Tullamore (intro)
*
il est tombé au pied du lit
dans une marée d'outre tombe
dans tant de noir il est tombé
dans la marée dans tant de noir
qu'il en a perdu ses deux mains
l'enfant perdu s'est pris au piège
s'est retrouvé dans le charbon
avec pour unique compagnon
les cris rageurs du lino froid
le mur ami le pied du lit
et c'est comme s'il était tombé
dans un autre pays
au lit cette fois de la rivière
et l'enfant sait du pied du lit
qu'il a encore souillé ses draps
et cette terreur infinie
lui est tombée dans l'estomac
et dans le fond de l'âme humaine
tant sa vessie l'avait trahi
une fois encore car sa vessie
était un monstre
car sa vessie était une pute
alors il a regardé le mur
il s'est collé contre le mur
son pyjama était trempé
il attendait dans le silence
croisant les bras pour moins trembler
imaginant avec effroi
le regard du papa
les mots du père
et puis la trempe du papa
au matin
la branlée sombre et dégueulasse
la honte et la menace
et le lit est trempé
en bas le père est sec se torche au tullamore
l'enfant le sait
tant il y'a d'ombres dans son père
de falaises, d'à-pic et d'au-delà
il nettoiera ses yeux
et priera jusqu'au matin
le dos collé au mur jusqu'au matin
au fond se dira p'tit garçon
qu'il est tombé jusqu'au matin
dans l'ombre longue de la faute
alors
il restera là le crâne écrasé par la faute
puis au final trempé d'urine
demandera au Seigneur
d'abattre son géniteur
tant il redoutera la sanction
tant sa frayeur sera aussi bête qu'insoutenable
il fermera les yeux
se sentira parfois coupable
et de ses yeux fermés
jailliront de petits points rouges
petits soleils motifs hindous carmins tribaux
il rêvera par le sol
comprendra par la terre
par le dur
ô petit père ne tremble pas
dans l'ombre longue de papa
le temps ira au réconfort
rassure-toi rassure-toi
dieu te protège comme il peut
mais parfois papa est trop fort
*
il est tombé au pied du lit
dans une marée d'outre tombe
dans tant de noir il est tombé
dans la marée dans tant de noir
qu'il en a perdu ses deux mains
l'enfant perdu s'est pris au piège
s'est retrouvé dans le charbon
avec pour unique compagnon
les cris rageurs du lino froid
le mur ami le pied du lit
et c'est comme s'il était tombé
dans un autre pays
au lit cette fois de la rivière
et l'enfant sait du pied du lit
qu'il a encore souillé ses draps
et cette terreur infinie
lui est tombée dans l'estomac
et dans le fond de l'âme humaine
tant sa vessie l'avait trahi
une fois encore car sa vessie
était un monstre
car sa vessie était une pute
alors il a regardé le mur
il s'est collé contre le mur
son pyjama était trempé
il attendait dans le silence
croisant les bras pour moins trembler
imaginant avec effroi
le regard du papa
les mots du père
et puis la trempe du papa
au matin
la branlée sombre et dégueulasse
la honte et la menace
et le lit est trempé
en bas le père est sec se torche au tullamore
l'enfant le sait
tant il y'a d'ombres dans son père
de falaises, d'à-pic et d'au-delà
il nettoiera ses yeux
et priera jusqu'au matin
le dos collé au mur jusqu'au matin
au fond se dira p'tit garçon
qu'il est tombé jusqu'au matin
dans l'ombre longue de la faute
alors
il restera là le crâne écrasé par la faute
puis au final trempé d'urine
demandera au Seigneur
d'abattre son géniteur
tant il redoutera la sanction
tant sa frayeur sera aussi bête qu'insoutenable
il fermera les yeux
se sentira parfois coupable
et de ses yeux fermés
jailliront de petits points rouges
petits soleils motifs hindous carmins tribaux
il rêvera par le sol
comprendra par la terre
par le dur
ô petit père ne tremble pas
dans l'ombre longue de papa
le temps ira au réconfort
rassure-toi rassure-toi
dieu te protège comme il peut
mais parfois papa est trop fort
*
Tullamore (intro)
se torcher au Tullamore , it's expensive my friend but it's classy
l'enfance et la terreur de pisser au lit puis de se masturber enfin tous les interdits, et ce père qui devient l'ordre comment ne pas avoir peur ensuite de la police, des délateurs de la rumeur
mais on s'en branle c'est le cas de le dire
l'enfance et la terreur de pisser au lit puis de se masturber enfin tous les interdits, et ce père qui devient l'ordre comment ne pas avoir peur ensuite de la police, des délateurs de la rumeur
mais on s'en branle c'est le cas de le dire
Tullamore (intro)
Je peux me tromper, mais je trouve dommage que tu ne sortes pas beaucoup plus de ton personnage pour arriver en quelque sorte à sublimer ce qui constitue un genre de traumatisme qui peut certes être difficile à vivre et à porter mais qui ne devrait pas s'imposer à toi comme aux autres de cette manière un peu crue. Il me semble que tu cèdes légèrement à l'impudeur, à la peur, non que tu sois impudique ou lâche, mais sûrement avec beaucoup de réclamations, de reconnaissance et d'envie d'amour et de réconciliation autour de toi et avec toi-même.
Je répète, je peux me tromper, d'autant que je t'ai déjà vu écrire ici des choses à la limite du somptueux.
Bien à toi
Je répète, je peux me tromper, d'autant que je t'ai déjà vu écrire ici des choses à la limite du somptueux.
Bien à toi
tullamore
le roman familial intime
qui se présente sous la forme du poème
pourquoi pas
il en est mieux ainsi
soulagé d'un besoin urgent
qui se présente sous la forme du poème
pourquoi pas
il en est mieux ainsi
soulagé d'un besoin urgent
tullamore
Pour vous répondre: le poème n'est pas si intime que ça. J'ai pissé au lit longtemps, certes, mais tout ne s'est pas passé comme dans le poème. C'est mon grand-père qui m'engueulait, mais il ne me foutait pas de raclées.
Encore une fois c'est la musique que je cherche. Le sujet n'est qu'un prétexte bien qu'il parte d'une vraie frayeur enfantine.
Après, c'est sûr que j'écris cru.
Mais aujourd'hui je suis juste un type gentil, doux, affable, qui (re)trouve folie dans ses poèmes.
Et qui essaie d'écrire en staccato, ou en rubato.
Encore une fois c'est la musique que je cherche. Le sujet n'est qu'un prétexte bien qu'il parte d'une vraie frayeur enfantine.
Après, c'est sûr que j'écris cru.
Mais aujourd'hui je suis juste un type gentil, doux, affable, qui (re)trouve folie dans ses poèmes.
Et qui essaie d'écrire en staccato, ou en rubato.
Tullamore (intro)
Ouf!!!
Toute l'horreur de la violation intime et de la vulnérabilité.
Un texte très fort sur de multiples formes de maltraitance.
ça secoue.
Toute l'horreur de la violation intime et de la vulnérabilité.
Un texte très fort sur de multiples formes de maltraitance.
ça secoue.
Tullamore (intro)
c'est vrai ça renvoie à nous même
des lieux communs qui fait qu'on est dans la même galère sociétale, culturelle,
idéologique...
ce n'est pas réconfortant
mais l'écriture nous montre ainsi qu'on n'est pas seul à souffrir ces conneries
frères de misère
des lieux communs qui fait qu'on est dans la même galère sociétale, culturelle,
idéologique...
ce n'est pas réconfortant
mais l'écriture nous montre ainsi qu'on n'est pas seul à souffrir ces conneries
frères de misère
Tullamore (intro)
C’est d’une précision et d’une intensité assez remarquables, comme une plongée au plus profond de la mémoire, cherchant pour l’enfant qu’on a été les mots qui manquaient.
Du coup on retrouve comme lecteur (si différente qu’ait été la vie) ce qu’on a vécu à cet âge, où on ressentait pleinement un monde parfois puissant et noir, incompréhensible.
La « puissance paternelle », c’était un terme juridique, mais pas seulement.
La forme, si rythmée, les mots vrais qui fulgurent : révéler la beauté cachée de l’expérience elle-même, si terrible qu’elle ait été. La dire à l’enfant toujours vivant tout au fond de notre obscurité, de notre oubli.
Du coup on retrouve comme lecteur (si différente qu’ait été la vie) ce qu’on a vécu à cet âge, où on ressentait pleinement un monde parfois puissant et noir, incompréhensible.
La « puissance paternelle », c’était un terme juridique, mais pas seulement.
La forme, si rythmée, les mots vrais qui fulgurent : révéler la beauté cachée de l’expérience elle-même, si terrible qu’elle ait été. La dire à l’enfant toujours vivant tout au fond de notre obscurité, de notre oubli.
Tullamore (intro)
En fait, pour revenir à la véracité du texte, ma pime enfance a été certes sordide, violente parfois, mais là il s'agit d'un enfant inventé, et j'ai volontairement poussé le curseur jusqu'au monstrueux. Je crois, au fond, que j'ai tellement usé de ce qu'on pourrait appeler l'autofiction, qu'à chaque fois on croit que tout est vrai.
Par contre, le fait que ça renvoie à la propre histoire de quelques uns c'est cool.
J'écrit beaucoup en ce moment, je crois que je tiens quelque chose.
Par contre, le fait que ça renvoie à la propre histoire de quelques uns c'est cool.
J'écrit beaucoup en ce moment, je crois que je tiens quelque chose.
Tullamore (intro)
en fait je voulais dire l’enfance de tout le monde : tomber du lit en plein sommeil dans le noir, avoir le sentiment d’une faute impardonnable et attendre le châtiment, ressentir la puissance des adultes comme un droit de vie et de mort...etc. C’est plus l’imaginaire que la réalité, c’est lié à la fragilité et à la dépendance de l’état enfantin. Certains enfants l’effleurent à peine, d’autres y sont plongés sans cesse.
Tullamore (intro)
tomber du lit en plein sommeil dans le noir>>>
ça m'est arrivé vers 7-8 ans, d'un lit superposé. et je me suis cassé le poignet gauche. je confirme que c'est traumatisant.