Castille
Six mois d’hiver et six d’enfer
Les grandes croix en cuivre
crevassées par la soif
sonnent la poussière
des naissances oubliées
Venelles où se bousculent
des cris d’enfants ridés
nourris de silencieux automnes
Dans l’obscurité qui les voûte
le sang des ceps frémit.
Six mois d’enfer et six d’hiver
tresses de mémoire et de lumière.
Dans le crépuscule lisse, une partition tanne les corps étendus de l’exil.
Le pendentif, en platine, paresse au creux des collines qui s’attardent.
A la lueur hypnotique d’un cyprès, vacillent les sonnailles tardives des terres
fécondes des promesses d’un avril, aux yeux déjà émus,
par les rires blonds du mois d’août.
Les grandes croix en cuivre
crevassées par la soif
sonnent la poussière
des naissances oubliées
Venelles où se bousculent
des cris d’enfants ridés
nourris de silencieux automnes
Dans l’obscurité qui les voûte
le sang des ceps frémit.
Six mois d’enfer et six d’hiver
tresses de mémoire et de lumière.
Dans le crépuscule lisse, une partition tanne les corps étendus de l’exil.
Le pendentif, en platine, paresse au creux des collines qui s’attardent.
A la lueur hypnotique d’un cyprès, vacillent les sonnailles tardives des terres
fécondes des promesses d’un avril, aux yeux déjà émus,
par les rires blonds du mois d’août.
Castille
l'enfer peuplé de bonnes intentions dixit l'expression , qui ici prend l'hiver en otage, mais que les rires blonds viendront en aout se confiaient pour peut être expurger ces corps étendus de l'exil
exil qui laisse une chance à un renouveau
exil qui laisse une chance à un renouveau
Castille
c'est vraiment très bien écrit et beau à lire. qu'est-ce qui me gêne pourtant ?
je crois que je ne sais pas d'où parle le poème, de quoi il parle.
est-ce un simple voyage en Castille, une méditation devant les paysages, les choses rencontrées ? Dans ce cas j'ai le sentiment d'une dramatisation un peu artificielle, pour donner de l'intensité au poème, éviter la carte postale.
ou bien y a-t-il quelque chose de profondément et personnellement vécu qui se dit ici ?
je dis cela parce que tu as déjà posté pas mal de poèmes, ici et sur Vos Ecrits qui semblaient inspirés par des voyages.
je crois que je ne sais pas d'où parle le poème, de quoi il parle.
est-ce un simple voyage en Castille, une méditation devant les paysages, les choses rencontrées ? Dans ce cas j'ai le sentiment d'une dramatisation un peu artificielle, pour donner de l'intensité au poème, éviter la carte postale.
ou bien y a-t-il quelque chose de profondément et personnellement vécu qui se dit ici ?
je dis cela parce que tu as déjà posté pas mal de poèmes, ici et sur Vos Ecrits qui semblaient inspirés par des voyages.
Castille
Bonsoir Seyne et Sobac,
Merci pour vos retours.
Oui, ici c'est déjà le soir et même la nuit.
Un dicton résume cette région centre de l'Espagne:
Castille, 6 mois d'hiver et 6 d'enfer.
Mes ancêtres sont originaires de cette région et bien qu'y ayant très peu vécu, chaque retour réveille une certaine nostalgie. Le côté saumon de l'être humain?
Villages qui se dépeuplent, places vides sans enfant, terres à blé lisses et indigentes (Machado parlait d'un Océan de cuir) parsemées de lauriers et de cyprès, que les troupeaux nettoient après les récoltes. Des vignes et des caves où mûrit un vin trouble...Terre de conquistadors miséreux et rudes partis faire fortune aux Amériques, porteurs des valeurs traditionnelles d'une Espagne catholique et réactionnaire où "même les pierres votent à droite".
Voilà c'est aussi tout ça qui fait de moi ce que je suis...Promis, je posterai bientôt sur la France.
Content que ça t'ait plu, l'idée était de poser une suite de plans fixes, comme un film reportage sans humain mais avec les bruits, les couleurs et les saveurs, de cette terre ingrate. Sans la croix, cela pourrait être aussi bien l'Afrique du Nord, la Turquie, la Hongrie et pourquoi pas l'Ardèche des années 70? Contrairement à ce que je pouvais penser, l'idée, au fond, est universelle. La forme qu'elle prend n'est qu'anecdotique.
Merci pour vos retours.
Oui, ici c'est déjà le soir et même la nuit.
Un dicton résume cette région centre de l'Espagne:
Castille, 6 mois d'hiver et 6 d'enfer.
Mes ancêtres sont originaires de cette région et bien qu'y ayant très peu vécu, chaque retour réveille une certaine nostalgie. Le côté saumon de l'être humain?
Villages qui se dépeuplent, places vides sans enfant, terres à blé lisses et indigentes (Machado parlait d'un Océan de cuir) parsemées de lauriers et de cyprès, que les troupeaux nettoient après les récoltes. Des vignes et des caves où mûrit un vin trouble...Terre de conquistadors miséreux et rudes partis faire fortune aux Amériques, porteurs des valeurs traditionnelles d'une Espagne catholique et réactionnaire où "même les pierres votent à droite".
Voilà c'est aussi tout ça qui fait de moi ce que je suis...Promis, je posterai bientôt sur la France.
Content que ça t'ait plu, l'idée était de poser une suite de plans fixes, comme un film reportage sans humain mais avec les bruits, les couleurs et les saveurs, de cette terre ingrate. Sans la croix, cela pourrait être aussi bien l'Afrique du Nord, la Turquie, la Hongrie et pourquoi pas l'Ardèche des années 70? Contrairement à ce que je pouvais penser, l'idée, au fond, est universelle. La forme qu'elle prend n'est qu'anecdotique.
Castille
en te lisant, en essayant de mettre le doigt sur "ce qui manque pour moi" dans tes poèmes, je me dis que c'est justement toi. Mais je lis bien ce que tu dis, que c'est délibéré.
La présence de l'auteur dans le texte, qu'il dise "je" ou pas, c'est une question très délicate et qui sûrement appartient à chacun. Il est certain que ça doit être seulement une présence de témoin.
Peut-être - si je continue à réfléchir - la présence de l'auteur-témoin dans le texte va-t-il pour moi avec une façon de vivre l'écriture comme une route (je dis un gros mot : initiatique), avec une continuité, des rencontres et des moments d'arrêt sur image.
J'ai aussi moitié de sang espagnol, mais la Castille que tu décris, que je ne connais pas vraiment, c'est un souvenir de soir de Noël : en arrivant à Madrid, 20 cm de neige, et sur l'autoroute blanche, un voiture renversée sur le toit qui brûle dans la nuit. C'est aussi l'âpre cinéma de Carlos Saura. Ton poème m'y a fait penser.
La présence de l'auteur dans le texte, qu'il dise "je" ou pas, c'est une question très délicate et qui sûrement appartient à chacun. Il est certain que ça doit être seulement une présence de témoin.
Peut-être - si je continue à réfléchir - la présence de l'auteur-témoin dans le texte va-t-il pour moi avec une façon de vivre l'écriture comme une route (je dis un gros mot : initiatique), avec une continuité, des rencontres et des moments d'arrêt sur image.
J'ai aussi moitié de sang espagnol, mais la Castille que tu décris, que je ne connais pas vraiment, c'est un souvenir de soir de Noël : en arrivant à Madrid, 20 cm de neige, et sur l'autoroute blanche, un voiture renversée sur le toit qui brûle dans la nuit. C'est aussi l'âpre cinéma de Carlos Saura. Ton poème m'y a fait penser.
Castille
l'écriture comme une route
ça c'est la phrase que je retiendrais aujourd'hui et pour longtemps, c'est court c'est simple, mais c'est tellement ça, directe et sans détour...
ça c'est la phrase que je retiendrais aujourd'hui et pour longtemps, c'est court c'est simple, mais c'est tellement ça, directe et sans détour...
Castille
Après avoir découvert Deleuze (et je l'espère l'avoir compris) et beaucoup médité sur le fait que Rimbaud arrête d'écrire dans cette Corne de l'Afrique où j'ai moi- même échoué, j'ai été peu à peu amené à rendre ce que je ressentais à ce qui m'avait permis de le ressentir et, effectivement, pas forcément de façon connotée. Manque de générosité de ma part? Envie de ne transmettre que la poésie de ce qui existe déjà sans transformer la réalité? Lorsque le monde dans lequel on vit est en soi une métaphore, quels recours reste-t-il pour le rendre accessible aux autres?
Cependant, j’ai vraiment l'impression de mettre en scène le contemplatif que je suis dans chacun de mes textes. Après, je dois avouer que l'on me trouve souvent décalé et que le regard qui va au delà de ce que je perçois, sur le monde qui m’entoure, m’avait valu le surnom de « celui qui voit ».
Je veux bien montrer qui je suis même si je ne comprends pas trop l’intérêt que cela peut avoir. Je vais partager la dernière chronique d’une biennale quelque part dans le monde, sans doute plus personnelle?
En tout cas, merci pour ce retour.
Cependant, j’ai vraiment l'impression de mettre en scène le contemplatif que je suis dans chacun de mes textes. Après, je dois avouer que l'on me trouve souvent décalé et que le regard qui va au delà de ce que je perçois, sur le monde qui m’entoure, m’avait valu le surnom de « celui qui voit ».
Je veux bien montrer qui je suis même si je ne comprends pas trop l’intérêt que cela peut avoir. Je vais partager la dernière chronique d’une biennale quelque part dans le monde, sans doute plus personnelle?
En tout cas, merci pour ce retour.
Castille
Je n’ai pas lu Deleuze, mais je lis avec beaucoup d'interêt ce que tu dis ici.
Une chose est évidente sur les forums : on a tendance à proposer aux autres d’écrire comme on le fait soi-même. C’est regrettable, mais inévitable jusqu’à ce qu’on apprenne à connaître vraiment le style d’un autre, « entendre » la voix.
Une chose est évidente sur les forums : on a tendance à proposer aux autres d’écrire comme on le fait soi-même. C’est regrettable, mais inévitable jusqu’à ce qu’on apprenne à connaître vraiment le style d’un autre, « entendre » la voix.
Castille
Les grandes croix en cuivre
crevassées par la soif
sonnent la poussière
Venelles où se bousculent
des cris d’enfants ridés
Dans l’obscurité qui les voûte
le sang des ceps frémit
Dans le crépuscule lisse,
une partition tanne les corps étendus.
A la lueur hypnotique d’un cyprès,
vacillent les sonnailles tardives
d’un avril, aux yeux déjà émus,
par les rires blonds du mois d’août.
crevassées par la soif
sonnent la poussière
Venelles où se bousculent
des cris d’enfants ridés
Dans l’obscurité qui les voûte
le sang des ceps frémit
Dans le crépuscule lisse,
une partition tanne les corps étendus.
A la lueur hypnotique d’un cyprès,
vacillent les sonnailles tardives
d’un avril, aux yeux déjà émus,
par les rires blonds du mois d’août.
Castille
J'aime beaucoup.
Merci pour ce nouveau voyage aux origines et pour être tout naturellement entré dans la logique des poèmes que j'appelle à tiroirs. Des élèments qui se combinent de façon personnelle. Je pense que la création n'existe pas, que tout n'est qu'agencements. C'est un sentiment nouveau que cette complicité implicite avec une autre personne qui écrit. Intéressant...ce forum dépasse mes espérances.
Merci pour ce nouveau voyage aux origines et pour être tout naturellement entré dans la logique des poèmes que j'appelle à tiroirs. Des élèments qui se combinent de façon personnelle. Je pense que la création n'existe pas, que tout n'est qu'agencements. C'est un sentiment nouveau que cette complicité implicite avec une autre personne qui écrit. Intéressant...ce forum dépasse mes espérances.
Castille
Je n’ai pas lu Deleuze>>>
tu n'as rien perdu.