais elle n’est pas gratuite: elle est pareille à la fin d’un orgasme,
c'est une comparaison poètique

moi aussi j'avais parlé de falaises dans un poème vers 2008

par dh, lundi 17 décembre 2018, 18:04 (il y a 1958 jours) @ 411

anachroniques dominateurs
son regard braqué vers saturne
le spirituel
le temporel
nul risque dés lors de falaise

ou contestation de l’ordre
laisse la puissance choir
en bas les sexes
en bas les textes
en bas les têtes

A la cantonnade

par Rodrigue, lundi 17 décembre 2018, 20:33 (il y a 1957 jours) @ dh

A propos du manuscrit...
Pas trop le budget pour une vraie campagne d'envois. Je me demande si je vais pas tenter le Polder, surtout qu'en retravaillant la forme, j'ai rendu le texte plus compacte en termes de volume et qu'il pourrait bien s'adapter au format.
Je sais qu'au moins Pierre, Claire et Denis ont vus leurs trucs publiés une ou deux fois dans ce cadre.
Alors voilà, question pour info: ça prend combien de temps pour avoir une réponse chez eux? Puis combien pour la sortie du truc? A la louche, hein, histoire de me faire une idée...

A la cantonnade

par seyne, lundi 17 décembre 2018, 20:43 (il y a 1957 jours) @ Rodrigue

Je t’avoue que je ne me souviens pas exactement des délais. Ce qui est sûr c’est qu’on ne se sent pas oublié sous la pile ni choisi par copinage. Ils ont une rigueur mais aussi une chaleur, Claude Vercey aime les échanges, et suivre ce qu’ils ont aimé.
Bref, de vrais éditeurs

A la cantonnade

par Rodrigue, lundi 17 décembre 2018, 21:22 (il y a 1957 jours) @ seyne

Ah le copinage...
Pour le coup, j'y ai échappé pour les éditeurs. Par contre, pour les notes de lecture et recensions c'est une cata.
Du coup, j'y ai échappé quand même sur le dernier vu que j'ai complètement déserté le réseautage depuis plus d'un an. Résultat, deux fois moins de retours.
C'est rigolo...

A la cantonnade

par au phil de la vie, lundi 17 décembre 2018, 21:53 (il y a 1957 jours) @ Rodrigue

Vous êtes courageux, quelques déceptions ont eu raison de mon envie d'être publié, je n'en ai personnellement plus le goût. Peut-être un manque de talent aussi ! Mais aujourd'hui, depuis quelques années, j'écris simplement ce que j'ai envie, ce que j'ai gardé, transformé, et je le publie sur mon blog. J'en suis content, je me contente peut-être de peu, mais je suis heureux dans ma vie, ce qui ne m'était peut-être pas arrivé si souvent. Alors à choisir, c'est vite vu.
Bonne chance à vous !

A la cantonnade

par Myrtille, lundi 17 décembre 2018, 22:05 (il y a 1957 jours) @ au phil de la vie

J'aime beaucoup cette réponse

A la cantonnade

par Rodrigue, mardi 18 décembre 2018, 05:41 (il y a 1957 jours) @ au phil de la vie

Y a pas de courage dans cette démarche, juste de la nécessité pour ce qui me concerne. Pour la raison simple que, tant que c'est pas fait, le boulot n'est pas fini.
La petite expérience que j'en ai, c'est qu'il se passe un dernier processus d'écriture au moment particulier de la validation des épreuves.
Je sais pas ce qu'il en est pour les autres auteurs mais perso, ça va au delà de la simple ultime correction. A la fois l'enjeu et l'échéance-urgence du truc font que je modifie une foule de minuscules détails. Je vire, rajoute, permute énormément de choses. Et ces changement nécessaires, essentiels ne m'apparaissent clairement qu'à ce moment là.
Et puis en dehors de cette raison objective que j'arrive à formuler, il y a le sentiment plus subjectif que l'objet donne corps au texte, lui permet d'exister en dehors de moi et, par là, je peux m'en débarrasser et passer à autre chose.
Non, le courage, c'est dans la plongée initiale dans l'écriture d'un ensemble, pas dans la phase finale.

A la cantonnade

par au phil de la vie, mardi 18 décembre 2018, 08:12 (il y a 1957 jours) @ Rodrigue

Oui, je m'y retrouve quelques fois dans les processus ce que tu décris.
En tous cas ce qui fait la différence, c'est que j'ai un livre écrit par toi.

A la cantonnade

par Rodrigue, mardi 18 décembre 2018, 09:12 (il y a 1957 jours) @ au phil de la vie

"c'est que j'ai un livre écrit par toi."

Ah c'est toi...

A la cantonnade

par seyne, mardi 18 décembre 2018, 09:10 (il y a 1957 jours) @ Rodrigue

Oui, je ressens les choses tout à fait comme toi.
Et pour répondre à Phil, il n’y a pas à choisir entre être heureux et être édité, quelle drôle d’idée. Je suis assez heureuse dans ma vie et ce travail de pré-édition, et le fait d’être édité c’est des choses positives comme chaque fois qu’on mène un truc au bout.

A la cantonnade

par au phil de la vie, mardi 18 décembre 2018, 14:20 (il y a 1957 jours) @ seyne

Enfin moi j'ai choisi, car envoyer un manuscrit et ne pas recevoir de réponse je trouve ça absurde. Tout comme un concours de poésie où aucune explication n'est donnée quant au choix et non choix. Perte d'énergie et de temps, pour ma part.
Bonne chance aux courageux.

patrice blanc

par dh, mardi 18 décembre 2018, 09:18 (il y a 1957 jours) @ Rodrigue

Patrice Blanc, « De sang, de nerfs et d’os », éditions du contentieux. 192 pages ; 15 euros.



C’est d’abord pour des raisons matérielles et contingentes que Patrice Blanc, l’homme et l’œuvre, demeurent comme cachés et mal discernables dans une région quasi-coupée de tout lien avec la poésie contemporaine institutionnelle de maintenant, 2018. Né en 1956, il commence à écrire vers 14 ans, apprend à jouer du piano, se passionne pour Trakl et Whitman mais parait, déjà, en décalage complet avec un système scolaire dont les contraintes et les limitations lui pèseront toujours, avant qu’il ne le quitte définitivement de façon précoce. Nous sommes donc en présence, essentiellement, d’un autodidacte. On sait qu’il travailla dans les années 80 dans un comptoir de métaux précieux, ce qui est ironique pour un homme qui ne roula jamais, et ne roule toujours pas sur l’or. Puis se succèdent plusieurs emplois « alimentaires », dont un poste de gardien de parking, jusqu’à la rupture avec le monde salarial. On s’en tiendra là pour la biographie. Pour ce qui nous intéresse, la poésie, on remarquera que la plupart des recueils publiés de Patrice Blanc (une douzaine ?) ne sont pas disponibles au catalogue de la BNF, ni dans la base éditoriale Electre qu’utilisent les libraires. On cherchera également son nom en vain dans les archives du CNL poésie ou autre officine régionale chargée d’aider pécuniairement les poètes en difficultés. Il a pourtant beaucoup publié en revues, mais ne semble pas avoir pris le virage internet conduisant au tout numérique. En tapant son nom sur Google, on peut trouver quelques rares articles du critique Jean-Paul Gavard Perret, qui explique à son propos : « La poétique de l’auteur contraint d'émerger hors du signifié et annonce une fin puisque cesse - ou presque - le langage sinon celui de l’amour qui tente de perdurer encore. » Patrice Blanc serait donc une sorte d’adepte de la théologie négative de Maître Eckhart ou du Tractatus Logico Philosophicus, un mystique constatant l’inanité, la vanité du langage à explorer certaines zones inscrutables de la spiritualité. Ce serait oublier son amour des mots, de leur son, de leur sens aussi, de leur propriété à provoquer l’émotion. Alors certes il écrit « aux limites de la parole / l’énigme crée l’obstacle », il n’en demeure pas moins que cette poésie, éminemment « lisible », voire « lyrique », ne peut aucunement être rattachée à certains cas extrêmes relevant plus de la pathologie autistique que de la poésie. Toujours reliée à la subjectivité et à l’empirie, cette écriture ne nie pas le monde, le soi où le langage, mais les transfigure en les appareillant et les tissant mutuellement d’une façon inédite. Pour un poète, que demander de plus ?

moi aussi j'avais parlé de falaises dans un poème vers 2008

par 411, mardi 18 décembre 2018, 14:41 (il y a 1957 jours) @ dh

Plusieurs fois que je relis ce texte. Et j'en aurais bien lu plus long, ici je trouve qu'on reste un peu sur sa faim.

moi aussi j'avais parlé de falaises dans un poème vers 2008

par dh, mardi 18 décembre 2018, 15:27 (il y a 1957 jours) @ 411

polder 168.