Marcher (pour un recueil collectif sur l'exclusion)

par L'autre moi, samedi 05 juillet 2014, 23:47 (il y a 3581 jours)

marcher si marcher dans dehors puisqu'il semble que puisque sous le vieux jean sur la peau sur le vieux pull sous la peau dans à travers cet espace entre jean & pull & la peau ce qu'il en reste quand même de croutes & de laine macérées de croute & de derme encore de vent le vent passe entre dedans serré dedans le vent passe entre le vieux pull & la peau ce qu'il en reste & marcher.

donc sentir qu'on est dehors puisque le vent passe dedans puis rouge alors comme sang du dedans dehors aux coude & genoux rougis pommettes rougies arcades rougies taches étendues sur la laine & la toile du corps & marche & lève une paupière avec l'autre on se trouve alors sur un banc tandis que marche encore & quand même tandis que marche encore au dedans.

ça lève une paupière et puis l'autre comme ça lève un pied pour marcher si marcher bien-sûr on n'en peut mais alors on s'assoit sur un banc on s'assoit sur un banc mais déjà assis tandis qu'on marche encore au-dedans d'une paupière puis d'une autre levée ça fait un pont branlant au-dessus comme ça les personnes dehors passent elles passent comme passe le vent entre la peau ça fait comme ça un pont chaque paupière close en même temps.

& c'est drôle bien-sûr de précéder leurs gestes à eux sauter d'arrière en avant d'avant d'arrière davandarièredavandarière de leurs gestes au-dessus de ce trou les paupières ça fait un film un vieux film n&b jeté dessus cloués dessus décloués les couleurs de leurs gestes par dessus le trou branlant leurs gestes d'avant comme eux d'arrière comme eux.

tout comme allant de là pour aller ailleurs de dedans à dehors à dedans comme avant comme eux comme si de chez elle à chez elle & chez lui à chez elle comme avant comme soi peut-être & bien-sûr un jour mais un jour d'avant soi-même on s'en souviendra pas puisqu'on dort déjà sur un banc puisqu'on marche encore au dedans bien-sûr on marche au dedans quand même en dormant.

Marcher (pour un recueil collectif sur l'exclusion)

par zeio, dimanche 06 juillet 2014, 16:17 (il y a 3580 jours) @ L'autre moi

Salut, bienvenue.
Perso je ne suis pas entré dans ce texte, et n'ai pas ressenti véritablement d'émotion.
L'absence de ponctuation rend la lecture difficile mais ça n'est pas ça qui me gène
Son absence ne semble pas mener ici vers un dépouillement libre mais donne la sensation d'une roue tournant à vide, d'une vitesse laborieuse, d'encombrements non fluide sans espaces percutants, lâchés avec impatience et sans éclats concis ni surgissements, qui auraient noyé l'artificiel du procédé, trop visible et emphatiquement vide.
Il s'agit d'exclusion, d'un vagabond je crois qui oscille dans un demi-rêve alcoolisé (je l'ai compris comme ça en tout cas), mais de mon côté je ne sens pas l'exclusion, ni sa solitude ni sa souffrance, mais surtout la facilité du procédé.

idem

par catrine, dimanche 06 juillet 2014, 20:57 (il y a 3580 jours) @ zeio

- pas de texte -

Marcher (pour un recueil collectif sur l'exclusion)

par Claire @, dimanche 06 juillet 2014, 18:17 (il y a 3580 jours) @ L'autre moi

bienvenue ici,

Je suis un peu d'accord avec zeio, il me semble que tu n'as pas approfondi suffisamment ce que tu cherches à faire.
Ceci dit, c'est un projet qui peut être très riche, je trouve. Creuse encore, au delà du premier abord du sujet. Je m'y risquerai peut-être après toi.

Il y a quelques années Polder a édité un texte assez fascinant d'Ariane Gravier, qui s'appelle "Bri". Il était écrit aussi à la première personne du singulier, dans un langage particulier, comme troublé et enfantin. Il amenait peu à peu le lecteur à vivre de l'intérieur le récit d'une vie précaire, dans des sensations presque directes, et faisait ressentir aussi, par contraste combien notre vie de "nantis" nous protège et nous éloigne du monde des sensations et des et émotions les plus puissantes.
Ce qui faisait qu'on n'en restait ni à la compassion ni à la commisération, pour aller un peu plus loin, quelque part du côté de l'enfance désarmée et "ouverte" que nous avons tous vécue, et pas seulement du côté d'une perte et d'une dégradation inéluctable qui nous attendent et nous terrifient. C'était vraiment un texte empathique, au premier sens du terme : partager dans son propre corps le vécu corporel d'un autre être. Je sais qu'Ariane s'était beaucoup interrogée sur le légitimité de son projet : donner une voix à qui se tait.