observation
parfois je veux prendre un grand bain de prose. dans
la bibliothèque choisir le livre idoine, le goûter comme
avec sa main l’eau de la piscine. il y a des langages qui
nécessitent de s’acclimater, de passer le lexique à sa nuque,
à sa taille, - eau froide -, de persévérer avant de pouvoir
y nager sans efforts. d’autres vous accueillent sans manières,
comme l’ami longtemps quitté. on s’y sent, par miracle,
immédiatement bien chaussé. je ne sais pas à quoi c’est dû.
ce n’est pas seulement affaire de goût: parfois, ce qu’on aime
vous tient à distance, se refuse à vous. et lève
tout un pays de neige.
semblablement, le matin, il arrive qu'un clignement
d’yeux vers le ciel témoigne de notre parenté.
on projette son corps dans la journée sans la goûter
au préalable. alors tout est facile. l’air clair et transparent
est aussi celui des airs de famille. la lumière pénètre
les objets comme dans le beurre de l’esprit.
la profondeur de l’atmosphère égale celle des miroirs.
quelques mouvements de brasse vous emmènent
jusque dans l’après-midi. puis on étend son corps
sur les pinces-à-linge d’une somnolence où regarder
s’écouler tout ce qu’on a fait, tout ce qu’on a dit. ainsi je lis
elias canetti
la bibliothèque choisir le livre idoine, le goûter comme
avec sa main l’eau de la piscine. il y a des langages qui
nécessitent de s’acclimater, de passer le lexique à sa nuque,
à sa taille, - eau froide -, de persévérer avant de pouvoir
y nager sans efforts. d’autres vous accueillent sans manières,
comme l’ami longtemps quitté. on s’y sent, par miracle,
immédiatement bien chaussé. je ne sais pas à quoi c’est dû.
ce n’est pas seulement affaire de goût: parfois, ce qu’on aime
vous tient à distance, se refuse à vous. et lève
tout un pays de neige.
semblablement, le matin, il arrive qu'un clignement
d’yeux vers le ciel témoigne de notre parenté.
on projette son corps dans la journée sans la goûter
au préalable. alors tout est facile. l’air clair et transparent
est aussi celui des airs de famille. la lumière pénètre
les objets comme dans le beurre de l’esprit.
la profondeur de l’atmosphère égale celle des miroirs.
quelques mouvements de brasse vous emmènent
jusque dans l’après-midi. puis on étend son corps
sur les pinces-à-linge d’une somnolence où regarder
s’écouler tout ce qu’on a fait, tout ce qu’on a dit. ainsi je lis
elias canetti
observation
La dolce vita.
observation bis
dans mon imagination je fais du vélo, un vélo
peugeot qui me scie le cul en deux avec une
selle trop rigide, mais cela n'empêche pas le
vent de souffler à ma venue comme les jappe-
-ments d'un chien reconnaissant son maitre, ça
ne m'empêche pas d'aimer m'étendre dans l'herbe
verte et grasse comme une plaie ouverte,
ça ne m'empêche pas de rompre le coeur du paysage,
d'en sucer la blessure, comme pour en aspirer le poison,
ça ne m'empêche pas de me laisser aller à des actes
de stupidité humiliants, que rien ne justifie, puis de les
appeler: spontanéité, ça ne m'empêche pas de savoir
que la vie est certaine, assurée, quoi que je fasse,
même si je voulais me salir, même si je voulais
la perdre. le monde est là avec une tranquillité
dégoutante, beau comme la mémoire et comme
elle sans un pli, ne remettant rien en question,
le sang de mes gencives a l'acidité du vin, les doigts
sont luisants et rebondis, grappes d'olives agrippant
la nausée, l'exaltation et l'angoisse se mêlent dans
le même creuset fertile, la margelle du corps dél-
----imite l'étiage du paysage, et
dans un grand sourire --- dans une
grande joie lasse, sans y réfléchir -
je le vomis.
peugeot qui me scie le cul en deux avec une
selle trop rigide, mais cela n'empêche pas le
vent de souffler à ma venue comme les jappe-
-ments d'un chien reconnaissant son maitre, ça
ne m'empêche pas d'aimer m'étendre dans l'herbe
verte et grasse comme une plaie ouverte,
ça ne m'empêche pas de rompre le coeur du paysage,
d'en sucer la blessure, comme pour en aspirer le poison,
ça ne m'empêche pas de me laisser aller à des actes
de stupidité humiliants, que rien ne justifie, puis de les
appeler: spontanéité, ça ne m'empêche pas de savoir
que la vie est certaine, assurée, quoi que je fasse,
même si je voulais me salir, même si je voulais
la perdre. le monde est là avec une tranquillité
dégoutante, beau comme la mémoire et comme
elle sans un pli, ne remettant rien en question,
le sang de mes gencives a l'acidité du vin, les doigts
sont luisants et rebondis, grappes d'olives agrippant
la nausée, l'exaltation et l'angoisse se mêlent dans
le même creuset fertile, la margelle du corps dél-
----imite l'étiage du paysage, et
dans un grand sourire --- dans une
grande joie lasse, sans y réfléchir -
je le vomis.
observation bis
Les fruits de mer peuvent être consommés après régurgitation.
observation bis
troll des montagnes
un troll ! ça fait longtemps que je n’en avais pas vu! je croyais que ça avait disparu, un peu comme les crétins des Alpes.
un troll ! ça fait longtemps que je n’en avais pas vu! je croyais que ça avait disparu, un peu comme les crétins des Alpes.
observation bis
Les loups reviennent dans les alpages, éventrer les derniers moutons forumiques.
observation bis
les deux textes sont assez passionnants, à la fois par la qualité de l'écriture (ces métaphores si justes et étonnantes à la fois), par la présence du corps vivant et traversé de tout, et par ce qui me semble une réflexion plus abstraite sur le trio : réel/mémoire/imaginaire. On les voit danser ensemble comme les trois grâces...